- Vos Majestés, Mesdames et Messieurs ici présents, veuillez accueillir la cour d'Espagne!
La voix du valet me sort de ma transe post rencontre avec Clara et je me redresse tout en lissant les plis de ma jupe. Malgré tout, mon regard reste perdu dans le vague, l'esprit encore embrumé après ma discussion avec mon amie.
Quelques heures plus tôt
La calèche s'est arrêtée devant une petite maison en plein cœur de la ville. Les murs de pierre sont vieux mais plutôt propres. Malgré tout, les carreaux des fenêtres sont tachetés de crasse. Clara n'a pas trouvé un si mauvais endroit, même si ça ne vaut largement pas le manoir de mes parents.
- Je vous attends ici Helena, m'a dit la princesse.
- Vous ne venez pas? ai-je fait étonnée.
- Non, c'est une discussion qui, je pense, doit se faire en privé, a-t-elle déclaré d'une voix douce.
Je l'ai remerciée d'un hochement de tête, puis je suis descendue du véhicule avec prudence en tenant ma robe d'une main.
Les villageois m'ont légèrement dévisagée, sans doute se demandait-il ce qu'une fille de la cour faisait ici.
Je me suis avancée vers l'entrée du bâtiment à pas lents tout en enfilant des gants soyeux. Lorsque je suis arrivée devant la porte, mon pied s'est enfoncé dans une flaque de boue datant sûrement de la dernière pluie. J'ai poussé un soupir exaspéré devant autant de poisse, avant de saisir la poignée et d'ouvrir la porte.
A l'intérieur, de grands linges étaient en train de sécher, tandis qu'une dizaine de femmes tournoyaient autour de grands tonneaux remplis d'eau. Elles se passaient des vêtements, des draps, avant de les plonger dans l'eau et de les frotter vigoureusement. L'une d'entre elles m'a aperçue et a écarquillé les yeux. Elle a fait un signe à ses collègues qui se sont retournées et m'ont dévisagée. Puis, la femme qui devait avoir une cinquantaine d'années, s'est approchée et m'a fait une révérence avant de me demander d'une voix tremblotante:
- En quoi pouvons-nous être utiles à Madame?
Je l'ai observée un instant. Ses cheveux grisonnants et ternes qui devaient être châtains et lumineux autrefois, les grandes cernes sous ses yeux qui reflétaient son immense fatigue, son visage qui commençait à se couvrir de rides prononcées, ses mains usées par le travail effectué depuis de longues années. En retirant mes gants j'ai contemplé les miennes, fines, douces et élégantes, sans aucun autre travail à effectuer sinon qu'écrire et jouer du piano.
Je lui ai souri gentiment, avant de lui répondre:
- J'aimerais parler à Clara.
Son front s'est plissé, sa mâchoire s'est crispée, et elle m'a rétorquée sur un ton plus dur:
- Qui êtes-vous pour la demander?
- Son amie.
Elle m'a regardée, suspicieuse avant de crier à travers la maison:
- Clara! Il y a quelqu'un pour toi!
Aussitôt j'ai vu mon amie descendre les escaliers qui menaient à l'étage. Lorsqu'elle m'a vue son visage s'est éclairé.
- Helena, vous êtes là!
Je me suis mise à sourire aussi tandis qu'elle dévalait les escaliers avant de me faire une légère courbette.
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Les dames de compagnie [ Terminée ]
Fiction généraleHelena Du Lac a dix-sept. Sa vie est déjà toute tracée: un mariage arrangeant, donner un héritier, et être une bonne épouse. Mais un jour, le Palais royal de Freg envoi une annonce: La princesse Katherina, recherche des dames de compagnies. C'est l'...