Chapitre 19

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1 an auparavant 

- Merci pour tout ce que vous faites.

- C'est normal. Ne vous en faites pas, je m'en occuperai jusqu'à ce que vous puissiez la récupérer.

Emilie sonde un moment la femme devant elle. Une trentaine d'année, un sourire rassurant, quelques rides au coin des yeux, et des iris brunes pétillantes de joie.

- Vous savez, continue la femme, cela fait des années que mon mari et moi essayons d'avoir un enfant. Mais nous n'y arrivons pas.

- J'en suis navré.

- Moi aussi. Cette petite est un cadeau du ciel. Les nonnes ne viendront pas la chercher ici.

- Parfait. Je reviendrai chaque semaine, le même jour à la même heure pour la voir. Normalement le monastère ne me dénoncera pas alors tout devrait bien aller. Je vais essayer de trouver du travail par ici. Une fois que j'aurai assez d'argent je viendrai reprendre Mélodie. Cette situation ne devrait pas durer longtemps, quelques mois seulement.

- Ne vous en faites pas Emilie. Je m'en occuperai bien, et je ne vous dénoncerai pas. Vous n'êtes pas la seule à avoir des problèmes avec la royauté, et jamais je ne mettrai la sécuritée de cette petite en danger.

- Merci Louise. Vous me rendez un grand service.

- Avec plaisir.

Emilie contemple un instant sa fille endormie dans son nouveau berceau. Elle s'en approche doucement et pose délicatement ses lèvres sur son front, veillant à ne pas la réveiller.

- Maman reviendra Mélodie je te le promets. Pendant ce temps, Louise prendra bien soin de toi. Et quand maman aura fait ce qu'elle doit faire, toi et moi on partira très loin d'ici.


                                                                                       ***

- Prince Kile! s'exclame une voix stridente.

Le prince ferme les yeux, agacé, avant de se retourner, un sourire plaqué sur le visage.

- Comtesse de Chant de Clé, quel malheur vous amène?

- Toujours aussi aimable à ce que je vois, marmonne Mathilde.

Puis elle reprend.

- Avez-vous réfléchi à ma proposition?

- Oui.

- Et votre réponse? demande la comtesse l'air excité.

- Non.

Aussitôt son sourire s'évanouit.

- J'ai dû mal entendre...

- Alors c'est qu'en plus d'être débile vous êtes sourde.

- Comment...

- Ecoutez, je n'ai pas le temps de me disputer avec vous, même si cela aurait été un réel plaisir.

Mathilde fulmine.

- Je révélerai à tout le monde la vérité!

Le prince se retourne.

- Mais très chère, tout le monde le sait déjà.

- Vous et moi, nous savons très bien que je ne parle pas du meurtre de Camille.

Le prince serre les dents.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, susurre-t-il.

- Vous avez une semaine pour accepter ma proposition. Passé ce délais, je dirai à tout le monde où se trouve Emilie. Vous ne voudriez pas que le roi la tue n'est-ce pas?

- Comment avez-vous su...? demande Kile légèrement anxieux.

- Les nonnes sont très bavardes une fois qu'elles sont payées, dit Mathilde fière d'elle.

- Vous les avez soudoyées..., murmure le prince.

Puis il éclate de rire. 

- Qu'est-ce qui est si drôle? Je vous annonce que je sais que votre amante se trouve dans un monastère et que je n'ai qu'à la dénoncer pour que le roi la tue et vous...

Le fou rire du prince continue et il se plie en deux les larmes aux yeux.

- Il me semble que je me suis inquiété pour rien, se murmure-t-il à lui-même. Bonne journée comtesse.

Il secoue la tête de droit à gauche tout en continuant à rire. Cette pauvre fille croit détenir une information qu'elle n'a pas. Il glousse. Elle n'est décidément pas aussi perspicace qu'Helena.

                                                                                    ***

- Qu'est-ce que c'est que ça? demande Eloïse en pointant du doigt les papiers apportés par Helena.

- Mon emploie du temps et un début de plan.

La princesse d'Espagne se cale au fonde de son fauteuil, un sourire sarcastique sur le visage.

- Et bien j'ai hâte de voir ce que vous nous avez préparé.

Helena la foudroie du regard.

- Ecoutez Votre Altesse, crache-t-elle d'une manière inhabituelle, je ne suis vraiment pas d'humeur. Alors soit vous écoutez ce que j'ai à dire, soit vous pouvez tirer un trait sur mon aide. Est-ce clair?

Etonnée par les manières rudes de la dame d'honneur, Eloïse hoche la tête à contrecœur.

- Bien. Je me réveille à sept heure. Je m'habille et je rejoins la chambre de Katherina. A sept heure et demi, j'assiste les servantes pour la préparation de la princesse. A huit heure, nous descendons déjeuner. De neuf heure à onze heure et demi, je travaille avec Katherina sur tous ses projets. A midi nous allons dîner. De treize heure à quinze heure, je suis des cours d'étiquette, de danse, et de musique sous la direction de la princesse. De quinze heure à dix-sept heure, j'accompagne la princesse dans ses hobbies, à moins qu'elle ne désire être seule. De dix-sept heure à dix-sept heure trente, c'est l'heure du thé. A dix-huit heure, la princesse me donne quartier libre jusqu'à dix-neuf heure trente, heure du souper. A vingt heure trente, je prépare Katherina pour la nuit. A vingt et une heure je vais me coucher. En d'autre terme, nous pouvons nous rencontrer à dix-huit heure et vingt et une heure. L'après-midi Katherina préfère être seule et je la rejoins à dix-sept heure. Nous pouvons donc aussi nous voir à quinze heure.

Eloïse la fixe sans rien dire. Un petit rictus apparaît sur ses lèvres qu'elle s'empresse de cacher.

- C'est...précis, dit-elle finalement.

- Quel horaire vous convient? demande brusquement la blonde.

- Je préfère que nous nous rencontrions en pleine nuit, comme maintenant. Rejoignez-moi à vingt-deux heure dans ma chambre. Nous ferons un point tous les jours sur l'avancée de l'enquête.

- Parfait, approuve la dame d'honneur en se levant du canapé. Concernant mon plan, je préfère attendre le prince avant de vous l'expliquer. Mais vous pouvez déjà lire le projet.

Elle traverse la pièce d'un pas vif avant que la princesse Eloïse ne la rattrape.

- Helena, je ne sais pas ce qu'a prévu le prince concernant le duc Robert, mais si vous voulez une vengeance douloureuse dans les plus brefs délais, j'ai une idée.

La jeune baronne se retourne, intéressée.

- Et puis-je savoir ce que c'est princesse?

- Peut-être que vous devriez vous assoir.



Les dames de compagnie [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant