Chapitre V: Départ

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Il n'avait pas dormit de la nuit. Ses yeux avaient beaux avoir terriblement envi de se fermer, et son esprit de sombrer dans l'inconscience, le sommeil ne venait pas. Il se leva très tôt. Savoir qu'il était l'héritier de son précepteur Monsieur Gaspard le rendait malade. Il ne voulait pas de cette richesse, ni de la mort de son camarade de lecture. Il alla voir les poules. Ne supportant pas leurs bruits, il alla au village, croisa Philibert et fit un bout de chemin avec lui. Il était ennuyeux mais gentil, alors Maximilien l'écouta. Philibert était grand, avec de larges épaules, un visage fin, des yeux bleus et un nez dominant l'ensemble de sa face peu harmonieuse. Ses cheveux étaient très courts car il venait de se les couper à cause des poux. Il était le contraire de Maximilien. Tout le monde le disait. En effet Maximilien Lejeune, de taille moyenne, était mince, des yeux foncés, presque noirs, un petit nez et son visage était plaisant. De plus ses cheveux châtains étaient imposants et épais sur son crâne. Enfin il avait un air profondément agréable, une douceur extrême se lisait en lui. Alors que Philibert paraissait être un idiot incompris. Ils parlèrent de Louise et de son désir de vivre une vie folle à Paris. Philibert se fâcha :

-Qu'elle s'en aille, et pi, qu'on la revoie point par ici ! Je peux plus supporter ça.

Maximilien comprenait la douleur de Philibert, même s'il ne connaissait pas le sentiment amoureux. Il imaginait très bien ce que pouvait être un cœur brisé :

-J'dis, tu lui diras point. J'suis pas riche. J'sais ben qu'elle m'aime pas. Continua Philibert penaud.

-Rien ne pourra la retenir. Même pas moi. Déplora Maximilien. Quand Louise à une idée en tête, elle va au bout. Elle est comme ça.

-Comme toi. Rajouta Philibert.

Ils eurent tous deux un sourire franc. Ils s'appréciaient malgré la différence croissante entre eux. Au village Philibert négocia avec un revendeur de blé, une fois l'affaire conclut, ils repartirent vers leurs fermes. La mère de Maximilien était dehors. Elle fit un signe de main à son fils. Elle semblait inquiète. Maximilien fit ses adieux à Philibert et couru vers la maisonnette. Madame Lejeune ne cessait de toucher ses cheveux blancs alors qu'elle était assise sur une chaise. Maximilien comprit ce qui chagrinait sa mère : Louise :

-Mais que fais-tu ? Demanda son frère paniqué.

Louise rassemblait ses affaires dans un ridicule petit sac en toile bleue :

-Que fais-tu ? Hurla Maximilien.

Il lui attrapa le bras avec violent. Elle cria et ordonna qu'il la lâche. Il recula, comprenant où sa sœur comptait se rendre :

-Non, non, non, non !!! Répéta Maximilien en sautant sur place.

-Arrête tes caprices ! Répliqua Louise. Je fais ce que je veux !

Elle menaça du regard le jeune homme. Que faire ? Que faire ? Maximilien se mit genoux, joignit ses mains, tout cela aux pieds de Louise. Elle sursauta. Il lui pria de rester, de ne pas l'abandonner, de ne pas partir dans cette ville pleines de mauvaise intention, de tentation malsaine :

-Que sais-tu des gens qui vivent là-bas ? Que sais-tu de cette ville ? Tempéra sa sœur touchée. Que sais-tu vraiment de la vie Maximilien ?

Il reçut cette question comme un coup de poignard dans le cœur. Sa sœur dénigrait leur style de vie. Ainsi elle dénigrait sa famille, ses ancêtres, ses terres...Tout ce qui faisait des Lejeune, les Lejeune. Traitresse ! Il se releva et, sentant la colère montée en lui, se détourna de Louise en serrant les poings. Elle s'excusa auprès de sa mère mais annonça que la prochaine charriote pour Paris partait demain matin de la place du village. Il y en avait une par semaine, et elle refusait de la louper. Maximilien frappa la table de son poing, les deux femmes se figèrent de stupeur. Elles ne l'avaient jamais vu comme cela. Lui qui avait cet aspect de délicatesse dans le regard, sur l'ensemble de sa physionomie. D'un coup il sortit en claquant la porte. Il courut jusqu'au village et frappa à la porte de Monsieur Gaspard. Personne ne répondit. Depuis la lecture du testament, Maximilien avait toujours peur que son vieil ami passe dans le royaume des morts seul, dans son domicile poussiéreux. Sa colère le poussa à enfoncer la porte, il prit son élan et se jeta, l'épaule en avant vers elle. La première fois, rien ne bougea. La deuxième non plus. Puis, à force de patience et de détermination, la porte craqua. Maximilien vit une légère couche de poussière se soulever lorsqu'elle entra en contact avec le sol dans un bruit fracassant :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant