I - Chapitre 10 - Capture

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Comme Tristan l'avait prédit, je me remis vite. Je me sentais faible pendant deux jours et ensuite j'étais entièrement rétablie. On me reprocha cependant le fait d'être sortie de ma chambre, car Alice y était restée et ne s'était pas faite attaquer.

J'appris que la reine Callan de Lananda était la sœur jumelle d'Isaac. Il était l'accord diplomatique entre Almoth et Lananda. Mais aussi une des raisons pour laquelle Robin ne voulait pas lui faire confiance. Il disait que sa sœur était une véritable psychopathe sadique, et qu'elle devait sûrement être derrière les diverses attaques que les différents royaumes avaient pu observer, en particulier celui des elfes. Car Callan détestait les elfes.

De son côté, l'apprenti mage soutenait que, bien que sa sœur soit folle, elle n'allait pas briser l'accord diplomatique en sachant que son frère était aux mains d'Almoth.

***

Cela faisait plusieurs jours que nous avions pénétré les terres gelées de Lananda, à la recherche de la fameuse grotte contenant Excalibur.

Malgré ma cape épaisse,j'avais toujours très froid. Heureusement, la nuit, nous pouvions dormir dans des tentes tissées par des fées. Une matière qui ressemblait à du daim, mais capable de réguler la température à l'intérieur. Je ne m'étais pas rendue compte de cette faculté avant d'être confrontée à ces extrêmes températures.

Je dormais en compagnie de Tristan depuis le début du voyage, bien que je n'étais pas très à l'aise avec le fait de partager ma couche avec un homme.

Parfois il m'arrivait de m'endormir dans la tente de Robin tandis que nous parlions le soir et j'étais toujours réveillée par Tristan qui avait pour mission de me garder en sécurité, ce qu'un artiste était incapable de faire. D'autant plus que selon le chevalier, je l'empêchais de faire son travail de scribe.

Je trouvais Tristan assez ennuyeux. Il était très à cheval sur les règles et peu bavard,avec peu d'humour. Bien que souriant, il n'était là que pour accomplir sa mission, rien de plus.

Alors que nous tentions de localiser cette grotte, je sentais la tension monter.

Nous ne devrions pas être sur ces terres de manière illégale, disait Isaac, Callan n'aime pas ça, ça ne nous coûte rien d'aller se présenter au château.

- Cela va nous coûter du temps, cher apprenti, répondait Merlin, et le temps est une denrée précieuse.

- Mais ce temps peut être échangé contre notre vie.

- Elle n'attaquerait pas son frère.

- Les personnes qui vont nous retrouver seront des mercenaires, pas elle. Et ils doivent avoir pour ordre de tuer les inconnus sans laisser-passer.

- Tu es notre laisser-passer.

- Les mercenaires ne sont...

- Apprenti, tais-toi, si tu ne veux pas que je t'y force, une fois de plus.

Il se tut. Mais j'avais l'impression qu'il n'avait pas totalement tort. Un détour parle château aurait pu être quelque chose de bénéfique à notre quête pour obtenir ce fameux laisser-passer sans avoir à se cacher dans la toundra. De plus, notre groupe n'était pas très discret et nous pouvions avoir l'air louche.

Nous venions de traverser le Fleuve de l'Hiver, un fleuve presque toujours gelé. Aujourd'hui il n'était pas encore totalement glacé, mais nous pouvions voir des amas de glace et de neige descendre des montagnes. Ensuite, il fallait que nous arrivions à traverser la chaîne de hauteurs qui entourait la capitale de Lananda ainsi que la forêt Gil'Da, où se trouvait la grotte que nous recherchions.

Nous voulions dans un premier temps utiliser le fleuve pour rejoindre l'autre côté des montagnes mais l'eau torrentielle nous en dissuada. Il nous fallait donc descendre tout au sud, vers la mer, pour passer près du Golfe et rejoindre l'autre côté sans avoir à nous mettre en danger dans les reliefs enneigés de Lananda.

Les jours suivants furent difficiles à supporter en terme de température. Le début était toujours le plus difficile, mais une fois en train de marcher, il était difficile de s'arrêter pour éviter de se refroidir. Nous avions en effet laissé nos chevaux dans une écurie pour être plus discrets. Ainsi, je ne parlais que très peu avec les autres personnes car lorsque nous établissions un campement, je n'avais en idée que de rejoindre ma tente pour me mettre au chaud même si parfois, il fallait ressortir pour manger. La plupart du temps, je demandais à Tristan d'aller chercher ma portion. Il était habitué à servir et je n'allais pas m'en priver.

Isaac semblait être la seule personne à supporter des températures aussi basses mais étant donné qu'il avait presque toujours vécu ici, ce n'était pas étonnant. J'aurai aimé lui demander des conseils pour mieux tenir, s'il en avait, mais Robin m'en empêcha vivement, répétant qu'il était aussi fou et cruel que sa sœur, mais qu'il cachait son jeu.

Je demandai des informations à propos de Callan aux autres personnes avec qui nous voyagions et bien que cela semblait vexer l'apprenti de Merlin, qui n'avait cesse de dire que sa sœur était folle mais pas méchante, les autres ne semblaient pas de cet avis. Il se disait qu'elle était une tortionnaire, qui pillait les royaumes voisins, capturait nombre d'innocents pour les torturer simplement pour le plaisir et avait un autel où elle sacrifiait des personnes de son peuple à des divinités impies. Dans ces moments, Isaac s'éloignait souvent du groupe, la mine sombre. Il n'avait pas assez de caractère pour protester longtemps, il préférait sans doute éviter d'entendre l'avis des autres au sujet de sa jumelle. Cependant je croyais les autres et me méfiait de cette reine. Beaucoup de personnes semblait penser cela et son frère ne devait pas être objectif quant à sa propre famille.


Ce fut lorsque nous arrivâmes à l'intersection entre la mer et la montagne que nous tombâmes nez à nez avec des mercenaires. Nous n'avions pas anticipé cette éventualité (mis à part Isaac qui disait que sa sœur aurait sûrement posté des gardes à cet endroit pour éviter les attaques que subissaient les autres royaumes mais personne ne l'avait écouté, encore une fois).

Ni une, ni deux, nous étions attachés et mis dans des cages en direction le château de la reine.

- Tu ne peux pas dire à ces idiots que tu es le frère de la reine ? lança d'un air dédaigneux Robin à Isaac.

- J'ai quitté Lananda il y a longtemps, ils ne vont pas me reconnaître. Et puis ce n'est pas plus mal, nous obtiendrons un vrai laisser-passer et l'aide de ma sœur.

- Arrête de dire n'importe quoi, elle va nous enfermer et nous torturer !

- Ce ne serait pas plus mal non plus.

Bien qu'ils avaient les mains ligotés, Robin se leva et se jeta sur son rival encore assis, qui riposta très rapidement d'un coup de pied en pleine tête. L'elfe tomba à la renverse, le nez saignant.

Alice s'approcha doucement du rouquin pour inspecter son nez :

- Ce n'est rien de grave. Maintenant arrête de provoquer les plus forts que toi.

Robin lança un regard noir à Alice puis Isaac.


Le voyage jusqu'à la capitale risquait d'être long, d'autant plus que nous étions ligotés dans une cage où le vent et le froid passait aisément.

Poussière de féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant