I - Chapitre 6 - Couvre-feu

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- C'quoi ct'histoire de couv'feu ? Se scandalisa un paysan en plein repas.

- Ce n'est pas l'heure des audiences, répondit le roi, d'un air neutre.

- Déjà qu'on a pas l'temps pour cultiver toutes les victuailles dont vs'avez b'soin au château, nous dire d'arrêter quand que la cloche sonne, c'pas correct. On a pas l'temps nous, monseigneur.

- Nous prenons cela en compte mais c'est pour votre sécurité. À présent, je vous prie de circuler.

- Not' sécurité ? C'pas ces monstres qui nous font peur monseigneur. Pis s'ils veulent nous tuer ils ont qu'à casser la porte s'ils sont si forts, ça va pas changer.

- Des gardes veillent sur les rues la nuit, aucun monstre ne rentrera chez vous.

- Vot' couv'feu nous protège pas, le p'tit Benjamin, on l'retrouve pus depuis deux jours pourtant y a un couv'feu.

- Le couvre-feu ne peut rien contre les enfants qu'on ne surveille pas, mais il aide à ce qu'il y a moins de disparitions et de massacre. Si vous en avez plus à dire, merci de revenir aux bonnes horaires. Je suis actuellement en train de manger, comme vous pouvez le constater.

- Le peuple a besoin de vous, monseigneur. Ça ne peut pas attendre. Le p'tit, il a fallu juste un instant vous aurez même pas eu le temps de constater qu'il était p'us là.

- Gardes, jetez cet homme dehors.

Avant que le paysan n'ait pu ajouter un mot de plus, deux gardes se saisirent de lui et le sortirent de la pièce. L'homme ne protesta pas et ne rajouta rien, bien qu'on puisse lire de la lassitude et de la tristesse dans sonregard fatigué.

- Que se passe-t-il ? Demandai-je à Tristan.

- Des soucis dans le royaume.

- Quel genre de souci ? Tu es garde, ne me fais pas croire que tu n'es au courant de rien. La nuit, tu rentres bien dormir avec les autres une fois que je suis bien enfermée dans ma chambre.

- Des disparitions mystérieuses, des attaques. Ça ne concerne pas qu'Almoth. Nous avons eu des retours de la part d'Andariel, de Basmur et de Braziane également. Quand Merlin reviendra avec son apprenti, nous en saurons probablement plus.

C'est alors qu'un noble de la cour nous coupa :

- Et Lananda ?

- Aucune nouvelle de leur part.

- C'est eux qui lancent ces attaques. Ça serait pas la première fois.

- Ce ne sont pas des magiciens. Ils ne font pas disparaître les personnes comme par magie.

- Peut-être qu'ils ont pactisé. Depuis le temps qu'ils cherchent à invoquer on ne sait quelle créature démoniaque. Et ils ont des antécédents de violence envers les autres royaumes...

- C'est possible, mais nous avons un accord diplomatique avec Lananda. Ils n'ont pas le droit de nous attaquer.

- On ne peut rien écarter. La reine folle est capable de tout.

- Vous en parlerez donc au roi lors du prochain conseil.

Pendant qu'ils discutaient politique, je me posais des questions. L'économie avait toujours été mon domaine de prédilection mais je ne savais pas vraiment comme cela fonctionnait dans ce monde. Peut-être y avait-il des raisons bien plus mystérieuses que l'argent pour attaquer...


La journée passa doucement. Sans cesse, j'entendais des messagers s'affoler en bas de ma fenêtre, passer et repasser. On racontait qu'en plus des disparitions et des meurtres, il y aurait des attaques invisibles, dont quelques personnes encore vivantes en parlaient à qui voulait bien l'entendre. Cependant, toujours rien à propos du retour de Merlin. Cela faisait bien un mois que j'étais ici pourtant.

**

Ce fut à peu près au terme de mon deuxième mois de captivité que Merlin revint, au cœur de la nuit. Je n'avais pas pu le voir mais le lendemain, Tristan vint, non pas pour me surveiller un énième jour, mais bien pour m'emmener voir le mage du royaume.

Je descendis les escaliers, traversai la cour puis il me mena à la tour de magie, qui se trouvait dans un angle de la cour, un peu éloignée du reste de l'édifice.

La tour était haute et l'intérieur était froid et peu éclairé. Nous montâmes les escaliers en colimaçon. J'aperçus différentes portes mais nous nous arrêtâmes seulement à la dernière, toute en haut de la tour. Tristan toqua à la porte :

- Je reste ici, devant la porte. Je te laisse avec le mage.

J'entrai donc, un peu intimidée.

Je découvris une grande pièce encombrée, pleine de livres, les murs parés de tentures, cartes du ciel et autres signes ésotériques. Il y avait plusieurs tables croulant sous les grimoires et les parchemins, ainsi que plusieurs meubles de rangements qui ne semblaient pas être suffisants. J'aperçus une personne, assise sur une chaise, derrière une despiles d'ouvrages. Il sembla poser un livre puis se leva et s'approcha de moi.

















Poussière de féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant