Comme prévu je fus assise aux côtés de Jessica l'après midi, la classe fut scindée en deux pour une heure de cours mais les deux filles restèrent dans mon groupe, ainsi que mon ancien collègue exclu sociale qui essayait tant bien que mal de faire la conversation à la fille blonde qui n'en avait rien à fiche de ce qu'il pouvait lui dire. Il le comprit assez vite et après dix minutes de monologue, il garda le silence pour le restant de l'heure. Jess gardait toujours sous silence nos prévisions pour la soirée, il allait falloir que j'informe ma mère que je ne rentrerai pas à la maison tout de suite et je ne savais pas comment m'y prendre. Je pensais au début à lui envoyer un texto à la pause mais je me dis qu'elle serait capable de venir au lycée pour me faire rentrer de force. Après la pause, je me dis que je lui enverrai le message un peu avant la fin des cours, j'aurais quelques minutes de répit en cas d'appel de sa part et elle sera avertie. Je décidais aussi de transférer le message à mon père, sans trop savoir pourquoi. Le dernier cours de la journée arriva, dès le début, avant que notre charismatique prof de maths n'arrive, j'en profitais pour avertir mes parents, j'attendis d'avoir les accusés de réception avant de ranger mon téléphone dans la poche de mon sac, il vibrait déjà lorsque j'en refermais la fermeture éclair. En sortant, je vis que j'avais quatre appels en absence et deux messages. Les appels venaient évidemment de ma mère, tout comme le premier message qui disait simplement "réponds moi !", le second était de mon père pour me dire de prévenir plutôt ma mère. Je lui répondis en disant que c'était fait puis remis le portable à sa place et continuais d'avancer en compagnie des filles. Nous discutions de nos passions, Jessica aimait sortir et faire la fête, Sarah était plus branchée réseaux sociaux et moi... Moi j'étais très introvertie, mes passions se limitaient à la lecture, l'écriture et les travaux manuels. Cette dernière occupation semblait les intéresser, elles me demandèrent plus de détails, je leur fis même voir des photos de mes plus belles créations. Sarah me demanda si je pouvais lui faire un collier avec un ange en résine, le trouvant trop "chou" je lui dis qu'elle pouvait même en choisir la couleur, elle me répondit qu'elle le voulait bleu. Pour faire bonne mesure, je demandais à Jessica si quelque chose lui plaisait dans ce que je leur avais fait voir mais ce ne semblait pas être le cas, elle resta en retrait le temps que je réglais les détails du collier avec la jeune blonde, semblait même un peu bouder. Sarah nous quitta là où elle en avait l'habitude, elle venait à peine de disparaître de notre champ de vision qu'elle m'envoya un message me demandant pourquoi Jess était encore là. Je ne sus pas quoi lui répondre. Pour tout dire, je ne savais pas moi-même ce qu'elle faisait encore là, nous marchions en silence, et je n'avais aucune idée de où nous allions, j'avançais simplement sur la route que je prenais habituellement pour rentrer chez moi. Je dis donc à la blonde que je ne savais pas et en retour, elle me dit de faire attention. Quelques rues plus loin, Jessica m'indiqua de tourner sur la droite, me déviant ainsi de ma route, je la suivis néanmoins. Nous venions de quitter un grand axe pour se retrouver dans une rue étroite dont notre ville est pleine, calme, sans trop de passage, le silence qui régnait entre nous était encore plus pesant ici. Je cherchais quelque chose à dire pour le rompre, quelque d'autre qu'un traditionnel '' on va où ?'' qui, je pensais alors, n'aurait pas eu de réponse claire. La rue finissait en cul-de-sac, une énorme battisse la terminait, une luxueuse maison de pierre que je n'avais jamais vu auparavant, mais en même temps, je me baladais rarement au hasard dans les rues, même dans ma propre ville. En la voyant je me dis qu'il devait y avoir des dizaines de jolies maisons dont j'ignorais l'existence dans ce patelin. Quelqu'un appela la fille brune derrière nous, une voix que je reconnue immédiatement, bien qu'elle était un peu plus aiguë lorsque je l'avais entendue au téléphone, Manon nous rattrapait.
" T'es qui ? Me demanda-t-elle en guise de salutation. Alors t'es qui toi ?
- C'est Valentine."
La réponse de sa sœur semblait illuminer le visage de la jeune fille qui se mit à me sourire radieusement.
" Tu pouvais pas le dire ! Viens !"
