Chapitre XIV: Le lieutenant Charnac

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 Maximilien avait toujours été quelqu'un de débrouillard, c'était son éducation qui avait voulu cela. Quant à Louise, qui avait reçu la même, elle arrivait à aligner les talents de persuasion et semblait être une comédienne de talent, ou peut-être que les hommes trop obnubilé par sa beauté ne percevait pas la fausseté de ses gestes et de son ton lorsqu'elle mentait ? En se remémorant cela, son frère espérait qu'elle n'était pas tombée entre les mains de Charnac par hasard, mais depuis qu'il savait avec qui elle était, Maximilien ne dormait plus. Il ne pensait qu'à une chose : ses mains entourant le cou du Lieutenant et le voir mourir doucement en suppliant de le laisser en vie. Maximilien jubilait en imaginant la fin tragique de Charnac. Il avait eu Louise, il lui prendrait sa vie, quoi qu'il arrive, il se le promis. Lazare raconta à son employé tout ce qu'il savait sur Charnac. Le lieutenant avait été responsable de la censure en province, à l'ouest plus exactement, durant quelques mois, néanmoins jugé trop extrémiste dans ses habitudes, il fut rappelé à Versailles où il fut en charge de la sécurité de la ville. Autrement dit, il assurait la sécurité extérieure du palais. Il circulait dans les rues sur son cheval, le dos droit, les épaules en arrière, le visage fier avec à sa suite, une dizaine de soldats qui lui obéissaient sans broncher. Il était si menaçant que les Versaillais le surnommaient le Lion. Une rumeur affirmait que même le roi en avait peur. Rien n'y personne ne résistait à Charnac. Voilà pourquoi il n'était pas surprenant qu'il ait Louise avec lui. Ayant recoupé ses informations, et fait son travail à la presse, Maximilien alla à Versailles de nuit. Il n'avait aucune idée de la façon de trouver sa sœur dans une ville comme Versailles mais qu'importe, il aurait parcouru le monde pour sa sœur. Elle était tout pour lui. Il commença par les bars, espérant trouver un soldat qui saurait lui dire où vit Charnac. Cependant à chaque fois qu'il évoquait, ou murmurait ce nom, les bouches se fermaient, les yeux fuyaient et personne ne répondait. Charnac était comme la peste, à l'exception près que même en parler semblait dangereux et mortel. Après avoir arpenté plus de quatre bars sans avoir obtenu de réponse, Maximilien perdit ses espoirs, ses espérances. Il quitta les rues agitées, celles, qui le soir, étaient remplies de buveurs incompris qui tentaient avec quelques verres de voir le monde tel qu'il devrait être pour eux et ils se réveillaient le lendemain avec la dure réalité des choses. Il s'assit sur les marches d'une église et réfléchit. Quels moyens avaient-ils en sa possession pour trouver Charnac ? Tout à coup deux soldats en uniforme passèrent devant lui avec leurs longues bottes noires, leurs vestes rouges et leurs épées rangées dans leur fourreau. Maximilien eut une idée subite et folle. Cependant il ne se posa pas de question. Il courut vers les soldats et les interpella en demandant :

-Vous travaillez pour le Lion n'est-ce pas ?

Ils s'arrêtèrent, se regardèrent un instant avant que l'un d'eux hoche la tête pour dire oui. Maximilien satisfait de la réponse, eut une réaction surprenante. Il serra son poing droit et frappa au visage l'un des soldats avec une force réelle. Evidemment une riposte ne tarda pas et au bout de quelques secondes Maximilien se retrouva la face plaquée contre les pavés froids de la rue, les mains bloquées dans le dos. Les soldats lui assenèrent quelques coups pour parfaire leur vengeance. Le jeune homme encaissa sans crier, il focalisa ses pensées sur sa propre vengeance. Un jour les soldats comprendront leur erreur et jamais ils ne pourront se voir dans une glace avec fierté. Ils ne seront plus que l'ombre d'eux-mêmes. Le futur sera glorieux pour Maximilien et honteux pour ces hommes. Ils embarquèrent le jeune paysan et de force le menèrent à la préfecture, à quelques mètres de l'entrée du château, sur l'avenue de Paris. Rapidement Maximilien fut enfermé dans une minuscule cellule au sous-sol. Il y avait une petite fenêtre ras de plafond du donnait sur le sol de l'avenue, le tout presque caché par des barreaux épais. Le froid pénétrait doucement par cette ouverture glaçant le jeune homme l'ensemble de la nuit. Au petit matin il tenta le tout pour le tout. Il s'approcha des barreaux et cria :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant