Chapitre IX: Café de Foy

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Un fiacre la mena de Versailles à Paris. Evidemment, son père n'avait pas vraiment hâte de la voir, il savait à quel point sa fille était courroucée par la demande en mariage de Monsieur de Mason. Il pensait bien faire en acceptant que son ami épouse sa fille, cependant cette dernière ne semblait pas de cet avis. Madame Malet savait que sa fille et son caractère bien trempé, allaient remettre de l'ordre dans les idées de son époux. Ainsi à peine eut-elle pénétrée dans la résidence de ses parents, qu'Adélaïde courut vers son père, le visage en feu, les yeux brulants et les lèvres tremblantes. Dans quelques secondes elle allait exploser :

-Tu es complètement fou !!! Vociféra-t-elle.

Son père assit sur le sofa du salon, ne dit mot et écouta sa fille sans baisser les yeux :

-Mason et moi !? Mais qu'avais-tu dans la tête ? Il est complètement stupide et horriblement laid !

-Il me ressemble pourtant. Tempéra Monsieur Malet.

-Justement...Murmura Madame Malet.

Adélaïde regarda sa mère et ria. Elle se laissa tomber dans un fauteuil en pouffant. Puis, ayant repris son calme, elle annonça avec fierté qu'elle avait refusé la demande de Monsieur de Mason et que celui-ci l'avait mal accepté. Son père l'encouragea à réfléchir car son ami était un parti intéressant :

-Il veut juste mon héritage. Dit Adélaïde avec mépris.

-Il faut bien qu'il aille à quelqu'un. Déplora Monsieur Malet. Et c'est forcément à ton futur époux.

Après cette conversation quelque peu houleuse, ils déjeunèrent ensemble et ce fut à ce moment que la jeune femme demanda l'avis de son père concernant les Etats-Généraux. Madame Malet fit la moue. Sujet sensible. Et en effet l'officier qu'était Malet ne tolérait pas ce manque de respect envers la royauté et le Roi. Cette convocation ne mènera à rien, c'est une perte de temps :

-Et puis, ceux qui se font appeler le Tiers-Etat, que savent-ils de la politique ? Ils arrivent en se proclamant représentant de la nation sans avoir nullement la façon dont elle fonctionne. Ce sont des ignorants profiteurs. Certains veulent tuer le Roi et la Reine.

Adélaïde sursauta sur sa chaise. Tuer la famille royale ?! Impossible ! Il faudrait être bien cruel. Et si ces hommes l'étaient ? Cruels ? Elle ne devait pas avoir confiance en eux, ces gens qui veulent du changement, ces gens pleins de haine, de croyance utopique. Une France sans roi est une France perdue. Convaincue du la nocivité des Etats-Généraux, Adélaïde quitta ses parents alors que la nuit tombait. Un fiacre la guettait. La cocher lui ouvrit la porte et l'aida à monter. Elle se couvrit de sa cape noire au-dessus de sa tête. Fatiguée par ses allers retours entre son lieu de travail et ses parents, elle s'endormit lové dans un coin du carrosse. Subitement un hurlement l'éveilla. Elle tomba car le véhicule se renversa sur le côté. Elle paniqua. Elle devait sortir d'ici. Du pied elle força la portière afin de gagner la rue. Elle cria d'effroi en apercevant le cocher égorgé sur les pavés de Paris. Qui avait pu faire cela ? Elle eut bientôt sa réponse. Deux brigands des rues l'attrapèrent et la sortir par la force du fiacre. Elle se débattit et hurla comme jamais mais personne ne vint. Loin de se laisser abattre, elle sentit l'adrénaline montée, et son instinct de survie l'emporté sur la peur. Elle remuait tellement que l'un des deux hommes lâcha le bras droit de la jeune femme. Sa main libre, elle s'en servit pour frapper l'autre homme à la joue avec une telle violence qu'il bascula et lâcha à son tour Adélaïde. Celle-ci courut. Elle perdait son souffle dans sa course folle. Derrière elle, les deux hommes la poursuivaient. Elle arriva près des Tuileries et se cacha derrière un arbre. Elle n'arrivait presque plus à respirer. Elle jeta un œil sur le côté pour apercevoir ses agresseurs. Ils semblaient loin, et ils disparurent dans la nuit :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant