Sarah et moi restâmes un moment tels que nous étions sans rien dire. Elle reniflait toujours, assise sur son lit et moi je me trouvais à genoux entre ses jambes. Il ne manquait qu'une luxueuse bague et j'aurais tout de la fille qui demande sa copine en fiançailles, cette idée me fit sourire.
« Quoi ? Me demanda ma petite amie, souriant à son tour.
- On a tout d'un couple qui s'officialise... Moi à genoux et toi qui pleures...
- T'aimerais ?
- Non. J'aime pas te voir pleurer.
- Et si je te promets de pas pleurer ?
- J'ai pas les moyens de t'acheter une jolie bague. Et ça fait pas trop hétéro ?
- On s'en fou que ça fasse hétéro ou pas. Et j'ai pas besoin de jolie bague, juste ma jolie femme fera l'affaire.
- Jolie femme hein ? Bon je suis recalée.
- Arrêtes tes conneries, t'es rayonnante et tu le sais.
- Je dirais plutôt débordante, de partout même...
- Pfff ! T'es nulle parfois. Viens. »
Elle me prit par la main et me tira contre elle tout en s'allongeant sur le lit, je fis un effort pour ne pas mettre tout mon poids sur elle, préférant de loin être en dessous, mais elle m'enlaçait si fort qu'il m'était impossible de bouger. Ma petit amie avait les yeux rivés sur moi, son regard pétillait sas même que je ne sache pourquoi, j'aurais voulu lui poser la question mais elle me répondit sans même que je n'ouvre la bouche.
« Ça m'a fait du bien ce que tu m'as dit. Je crois même qu'au fond, j'avais besoin d'entendre un truc du genre pour me rassurer. Je pensais ce que je t'ai dit mais te perdre m'aurait probablement anéantie.
- Sois certaine que ça n'arrivera pas. Pas par soucis de normalité ou pour plaire à la famille.
- Je le sais maintenant bébé.
- Et t'as pas intérêt à l'oublier. Bon on va les voir ou pas ces deux connards ?
- Non. J'ai plus envie. Qu'ils se débrouillent en famille. »
Cette décision me ravit intérieurement, extérieurement j'espérais afficher une expression neutre. Je me demandais alors ce qu'on allait bien pouvoir faire cet après-midi quand je sentis les mains de ma chérie se faufiler sous mon T-shirt, je pensais avoir un début de réponse et c'est alors que mon téléphone se mit à sonner, je recevais un appel. Je me levais à contre cœur et après avoir refusé la solution de Sarah qui me disait de laisser sonner. Je pris l'appel qui venait de chez moi, m'attendant à entendre la voix de mon père de l'autre côté, je fus surprise d'entendre ma mère. Je dus faire une drôle de tête car Sarah vint immédiatement coller son oreille contre le téléphone. En entendant la femme répéter ses premiers mots, ma petite amie eut aussi l'air surprise. Elle me demanda silencieusement ce qu'elle voulait, comme je venais de prendre la communication, je haussai les épaule en guise de réponse. Je répondis aussi à ma mère que je l'entendais bien puis ce fut elle qui me parla, un bon moment, je l'écoutais en silence, sans la contredire alors que je voyais ma petite amie écarquiller les yeux au fur et à mesure que ma mère s'expliquait. Bien qu'elle ne le dit pas ouvertement, je la connaissais assez bien pour savoir que jamais elle n'aurait dit les mots magiques '' je suis désolée'' ma mère s'excusait du comportement qu'elle avait eu envers moi. Elle précisa cependant qu'elle n'acceptait pas ma relation mais elle venait de faire un pas énorme vers une future réconciliation. Elle fit aussi le point sur la semaine à venir, m'autorisant au passage à rester chez chez ma copine pour la semaine, au lieu de devoir rentrer ce soir, elle me précisa que si le prochain relevé de notes n'était pas bon, je devrais rentrer chez elle et mettre fin à mon histoire avec Sarah. Je ne fus évidemment pas d'accord avec elle mais en voyant le sourire se dessiner sur le visage de cette dernière, je ne pus qu'acquiescer. Elle termina son appel en me disant que mon père allait venir dans la soirée discuter avec Christine puis raccrocha. Je reposais le téléphone sur le bureau et ma copine sauta de joie dans mes bras, m'embrassa bruyamment et partit en courant prévenir sa mère de la venue de mon père. J'étais seule dans la chambre quand Pierrick vint voir ce qu'il se passait, pourquoi sa sœur était partie en courant et sautillant dans tous les sens. À son tour, il fut heureux pour nous lorsque je lui résumais l'appel de ma mère, il me dit que finalement tout allait finir par s'arranger et me dit une nouvelle fois qu'il était heureux pour nous puis repartit dans sa chambre. De la salle j'entendais ma copine parler avec sa mère, même si je ne distinguais pas ce qu'elles se disaient je reconnaissais le ton plein de joie de ma chérie et celui de sa mère, plus calme, qui lui répondait. Sarah fut de retour dans sa chambre un quart d'heure plus tard, je l'attendais patiemment assise sur lit, dans le calme, après avoir résisté à l'envie d'ouvrir un livre de cours.*
Elle était encore toute joyeuse et me sauta dessus dès qu'elle eut ouvert la porte, la refermant en la claquant. Elle m'embrassa fougueusement et longuement, un vrai baiser d'amour reflétant tout le bonheur de nos récents événements, baiser que je lui rendis avec entrain. Je savais qu'il fallait encore que mon père passe pour se mettre d'accord avec la mère de ma petite amie mais cela ne nous inquiétait pas plus que ça, sachant qu'ils étaient l'un comme l'autre assez positif quant à notre relation. J'étais encore dans les bras de ma petite amie lorsque j'entendis la voiture familiale se garer devant la maison, nous aurions pu sortir de la chambre mais nous y étions trop occupées à faire des projets d'avenir, de s'imaginer ce que nous ferions après le diplôme. Ce fut Christine qui vint nous demander de sortir, dans la salle, je vis mon père assit devant une tasse de café. Il nous fit un bref topo de ce que venaient de se dire les deux adultes, pour faire court, si l'une d'entre nous avait de mauvaises notes, peu importait la matière, cela sonnerait la fin de notre cohabitation. C'était ce que m'avait laissé entendre ma mère au téléphone et ce fut aussi notre premier sujet de conversation sérieux avec Sarah, il fallait à tout prix qu'elle fasse des efforts en cours. Pour une fois, tout ce passait comme nous l'espérions et j'avais malgré tout un peu peur de m'y habituer.
Cependant, j'étais fière de ces nouveaux défis à relever et par dessus tout, je n'étais plus seule, j'avais quelqu'un à mes côtés, une fille que j'aime et qui m'aime en retour, en regagnant la chambre pour ranger mon argent de poche de la semaine, je souris en me disant qu'une nouvelle vie m'attendait.
FIN...