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Évidemment les larmes cessèrent, lentement, laissant la place à de légers sanglots puis je dus m'assoupir un moment. Je fus réveillée par Sarah qui me caressait les cheveux.

" Tu viens, on passe à table ma princesse.

- J'ai pas faim.

- Tu vas pas rester sans manger. Aller, viens.

- Non. Et je peux bien sauter un repas, j'ai des réserves.

- N'importe quoi. Si tu sors pas de ce lit, c'est moi qui te mange.

- T'aurais un sacré appétit."

Elle me sourit et monta sur le lit en rampant, à la façon d'une quelconque bestiole maléfique.

" Tu verras que je peux être insatiable...

- Oh, attends... Ouh-là j'ai peur, au secours...

- T'es pas drôle. Sinon je suis venue te réveiller pour pas que t'es la tête dans le cul quand on passera vraiment à table. Ma mère prépare le repas la.

- Merci, c'est gentil.

- Mais nan, c'est normal. Pis j'ai un truc à te dire.

- J'écoute.

- Tu sais je veux pas que tu crois que ça me fasse plaisir ce qui t'es arrivé. Ta mère est vache d'avoir réagit comme ça.

- Ma mère est une connasse austère !

- Oui, si tu veux c'est une connasse stère machin. Mais je veux pas que tu crois que ça me réjouisse. Je garde l'air joyeuse pour pas que tu déprimes mais elle aurait jamais dû réagir comme elle l'a fait.

- Comment elle a régit la tienne ?"

Sarah soupira d'être coupée une seconde fois puis parut réfléchir à ma question.

" Je te mentirai si je te disais qu'elle l'a bien prit, elle a fait la gueule un bout de temps mais avec le recul je pense que ça venait plus du fait que je sortais avec Jess que du fait que je sois lesbienne. Elle l'a jamais trop apprécié Jess.

- Et moi ?

- À ton avis ? Si t'es là... "

Je me rendis compte que j'avais posé une question stupide et ne dis rien.

" Bref, reprit-elle, je disais... Qu'est-ce que je disais déjà ?"

Je ne savais pas ce qui me choquait le plus, le fait qu'elle ne connaisse pas le mot austère ou celui qu'elle ait oublié son propre sujet de conversation. J'allais lui rafraîchir la mémoire quand elle reprit.

" Ha oui, je te disais, va pas croire que ça me réjouis, mais voilà, depuis une semaine on s'est pas mal rapprochées et j'ai pas envie que ça s'arrête. Cette histoire est arrivée, c'est tout on peut rien changer, il faut juste attendre que ça se tasse, et y'a pas dix façon d'attendre, soit on déprime toutes les deux, on sort plus et on mange des tonnes de glace devant " La Belle Saison" qu'on regarde en boucle, ou alors on continue sur notre lancée. Franchement, moi, les glaces au bout d'un moment ça m'écœure.

- C'est pas faux. Mais tu sais tout ça c'est encore tout frais pour moi...

- Je comprends. Faut pas te laisser abattre princesse, tu sais que je suis là pour toi si ça va pas.

- Merci Sarah.

- Pis arrêtes de m'appeler par mon prénom... Je t'appelles pas Valentine quinze fois par jour moi. C'est chiant à force.

- Comment veux tu que je t'appelles ? L'ogresse de ses dames ?"

Tout en riant, elle fondit sur moi et mordilla la peau de mon cou en faisant des "miam- miam" surjoués, les chatouilles que me donnaient les frottements de ses lèvres contre ma peau me fit moi aussi éclater de rire, je dus la supplier d'arrêter par peur de me faire pipi dessus. Alertée par notre raffut, Christine vint voir ce qui se passait.

Amie / Amour ? (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant