Chapitre XIII: les cahiers

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Il avait eu entièrement raison lorsqu'il avait dit qu'elle ne lui attirerait que des ennuis. Junon repensait à la conversation qu'elle avait eue avec Maximilien. Depuis qu'il avait rencontré Adélaïde, il n'était pas en grande forme. Il allait vivre mais il avait été sauvé de justesse, quelques minutes plus tard et il décédait seul au milieu d'une route. Le médecin avait été clair, le coup de poignard aurait pu être fatal mais le manque de dextérité du cocher l'avait sauvé, ainsi que l'intervention de Junon. Ne voulant pas manquer son travail, Maximilien quitta le cabinet du médecin dès la plaie refermée par un fil. Cela lui tirait la peau mais il devait voir Lazare au plus vite. Adélaïde était restée à son chevet toute la nuit pendant que le médecin le recousait. Elle protesta vivement quand il décida de regagner Paris. Au fil de la conversation une dispute éclata :

-Je fais ce que je veux ! S'insurgea Maximilien. Et puis tout cela est de votre faute !

Après cette phrase, elle lui mit une claque monumentale :

-Vous n'êtes qu'un idiot !

Ils étaient dans la rue, dans la ville de Versailles à deux pas du château, en face du cabinet :

-Je retourne à Paris ! Déclara-t-il. Adieu ! Débrouillez-vous avec votre Mason !

-Adieu ! Hurla-t-elle en s'agitant.

Elle tourna les talons et rejoignit le palais, quand à lui, il prit une chariote pour Paris, ayant hâte de voir Lazare pour s'excuser de son retard. Là-bas, l'imprimeur s'impatientait. Il n'était pas fâché, qui le serait dans de telles circonstances. Maximilien raconta son agression et Lazare fut chagriné mais le travail n'attend pas, il se contenta de conseiller au jeune homme de se ménager. Il se mit au travail, la douleur encombrant son esprit et sa dispute avec Adélaïde résonnant à ses oreilles comme un serment éternel.

Lazare emmena Maximilien assister à la préparation des Etats-Généraux, c'était à la fin du mois de mars. Les semaines étaient passés si vite que le jeune homme n'avait pas vu le temps défilé. Entre son travail et la recherche de sa sœur, il avait beaucoup de choses à faire. Il était même allé voir les femmes aux vertus légères espérant ne pas y trouver Louise. Il avait été dans les pires endroits de Paris comme dans les meilleures sans jamais la voire. Peut-être était-elle à la rédaction des cahiers de doléances ? Dans une salle de fête parisienne, deux hommes étaient assis face à une foule conséquente. Des cahiers trônaient près d'eux. Ils prenaient des notes. Les gens de toutes origines confondus criaient leur désir d'évolution de la société. Ils goûtaient à un nouveau pouvoir, celui de s'exprimer librement. Lazare était excité comme un fou. Il avait hâte que les élections des représentants du Tiers-Etat débutent dans toute la France. Il soutenait certains de ses camarades dans ce sens :

-Pourquoi tu ne te présentes pas ? Demanda Maximilien.

Lazare haussa les épaules :

-Je ne sais pas si cela est fait pour moi : la politique. Néanmoins j'ai le sentiment que beaucoup de changement sont à prévoir, restons prêt à intervenir. Viens, nous allons retrouver mes amis au Palais-Royal. Il y a trop de monde ici, nous reviendrons dicter nos espoirs plus tard.

Ils quittèrent la salle des fêtes et allèrent au Café de Foy où Desmoulins avait ses habitudes depuis quelques temps. Il annonça à Lazare qu'il consacrait son temps à la rédaction d'un pamphlet qui montrait son indignation face aux principes des élections des députés du Tiers-Etat, l'injustice du vote par ordre et non par tête qui affaiblissait la représentation des neuf dixièmes des Français. Lazare était entièrement d'accord. Il promit d'imprimer ce pamphlet en grande quantité le temps venu. Ils parlèrent de Robespierre qui compte devenir député, les élections à Arras ayant lieu dans quelques jours :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant