Chapitre 17

82 11 0
                                    

Stressée, j'essuie mes mains moites sur le tissu soyeux de ma robe pourpre. Je fais les cent pas dans mon ancienne chambre et tente de reprendre une respiration régulière. J'entends en bas les invités qui arrivent. Des gens de la noblesse venus assister à la réception organisée par ma famille et à ma petite représentation pianistique.

La porte de la chambre s'ouvre brusquement et je sursaute malgré moi. Je pause la main sur mon cœur qui bat à un rythme effréné avant d'apercevoir qui se tient sur le seuil.

Mon visage s'éclaire.

- Elisabeth! je m'exclame ravie.

Ma sœur affiche un grand sourire et vient me prendre dans ses bras.

- Contente de te voir Helena.

Je m'écarte légèrement d'elle et observe son ventre proéminent.

- C'est qu'il prend de plus en plus de place ce petit! je ris.

Elle me rend un sourire crispé.

- J'arrive bientôt à terme, souffle-t-elle, quand Robert saura...

- Il ne le saura pas, je la coupe. Et même si c'est le cas, il ne pourra rien te faire. Ni à toi, ni à Jules.

- Mon ventre est bien trop gros pour qu'il naisse prématurément. Il se doute déjà de quelque chose, déclare-t-elle tristement.

Je lui serre doucement la main.

- Fais-moi confiance, j'insiste.

Elle me fixe un instant dubitative avant de hausser les épaules.

- Il faut que tu viennes dire bonjour aux invités.

Côte à côte, nous descendons dans le grand salon.

Les nobles discutent joyeusement, une coupe de champagne dans les mains, tandis que les domestiques circulent avec des plateaux remplis de victuailles. Mon père serre la main à des conseillers que j'ai aperçu aux palais. Ma mère, en excellente hôte de maison, navigue d'invité en invité pour s'assurer que tout va bien. Katherina est assise sur un sofa, le visage indifférent. Kile quant à lui se tient à l'entrée du salon et scrute nerveusement la foule.

Elisabeth s'éloigne de moi à contre-cœur lorsque son mari lui fait signe de le rejoindre. Je lui adresse un sourire rassurant et je m'apprêt à rentrer dans le salon à mon tour quand une main se pose sur mon épaule. Je me retourne vivement, pour découvrir le comte de Chant de Clé m'adresser un sourire diabolique. Un verre de vin dans l'autre main, il me toise froidement.

- Ravie de vous revoir Helena, susurre-t-il méchamment.

- Plaisir non partagé, je réplique en essayant de contrôler les tremblements de ma voix.

Son visage se durcit, et ses yeux me lancent des éclairs. Si les regards pouvaient tuer je serais déjà six pieds sous terre.

- Quelle impolitesse, souffle-t-il vexé, il faudra y remédier.

- Je ne sais pas si vous en aurez l'occasion, dis-je en tâchant de garder un air indifférent.

Il se penche vers moi et son haleine fétide effleure ma joue.

- Pourquoi faut-il toujours que les plus belles femmes soient les plus rebelles? s'enquiert-il.

- Parce qu'une femme forte mérite mieux qu'un phacochère dans votre genre, je réponds d'une voix tranchante.

Sa mâchoire se crispe.

- Vous ne pourrez pas me fuir plus longtemps, crache-t-il, et quand vous serez ma femme, vous verrez de quoi le phacochère est capable.

Les dames de compagnie [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant