Je rallumais mon téléphone après avoir retrouvé la grande route qui menait jusqu'à ma rue, l'écran n'eut pas le temps de se mettre en veille qu'il m'affichait déjà les notifications des appels manqués de ma mère, deux de mon père aussi et, ce qui était le plus étonnant, un appel ainsi que trois messages de Jessica. Le dernier texto m'avertit que j'avais cinq messages sur mon répondeur, il avait dû chauffer, lui qui, habituellement, ne me servait à rien. Sachant de qui ils provenaient et devinant un peu ce qu'ils disaient je ne pris pas la peine de les écouter et lus les textos de ma camarade. Elle me disait qu'elle était rentrée, qu'elle avait passé un bon moment, enfin, qu'elle allait se mettre à table et me demandait ce que moi je faisais. Je lui répondis que j'avais coupé mon portable car ma mère me harcelait d'appels et que je rentrais. Je n'attendais pas à recevoir une réponse rapidement si elle était en train de manger, du coup, j'en profitais pour dire à Sarah que moi, c'était avec elle que j'avais passé un bon moment. Bien plus qu'avec Jessica mais ça, je le gardais pour moi. Je traînais les pieds pour rentrer, sachant très bien ce qui m'attendait à la maison, je me fis aussi longue que je pus, la jeune brune eut même le temps de me répondre alors que j'arrivais seulement au bord de ma rue. Le point positif était que ma mère n'appelait plus, enfin quand je dis positif, c'était passager car je savais très bien qu'elle se retenait d'appeler.
" Et plus elle va se retenir, pire ça sera en rentrant ma fille. "
La rue déserte ne me répondit pas mais j'étais certaine que le bitume était d'accord avec moi. J'attendis un peu avant de franchir la limite qui démarquait le trottoir du terrain de la maison, pris une grande inspiration et la franchis. Arrivée devant la porte, je trouvais que ce geste était le plus inutile du monde. Je n'eus pas le temps d'appuyer sur la poignée que la porte d'entrée s'ouvrit.
"Tu étais où ? Pourquoi tu as éteint ton téléphone ? File dans ta chambre tout de suite ! "
Ma mère s'écarta pour me laisser passer, je pris la direction de ma chambre sans broncher, si je m'en tirais comme ça sans avoir à me justifier, j'étais d'accord pour le jeûne d'une soirée. Seulement c'était mal connaître ma mère qui ne lâcha rien, elle débarqua dans ma chambre alors que je venais à peine de poser mon sac et me répéta les questions qu'elle m'avait posées plus tôt, elle attendis que je réponde cette fois.
" Je te l'ai dis, j'étais en train de réviser avec mon amie Sarah d'hier. Si j'ai éteint mon portable c'est parce que j'aime pas réviser dans le bruit.
- Quel bruit ?
- Celui d'une mère qui harcèle sa fille alors qu'elle bosse simplement.
- Prouves moi que tu as révisé..
- Et comment ? Tu veux que je te récite la leçon par cœur, comme quand j'étais en primaire ?
- Et pourquoi pas ?!"
Je nageais en plein délire. Évidemment j'aurais pu prendre une leçon au pif dans le livre et la lui réciter à peu près correctement mais où en était l'intérêt ?
" Murielle, ça suffit ! "
Interloquée ma mère se retourna vers la voix qui venait de l'arrêter, mon père se tenait derrière elle. Moi-même j'étais plutôt surprise qu'il se mêle à la conversation, lui qui ne disait jamais rien. La femme choquée qui se tenait sur le pas de la porte de ma chambre me regarda brièvement, toute colère avait quitté ses yeux au profit de l'étonnement, je devais bien avouer que je l'étais moi-même, puis reporta son attention sur celui qui l'avait interrompu lorsqu'il la prise par le bras pour l'emmener ailleurs. Une fois ce petit incident passé, du moins de mon côté, je repris ma vie là où je l'avais laissée et me remis à penser à mes deux camarades de classes devenue récemment ce que l'on appelle des amies.