Chapitre 3

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Je rentre en courant chez moi, grisée par la nouvelle. Clara peine à me suivre tellement je vais vite.

Je franchis le portail de la propriété à toute vitesse tout en soutenant ma robe afin de ne pas me prendre les pieds dedans.

Je contourne le poulailler, et fait le tour du manoir afin d'entrer par la porte principale. J'entre sans essuyer mes chaussures, salissant le magnifique plancher de marbre. J'arrive au premier étage et frappe à la porte de la chambre de ma mère.

- Entrez!

J'ouvre la porte à la volée et entre sans plus de cérémonie. Ma mère, assise sur une chaise en train de coudre près de la fenêtre, sursaute à mon arrivée brutale.

- Helena, soupire-t-elle.

Elle se tourne vers moi et écarquille les yeux.

- Seigneur! s'exclame-t-elle.

Je baisse les yeux et examine ma robe pleine de boue.

- Qu'as-tu donc fait, Helena? me demande-t-elle. Regarde-toi! Tu es maculée de boue de la tête aux pieds!

Passant par dessus ses remarques, je m'approche d'elle, prends une grand inspiration et déclare:

- Mère, avez-vous entendu parler de cette histoire de dame de compagnie?

- Ah! Oui! fait-elle en fronçant les sourcils. Un conseiller royal est venu hier, pendant que tu étais je ne sais où avec ta soeur.

- Et? je m'enquiers avide d'informations.

- Et, tu es libre de t'y présenter.

Elle jette un regard dédaigneux à ma tenue.

- A condition que tu te laves, que tu te tiennes comme une jeune fille bien élevée, et que tu ne nous fasses pas honte.

Elle s'approche de moi et me saisit les épaules.

- Et si par miracle tu es prise, sache qu'être dame de compagnie est un grand honneur. Alors fais attention, je ne veux pas que nous devenions la risée de la cour.

Elle me lâche et retourne à sa broderie.

- Mère, je l'interpelle, pourquoi parlez-vous de miracle?

Elle me lance un regard triste.

- Nous ne sommes que des barons. La princesse choisira une duchesse ou une marquise. Les autres nobles n'ont aucune chance, encore moins les filles de chevaliers.

- Mais pourquoi donc?

- Ta naïveté m'étonne tu sais.

Ma mère a l'air si déçu que je baisse la tête.

- La seule chose importante c'est que sa jeune suivante ait des terres et des richesses. La princesse doit s'entourer des meilleurs de notre condition. Pourquoi penses-tu que cet entretien a été refusé aux artisanes et aux paysannes?

Elle balaye l'air de sa main.

- Enfin, bon, vas-y et voyons ce qui adviendra. Qui ne tente rien n'a rien! Maintenant, fais-moi plaisir, prends un bain et change-toi! Tu pues le cochon.

Je m'incline et sors de ses appartements pour rejoindre les miens. Clara m'y attend sagement, debout contre le mur et les mains croisés.

Elle va chercher de l'eau, la fait bouillir et verse le liquide dans la baignoire. Elle ajoute une flagrance florale, j'enlève ma robe sale et me plonge dans mon bain. Je me frotte le corps avec une brosse, tandis que Clara s'occupe de mes cheveux. Une fois propre, je sors de l'eau et m'enroule dans une douce serviette.

Les dames de compagnie [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant