Poussière de fées

I - Chapitre 7 - Les élues

C'était un jeune homme de 25 ans - l'âge que semblait avoir la majorité des personnes de ce monde - grand, au corps plutôt athlétique, caché par une robe de mage bleue, très détaillée avec ces épaulettes dorées donnant au mage un air encore plus... magique ? Il avait un beau visage encadré par de longs cheveux châtains et des yeux d'un jaune étonnant.

- Le roi voulait que... j'aille voir Merlin et...

- Eh bien, répondit timidement le jeune mage, Merlin se repose du voyage dans sa chambre, je ne suis que son apprenti.

- Ah euh... je vais prévenir Tristan alors.

- Pourquoi tu étais venue ?

- Je devais faire la procédure pour les mortels, mais ça fait deux mois que je suis arrivée...

- Je peux commencer la procédure. Euh... assieds-toi. Là, dit-il d'un air peu assuré en me montrant un tabouret.

Je m'exécutai. Je ne savais pas en quoi consistait la procédure mais cet apprenti avait l'air plutôt maladroit. J'espérai que ce ne soit pas quelque chose de trop technique...

Il s'assit lui aussi, derrière sa pile de livres. Je le vis se saisir d'une feuille et d'une plume.

- Euh... attends.

Il fouilla parmi les grimoires, les carnets, ouvrit un placard et finalement s'attarda sur l'entassement de parchemins. Il les parcourut un à un d'un air stressé et je compris qu'il avait enfin trouvé ce qu'il cherché quand il parut satisfait.

- Désolé... Alors, comment est-ce que tu t'appelles ?

- Heini.

- Heini comment ?

- Heini Dufresne.

Il nota. Je n'avais pas cité mon deuxième nom de famille volontairement. Ce monde magique avait l'air d'avoir une dent contre les mortels, en particulier les écrivains. Et mon deuxième nom de famille, qui me venait de ma mère, était Andersen, comme l'auteur de contes, qui d'ailleurs était mon arrière arrière grand-père. C'était une information qu'il me fallait cacher.

- Comment es-tu arrivée ici ?

- J'ai suivi un lapin en pleine forêt et j'ai glissé sur des fleurs.

Je le vis se lever légèrement, pour me regarder par dessus le tas, comme pour me jauger.

- Un lapin ?

- Oui... c'est un problème ?

- Je ne peux rien dire. Je vais juste noter. Les fleurs étaient comment ?

- Jaunes... je crois. Et elles sentaient fort.

- D'accord, est-ce que... c'était du millepertuis ?

- Je ne sais pas à quoi ça ressemble.

Il souffla, agacé, et se releva, allant chercher autre chose et revint rapidement un livre de botanique en main. Il tourna les pages et m'en montra une.

- Est-ce que c'était cette fleur ?

- Je... je crois. Ça fait deux mois quand même.

Il leva les yeux au ciel et se rassit derrière sa muraille. Je l'entendis écrire.

- C'était donc un accident ?

- Oui, je ne savais pas que ce monde existait avant d'arriver.

- Des signes avant-coureur ?

- Des signes de quoi ?

- Est-ce qu'avant ton arrivée ici ton quotidien a été troublé par des événements de type...