Je ne comptai pas les jours qui passaient. Au début, je ne parlais qu'à Tristan, par timidité. Puis j'avais fini par parler à Robin, beaucoup plus ouvert à la discussion que les autres membres du groupe.
- Je me demandais... de quel conte sors-tu ? Robin des bois ?
Il me regarda, étonné. Puis il sourit.
- Ça tombe bien que tu me poses cette question, parce que j'adore parler de moi ! Si je me souviens bien... « Songe d'une nuit d'été ». Quelque chose comme ça. Je crois que j'apparais dans d'autres histoires, je ne sais même pas lesquelles. Je suis plutôt célèbre, vois-tu.
J'avais étudié cette pièce de théâtre de Shakespeare en cours d'anglais, en première. Depuis le début, je voyais surtout des références aux légendes arthuriennes ou contes traditionnels mais il semblait qu'il y ait des sujets de différents types d'histoire dans ce monde.
Robin Goodfellow - dit Puck - était un elfe, messager et fou du roi Obéron. Il aimait bien égarer des voyageurs dans les bois pour qu'ils meurent de faim ou bien faire disparaître puis réapparaître des objets, voler de la nourriture...
- Est-ce toi, par hasard, qui aurait volé mon amulette ?
- Quelle amulette ?
- Quand j'étais chez moi. On m'avait volé une amulette.
- Pourquoi est-ce que j'aurai fait ça ? Ça ressemble plus au coup d'une fée. Je ne suis pas retournée dans le monde des mortels depuis longtemps.
- Tu es déjà allé dans mon monde ?
- Oui, je dois dire que cela change d'ici. C'est fou tout ce qu'il change en si peu de temps dans le monde des mortels ! Il y a une nouvelle invention tous les jours. Ici, c'est la routine.
Nous continuâmes à parler. J'appris qu'il était musicien. Il composait et était très doué en chant mais pratiquait également de tous les autres instruments de musique. Il aimait lire et c'est pour cela que le roi avait décidé d'en faire son scribe et bibliothécaire. Et il écrivait des poèmes. Un artiste dans l'âme.
- Combien de temps vais-je rester dans votre monde, tu penses ?
La question c'est surtout, combien de temps il va te falloir pour revenir une fois partie, me répondit-il en me faisant un clin d'œil.
Je souris mais n'en démordis pas pour autant :
- Je ne suis pas à ma place ici, mais j'ai un avenir dans le monde des mortels. Et tu ne réponds pas à ma question, tu ne fais qu'en poser une autre. Dois-je en conclure que tu ne connais pas la réponse ?
- Oh, nous avons une belle parleuse parmi nous !
- Merci.
- Et tu as bien deviné, même si ça me fait du mal à l'avouer. Non, je n'en sais rien. C'est à Merlin qu'il faut poser cette question, même si je ne pense pas qu'il la connaisse.
Je ne le fis pas. Merlin m'intimidait trop avec son air à la fois fatigué et hautain.
Nous ne parlions que lors des pauses et bien que je devais passer la nuit près de Tristan lorsque nous établissions un campement, tout comme Alice devait la passer près d'Ivor, question de sécurité, nous étions finalement devenus proches.
J'avais également appris qu'il détestait Isaac et ne manquait pas une occasion pour lui reprocher quelque chose ou lui rappeler son incompétence en matière de magie. L'apprenti mage osait rarement riposter, préférant fusiller son rival du regard avant de regagner un endroit calme pour continuer à étudier. C'était la première fois que je me retrouvai du côté de l'agresseur, bien que je ne faisais rien pour harceler le mage. Je trouvai cette attitude injustifiée de la part de Robin mais il se légitimait sans arrêt en disant qu'Isaac était une personne bien pire qu'il ne le laissait paraître. Selon lui, il était bien trop intelligent pour faire paraître son côté malveillant au monde, il n'en restait pas moins quelqu'un de peu fréquentable. Il me recommanda d'ailleurs de ne jamais lui adresser la parole.
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Poussière de fées
FantasiaHeini est la descendante du célèbre Hans Christian Andersen. Cependant sa vie ordinaire de lycéenne n'a rien d'un conte de fées. Jusqu'en ce 21 juin, où elle se retrouve propulsée dans un monde parallèle où les histoires deviennent réalité. Elle se...