Chapitre XVII: Les États-Généraux

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 Ce que Lazare attendait depuis si longtemps arrivait à grand pas. L'ouverture des Etats-Généraux, événement marquant pour l'ensemble de la politique, était programmé. Adélaïde et Junon avaient préparées les enfants royaux pour cet évènement. Le Dauphin, malade, fut pénible à habiller mais Junon fut compatissante. En ce 4 mai 1789, une procession, composée des trois ordres, clergé, noblesse et Tiers-Etat défila dans les rues de Versailles sous les yeux du Roi et de sa famille. Puis il eut une messe solennelle dans l'Eglise du Saint Esprit. Toute cette journée fut relatée dans les journaux, dont ceux que Lazare imprimait. Maximilien le lut à haute voix à son employeur :

-Trop de blabla pour rien. Pestiféra-t-il en l'interrompant. Vivement demain.

En effet dès le lendemain, vers huit heures, les trois ordres pénètrent dans la salle des Menus-Plaisirs à Versailles. Grande pièce, spacieux, somptueuse et haute de plafond qui malgré son espace ne semblait pas assez ample pour accueillir l'ensemble des représentants. Ils sont plus de mille deux cents à attendre le roi, entassés, au pied de l'estrade tendue de velours violet fleurdelisé, où avait été dressé le trône. A droit de celui-ci le clergé, avec leurs soutanes violettes ou rouges, à gauche les nobles et leurs tenus de velours et fils d'or, enfin au fond le Tiers-Etat, telle une masse noire effrayante. L'uniforme sombre leur avait été imposé. Le roi fit son apparition sous les encouragements et applaudissements de tous les ordres. Il s'assit sur son trône en réclama, d'une geste, le calme. Après des discours remplis d'éloges concernant le roi, le directeur des finances Jacques Necker fit face à la foule. C'était un homme légèrement enrobé, avec des petits yeux noirs, un nez bancal et la perruque poudré du protocole. Il fit un discours à son tour qui explicita la situation financière du pays. Certains députés du Tiers-Etat ne purent s'empêcher de chuchoter pendant ce soliloque car ils leurs paraissaient que le pays était désorienté. Rien n'allait dans les fiances de l'Etat, selon le discours de Necker. Il évoqua le problème budgétaire en affirmant qu'il avait toutes les raisons de croire que cette assemblée saurait faire ce qu'il faut pour remédier à cela. Et alors que les journaux relataient encore cette journée du 5 mai, le premier jour des Etats-Généraux, Lazare accusait le coup, car il y avait eu encore trop de paroles inutiles. Du vent !

-Quand vont-ils définir les modalités de vote ? S'insurgea-t-il. Le vote doit se faire par tête et non par ordre ! Sinon tout cela ne sert à rien !

Maximilien était d'accord avec lui. Même si depuis un mois il se contentait de faire fonctionner la presse jour et nuit, attendant de pourvoir agir concrètement dans ce nouveau mouvement. De plus fin avril, le 26, une révolte avait secoué le Faubourg Saint-Antoine. A l'origine un homme qui répondait au nom de Réveillon, le patron d'une fabrique de Papier-Peint qui avait eu la mauvaise idée de déclarer que les salaires devaient être baissé et de fil en aiguille sa fabrique, endroit où avait leur la rédaction de cahier de doléances, fut prise d'assaut puis pillée sans merci par une foule en colère. Les émeutiers avaient brûlé l'effigie de Monsieur Réveillon sur une place publique, après avoir crié toute la nuit dans les rues, ce qui avait déclenché l'arrivée de troupes royales. Cette révolte populaire fit près de 200 morts chez les insurgés et 12 chez les soldats. Ce mouvement avait prouvé que le peuple était prêt à agir pour son bien, selon Lazare. Un jour de mai, Robespierre débarqua chez lui :

-Cela ne se passe pas comme prévu. Avoua-t-il. La noblesse et le clergé se liguent contre les députés du Tiers. Les délibérations ne mènent à rien.

-Tout cela est déplorable. Dit Lazare. Et le roi fait la sourde oreille !

Avec des amis, tel que Robespierre, l'imprimeur était au courant de tout et mettait un point d'honneur a tout divulguer dans la presse. Il était surexcité de jour en jour. Chaque information arrivant de Versailles, bonne ou mauvaise, le transcendait. En effet une bonne nouvelle pouvait apporter une évolution aux vies des indigents et une mauvaise serait utilisable dans le futur s'il fallait des arguments pour un soulèvement. Lazare voyait les choses en grand, c'était un homme d'action dont la passivité actuelle rendait fou :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant