Nous rentrâmes tard ce soir là et j'étais passablement bourrée. Les cigarettes, l'alcool et l'air frais formaient un cocktail détonnant. Ma copine aussi zigzaguait sur le chemin du retour et rentra bruyamment chez elle. Nous eûmes de la chance e ne pas réveiller Christine. Pierrick était parti raccompagné la petite blonde qui ne le lâchait plus, tout en faisant un clin d'œil à sa sœur, il lui dit de ne pas l'attendre. En arrivant dans la chambre, je lui demandais ce que clin d'œil pouvait bien vouloir dire.
" Ça veut dire qu'ils vont s'envoyer en l'air, me dit-elle en se collant contre moi et me soufflant son haleine chargée au visage. Et toi t'en pense quoi bébé ?
- C'est à dire ?
- Si on s'envoyait en l'air ?"
Je déclinais poliment son offre et nous nous mîmes au lit. Je ne fus pas longue à dormir mais ma petite amie fut plus rapide à ronfler doucement. J'appuyais ma tête sur son épaule nue et tout en m'endormant je pensais à son frère et Suzy, me demandant ce qu'ils pouvaient bien faire, ce qu'elle pouvait bien ressentir.
Le jour était bien entamé quand Christine vint nous réveiller en fanfare, elle avait l'air en pleine forme tandis que j'ouvrais les yeux sur un mal de crâne terrible. À voir la tête que tirait Sarah, elle aussi devait avoir mal aux cheveux. Elle dit à sa mère de faire moins de bruit puis lui demanda un Doliprane.
" C'est pas un cachet qu'il te faut ma fille, c'est une bonne douche et un bon petit déjeuner. Et si ça pas mieux après ça, dis toi qu'il ne fallait pas boire.
- J'ai pas bu maman.
- Ah, donc il y a eut un passage d'éléphants avec vos voix cette nuit alors."
Cette réflexion aurait dû nous faire exploser de rire mais personnellement j'avais trop mal à la tête, j'aurais pu rétorquer aussi qu'un éléphant j'en voyais bien un mais j'allais encore m'attirer les foudres de ma copine et je n'avais vraiment pas besoin d'une dispute ce matin. Elle nous laissa ensuite, Sarah se redressa sur ses coudes et me dis bonjour, en chuchotant de sa voix roque. Le bisou ne fut pas l'un de nos plus frais ce jour là. Après une rapide douche nous rejoignîmes Pierrick dans la cuisine, sa sœur lui demanda s'il était rentré tard.
« Oui, très tard, répondit-il, puis en faisant un clin d'œil à sa sœur il ajouta : Une vraie pot de colle cette Suzy... Un joli pot de colle. »
Ils rirent que je me servais un café tout en priant qu'il chasse la barre qui me tambourinait le front. Prière inutile, je le savais bien dès le début et au lieu de se calmer, la douleur s'amplifiait, surtout à cause du rire aiguë de ma petite amie. Morose, je bus mon café en silence et partis me laver, j'évoluais maintenant chez Sarah comme chez moi, je me préparais des affaires propres et allais dans la salle de bain. Ma copine ne tarda pas à m'y rejoindre et vint se glisser avec moi sous la douche. Nous étions toujours aussi serrées mais pas question de sexe ce matin, je n'en avais ni l'envie, ni la forme. Ma petite amie n'avais pas l'air d'en avoir envie non plus puisqu'elle ne tenta rien d'autre qu'un baiser sur mon épaule humide.
« Tu sais qu'on sort ce soir chérie ?
- Oui, dis-je en me rappelant de l'anniversaire de notre camarade. Mon daron doit aussi passer ce matin.
- Je voudrais pas être méchante mais j'espère que tu vas rester encore un peu. J'aime bien être avec toi.
- Oui moi aussi, avouais-je. »
Sarah me sourit puis sortit, je la suivis. Nous nous séchâmes et nous habillâmes en vitesse avant de laisser la pièce à Pierrick. Je ne savais pas quoi faire en attendant, j'aurais bien voulu réviser mais je savais d'avance que Sarah ne me laisserai pas faire. Inutile de penser au shopping aussi, la nouvelle copine de Pierrick se chargeait de ramener les bouteilles que nous voulions offrir, cette chaude journée allait être longue, très longue. Dans sa chambre, ma copine me parlait de la fête de ce soir, précisant elle aussi que ''mon beau frère'' avait assuré avec sa caissière, je me demandais au passage pourquoi elle n'appelait pas cette pauvre fille sa belle sœur comme elle le faisait avec son frère et moi. Mon portable se fit entendre, lui qui était posé, oublié dans un coin de la chambre, nous mîmes cinq bonnes minutes à le trouver, il était tombé entre l'oreiller de Sarah et le matelas, je me demande encore aujourd'hui ce qu'il pouvait bien foutre là. Évidemment, l'appel fut manqué et je n'entendis pas de notification me disant que j'avais un message sur mon répondeur, je me demandais alors qui avait bien pu m'appeler, et je vis, en retrouvant l'appareil qu'il s'agissait de mon père. Il y avait aussi un autre message mais je ne regardais même pas qui en était l'expéditeur et rappelais immédiatement mon père afin de savoir ce qu'il voulait. Il décrocha à la première sonnerie et après l'avoir rassuré, je lui demandais le motif de son appel. Il allait venir en début d'après-midi, il voulait savoir comment j'allais et s'il j'avais besoin de quelque chose. Mise à part mon argent de poche et quelques vêtements de rechange pour ne pas toujours mettre les mêmes, rien d'autre ne me vint à l'esprit. Sarah tendait l'oreille pour écouter, elle essayait de comprendre ce que mon interlocuteur disait de sa faible voix, elle me fit de la peine alors je mis le haut parleur juste au moment ou mon père me disait au revoir. Elle fut un peu déçue de ma réaction tardive alors je lui raconta ce qu'il m'avait dit, autrement, rien d'important et entrepris de voir qui m'avait envoyer un message. JE fus surprise de voir qu'il provenait de ma mère. Le contenu lui ne me surprit pas. Elle me disait une nouvelle fois, entre deux noms d'oiseau, qu'il était hors de question que j'imagine remettre un pied chez elle un jour. Je montrais le message à ma copine qui eut du mal à refréner son envie de sourire et me dit de la laisser tomber pour le moment.