Chapitre III: Les Malets

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Un nombre incalculable de personne voulait ce poste. Les femmes, filles de petite noblesse défilaient devant lui depuis deux jours. Personne ne semblait convenir. Monsieur de Mason soupira et s'étira. Il fit un signe à un des gardes qui, droit et sans expression, ouvrait le porte aux candidates potentielles. Peut-être que la perspective de travailler à Versailles séduisait à un point où les jeunes femmes accouraient de tous le royaume ? Dans une salle du château du même nom, au rez-de-chaussée, Monsieur de Mason écoutait les motivations des femmes qui arrivaient. Il analysait leur comportement, leur arbre généalogique, leur motivation, leur attachement, leur fidélité à la famille royale qui devait être impérativement exacerbée, sinon il la renvoyait chez elle sans sommation. Justement celle qu'il auditionnait en ce moment parlait sans cesse se croyant plus importante que ce qu'elle était vraiment. Cela ne plairait pas à la Reine. Pas du tout alors il lui dit adieu. Elle partit vexé claquant la porte :

-Elles sont folles. Lança Monsieur de Mason au garde.

Evidemment ce dernier ne dit pas un mot. C'était son rôle après tout. La nuit tomba sur le palais. Des domestiques allumaient les bougies par centaines. Les fenêtres, toutes dégageant une chaleur due aux flammes qui traversaient les vitres en verres, faisaient penser à une file immense d'ouvertures flamboyantes. Monsieur de Mason devait annoncer à la gouvernante de la Reine qu'il n'avait pas trouver la perle rare. Elle sera mécontente. Il n'avait pas vraiment envie de subir son courroux, de plus il avait promis de venir dîner chez son ami, l'officier Malet, un militaire apprécié du Roi à un point qu'il avait reçu des terres qui ont fait sa richesse. Il appartenait maintenant à la petite noblesse, espérant recevoir un titre prochainement. Il était en pour-parler avec le Roi. Bref Monsieur de Mason irait voir la gouvernante plus tard. Il quitta Versailles en prenant un fiacre. Passant les grilles, il se rendit à Paris. Il mit deux heures et cela lui permis de dormir un peu avant de dîner en abondance. L'officier Malet vivait à quelques mètres du Palais Royal, près des Tuileries. Toute la famille de cet officier de bonne famille attendait leur invité de marque. En effet Monsieur de Mason travaillait depuis quelques années à Versailles, chargé du personnel et, ayant ses entrées au palais, il savait beaucoup de chose sur la politique appliquée en ce moment par le Roi. Cela intéressait énormément Monsieur Malet qui, malgré son âge avancé qui ne lui permettait plus de pratiquer militairement son emploi, restait captivé par la politique de défense et d'attaque du royaume. Alors son amitié avec Monsieur de Mason était immensément importante pour lui. Il l'accueillit avec une joie non contenue. Ils l'enlacèrent chaudement et l'officier, toujours dans son uniforme, fit asseoir son ami. Malet était un homme de taille moyenne avec une peau lisse et belle, malgré la vieillesse évidente. Il avait des cheveux blancs et des yeux d'un bleu perçant. Contrairement à son ami, dont les yeux étaient foncés et effrayants. Ils se ressemblaient beaucoup. Des personnes ignorant à qui ils avaient à faire penseraient légitimement qu'ils étaient frères, alors qu'aucun lien de parenté n'était avéré entre eux. Ils discutèrent un long moment dans le salon qui se trouvait au dernier étage du bâtiment. Un domestique, poudré et avec une perruque blanche immaculée, leur servit un verre de vin. Ils le dégustèrent avec entrain, riant à certaines boutades :

-Ta famille est ici ? S'enquit l'employé de Versailles.

-Oui, bien sûre. Ma femme se prépare, tu sais comme elle aime être belle. Quant à ma fille, elle m'a promis d'apparaître au dîner.

Monsieur de Mason avait hâte de voir la fille de son ami. Subitement l'épouse de Malet arriva vêtu avec grâce. Sa toilette simple lui allait à merveille. Elle illuminait la pièce et avec son sourire fit rougir Monsieur de Mason qui lui baisa la main. Ses cheveux châtains abondants semblaient flotter au-dessus de ses fines épaules :

Le lys et les entaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant