Chapitre XII: le poignard

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Elle était loin de s'imaginer que la présence de Maximilien allait tourner au cauchemar, en tout cas pour elle. A peine fut-il assis à la table que tout le monde lui demanda qui il était. Junon s'empressait de dire qu'il était le fiancé d'Adélaïde et les employés l'accueillaient comme un véritable ami. Il fut le premier surpris. Il ne pensait pas que Versailles aurait pu être si ouvert d'esprit. Bientôt on lui posa une multitude de question et la principale fut : comment avait-il rencontré Adélaïde ? Ainsi il conta l'aventure aux Tuileries en changeant la date pour faire croire qu'ils se connaissaient depuis longtemps. Tous s'esclaffèrent face au mime de Maximilien qui relatait l'épisode du coup de pied. Un véritable fou rire envahit les cuisines. Il s'intégrait si bien qu'Adélaïde bougonnait de l'intérieur. Il ne devait pas oublier que tout cela était faux. Néanmoins une ombre assombrie le tableau :

-Mais que se passe-t-il ici ? Demanda une voix forte et dominante qui recouvra les rires.

Tous se tournèrent vers Monsieur de Mason qui, les poings sur les hanches, regardèrent avec sévérité l'ensemble des employés. Personne ne lui répondit. En effet l'amour qu'il portait à Adélaïde était connu de tous et dire que Maximilien était la raison de l'hilarité générale, n'était pas la meilleure chose à faire. Cela pouvait être dangereux. Néanmoins le principal concerné ignorait qui était cet homme à l'attitude menaçante. Alors inconscient du danger, Maximilien alla saluer Monsieur de Mason. Tous eurent le souffle coupé devant l'initiative du jeune homme. Adélaïde réagit assez vite et s'élança vers son faux fiancé pour stopper son avancée. Il n'était qu'à quelques centimètres de Monsieur de Mason quand Adélaïde saisit sa main, celle qu'il tendait vers le dernier arrivé :

-Je vous présente mon fiancé, Maximilien. Lança Adélaïde à Monsieur de Mason.

Elle serrait la main de Maximilien avec force pour qu'il comprenne que l'homme face à eux, était celui qu'ils devaient convaincre de leur amour. Le jeune homme saisit la nature de la relation qui unissait Adélaïde à cet homme car ce dernier lança un regard si violent vers lui qu'il eut un mouvement de recul. Il lança un petit regard plein de sous-entendus à Adélaïde qui signifiait clairement qu'il concevait la nécessité de faire croire à un engagement. Monsieur de Mason était un être intimidant et Maximilien n'avait qu'une envie, courir au loin pour éviter la foudre de cet homme à la perruque blanche et soignée :

-Enchanté. Mentit Monsieur de Mason. Vous avez bien de la chance Maximilien. Une si belle femme à vos côtés pour le reste de votre vie.

-J'en conviens. Répondit Maximilien avec force. J'en conviens. Serrons-nous la main.

Monsieur de Mason eut un sourire forcé avant de tendre sa main. Ils se comprimèrent si fort les mains que Maximilien réprimanda une grimace et tenta de rester sobre. Subitement Madame Poitou débarqua de nul-part et annonça qu'un problème venait de survenir dans le salon d'Apollon. Monsieur de Mason tourna les talons et suivit Madame Poitou à l'étage. Ses pas résonnèrent dans les escaliers et quand plus aucun bruit ne se fit entendre, Maximilien se tourna vers l'assemblée et déclara :

-Ouf ! Mission accomplie !

L'hilarité revint. Brusquement Adélaïde empoigna le jeune comique et l'entraîna vers la réserve, là où il n'y avait personne. Elle ferma la porte derrière eux et s'assura que personne ne pouvait les entendre. Néanmoins elle chuchota pour plus de sûreté :

-Je vous remercie, mais arrêtez de vous attirer la sympathie des autres. Ils ne vous reverront jamais. Ils ne doivent pas vous appréciez de la sorte.

Maximilien fit la moue :

-Vous avez raison. Murmura-t-il. Je me suis emporté. Excusez-moi. J'ai fait mon devoir, ce Monsieur ne devrait plus vous importunez.

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant