Chapitre XV: Évasion

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La décision fut si rapide à prendre qu'elle ne savait pas ce qui la guidait. Elle lui devait bien cela. Il n'aurait pas hésité une seconde si c'était elle dans cette situation. Junon avait essayé de l'arrêter mais en vain. Adélaïde pénétra dans la préfecture dès que Charnac fut loin. Ne pouvant pas la stopper, Junon décida de l'aider. Elle avait pour mission de distraire le garde pendant qu'Adélaïde s'emparait des clés pour libérer Maximilien. Junon cria comme une folle et la garde quitta son poste avec hâte reconnaissant la voix de la sœur de son chef. Adélaïde se faufila avec discrétion, cachant son visage avec le capuchon de sa cape. Elle saisit un trousseau de clé. Maximilien, ayant évidemment entendu le cri de la jeune femme, s'était approché de l'entrée de la cellule. Il aperçut Adélaïde et une joie inexplicable se lut sur son visage tuméfié. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vus:

-Vous venez me sauver. Constata-t-il heureux.

-Nous je viens juste m'amuser avec les clefs. Plaisanta-t-elle en restant sérieuse cependant.

Il aurait voulu sourire à cette boutade, mais ses joues le faisaient souffrir alors il freina son entrain. Elle testait chaque clé avec concentration :

-Dépêchez-vous. Lança Maximilien.

-Vous êtes un grand blagueur vous dans votre genre. J'ai l'air de prendre mon temps.

La porte s'ouvrit. Il sortit et Adélaïde leva enfin la tête vers lui. Elle fut horrifiée, plaçant ses mains devant sa bouche ouverte à cause de la surprise :

-C'est si horrible que ça ? Demanda-t-il.

-Non, non...

-Vous mentez très mal.

Subitement ils entendirent un bruit sourd résonné :

-Fuyiez ! Ordonna Adélaïde avec précipitation. Retrouvez-moi à Versailles dans une heure. Nous vous rendrons une tête présentable.

Il acquiesça et courut à l'opposé de là d'où venait Adélaïde. Le garde n'allait pas tarder à faire son retour. Elle remit les clés en place et s'éclipsa doucement. Junon l'attendait avec agacement dans l'entrée de la préfecture. Lorsqu'elle vit son amie revenir, elle l'attrapa par le bras, exaspérée :

-Alors tu l'as libéré ton « fiancé » ?

Les guillemets étaient audibles. Adélaïde fit oui de la tête. A peine furent-elles dehors que le garde donna l'alerte : le prisonnier s'était échappé. Charnac allait couper des têtes, et personne ne savait vraiment si l'expression prendrait un sens propre ou un sens figuré.

Elle l'attendait en scrutant le couloir des domestiques au tout dernier étage du palais. Elle connaissait par cœur ces murs gris sans originalité. Junon avait promis d'envoyer Maximilien dès qu'il passerait le portail. S'il venait. Viendrait-il ? Peut-être avait-il préféré fuir les malheurs qui entourent Paris et Versailles ? Il avait bien raison. Pourtant elle ne pouvait concevoir un instant qu'elle ne le reverrait plus. Ces derniers mois furent si pénible que seule la présence de ce presque inconnu, la réconfortait. Il lui permettait d'oublier le peur et l'angoisse qui la recouvrait depuis si longtemps. Elle s'assit sur le bord de son lit en soupirant :

-Mademoiselle Malet ? Appela une voix.

Monsieur de Mason débarqua dans la chambre sans y être invité. Elle avait laissé la porte ouverte pour Maximilien mais il fut devancé par l'ignoble employé Versaillais. Adélaïde se leva. Monsieur de Mason avança dans la pièce et ferma doucement la porte comme-si cela lui donnait du plaisir. La jeune femme ne savait que faire pour qu'il parte :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant