Je me réveille quand je sens la lumière du jour pénétrer à travers la fenêtre. Les rayons viennent réchauffer mon visage, et forcent à travers mes paupières. Je plisse les yeux et me retourne, n'ayant aucune envie de me réveiller.
- Mademoiselle Helena, murmure la voix de Clara, une femme de chambre, il faut vous réveiller.
Je pousse un grognement qui ne doit certainement pas être adapté à une dame de mon rang, avant de la regarder.
Je m'entends très bien avec Clara, elle est très gentille et amusante. Bien sûr c'est un secret, si ma mère savait que je suis amie avec une domestique, je ne donne pas cher de ma peau.
Mon amie porte l'uniforme de la maisonnée, robe noire, tablier blanc, ses cheveux bruns remontés en un chignon malheureusement caché par l'horrible bonnet que les servantes sont forcées de mettre.
Je plante mon regard vert dans ses yeux noisettes en fronçant les sourcils.
- Clara, tu pourrais pas rabaisser les rideaux?
Sans attendre sa réponse, je me recouche et ferme les yeux. Mais la lumière est toujours là. C'est étrange, d'habitude Clara obéit à tous mes souhaits.
Je me redresse, et la vois, toujours plantée près de la fenêtre, tête basse, mains croisées sur le ventre.
- Clara? je demande.
- Mademoiselle Helena, murmure-t-elle d'une voix tremblotante, votre soeur est là et tient à vous parler.
Je me tourne vivement vers la porte de ma chambre pour voir ma soeur appuyée contre son montant, un sourire narquois aux lèvres. Comme d'habitude, son allure est parfaite. Ses cheveux de blé sont rassemblés en une longue tresse qui lui tombe sur le buste, et sa robe est tellement ajustée que je me demande comment elle fait pour respirer.
- Alors, me lance-t-elle moqueuse, à ce que je vois tu n'as pas changé, toujours aussi flemmarde.
- Elisabeth..., je soupire dépitée.
Ma soeur se tourne vers Clara.
- Laisse-nous.
Mon amie s'incline devant elle avant de quitter la pièce en silence.
- Pas la peine d'être aussi froide avec les domestiques, je lui reproche.
Elisabeth me regarde, les yeux remplis de dédain.
- Quoi? Ah oui! C'est vrai, toi aussi tu traînes avec eux, tu les aimes bien non? Il faut dire que les porcs sont faits pour se retrouver.
Je sens mon sang bouillir dans mes veines.
- Mais enfin! Ils s'occupent de nous du matin au soir, comment peux-tu dire des choses pareilles! je m'exclame.
Ma soeur se rapproche lentement de moi et s'assoit sur le rebord du lit. Elle me sourit gentiment.
- Helena, fait-elle d'une voix douce, je ne suis pas venue ici pour me disputer avec toi au sujet du personnel de maison. Je suis venue voir ma soeur, et passer du bon temps avec toi.
Je fronce les sourcils, sceptique.
- Passer du bon temps avec moi, hein? Et ton merveilleux mari dans tout ça?
Elle passe outre mon ton âcre.
- Robert...
Non mais tu parles d'un prénom!
- ...travaille. Il a beaucoup de travail ces temps-ci, tu sais être un duc et premier ministre du pays, c'est une grande responsabilité. Donc je suis venue te voir. Helena, cela fait un an que je suis mariée et depuis mes noces on ne s'est plus vue. J'aimerais en profiter avant de repartir à l'autre bout du pays.
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Les dames de compagnie [ Terminée ]
Genel KurguHelena Du Lac a dix-sept. Sa vie est déjà toute tracée: un mariage arrangeant, donner un héritier, et être une bonne épouse. Mais un jour, le Palais royal de Freg envoi une annonce: La princesse Katherina, recherche des dames de compagnies. C'est l'...