II - Chapitre 10 - Dépression

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Deux semaines. Deux semaines où je n'avais pas réussi à sortir de chez moi. J'avais peur du regard des autres. Je ne voulais pas que l'on me juge par rapport à ce qu'il s'était passé. J'avais eu une autorisation du médecin pour ne pas aller en cours. Mais bientôt, j'allais devoir retourner en TD. Yun était venue pour me donner des notes mais je lui avais fait comprendre que je souhaitais être seule. Alors elle m'envoyait tout par mail. Je n'avais même pas regardé ce qu'il y avait écrit. J'avais perdu toute motivation. Je ne valais rien. Cette année, je ne l'aurai pas. Je ne validerai même pas ce semestre.

Je fuyais mon propre reflet comme la peste et je devais me faire violence pour ne serait-ce que manger. Et finalement, je m'empiffrai. Pizzas, sushis, burgers. Peu importait, du moment que je ne cuisinais pas. Les livreurs devaient connaître mon adresse par cœur à présent. Je m'étais isolée. J'avais bien fait comprendre à Alice que je ne voulais pas la voir non plus. Je me sentais honteuse,salie.

Et plus les jours passaient, plus ce sentiment de tristesse était remplacé par du vide. Un vide insupportable que j'essayais de combler à renfort de nourriture malsaine et d'alcool. Je me forçais à sortir de mon lit, mais j'étais lente. Inutile. La scène où Médéric avait tenté de me salir... de me violer. Cela repassait en boucle dans ma tête. Je ne voulais pas faire subir ma tristesse aux autres. Ils ne devaient pas me voir dans cet état. Je n'étais qu'un déchet. Plus capable de penser, d'étudier, de socialiser, de vivre.J'avais l'impression d'être une coquille vide, un de ces fantômes que je pouvais parfois apercevoir. Ils n'étaient pas venus ces jours-ci cependant. Heureusement. Je voulais être seule.

Et pourtant après deux semaines cloîtrée chez moi, on sonna chez moi. Je n'avais pourtant rien commandé. Alors je ne répondis pas. Et si c'était Médéric ? Il ne devait pas savoir dans quel état j'étais à cause de lui. Il en serait trop heureux. Je ne voulais pas lui donner ce sentiment de satisfaction. Mais je me demandais comment aller mieux. Le médecin m'avait conseillé un psychiatre. Je n'y étais jamais allée. Pas l'envie, pas le courage. Et si je disparaissais simplement ? À qui est-ce que je manquerai ?

En passant à la boîte aux lettres, c'était finalement le facteur qui était passé. J'étais paranoïaque.

J'avais fini par retourner en cours. Seulement pour les TD. Me concentrer était pour moi mission impossible. Mes pensées allaient toujours à cette fameuse soirée. J'aurai préféré ne pas m'en souvenir. Tout oublier. Mais ça ne fonctionnait pas comme ça.

J'évitais Yun. Je ne voulais pas lui parler. Ni à elle ni à personne d'ailleurs.

Alors que j'attendais mon bus pour rentrer chez moi, quelqu'un s'approcha :

- On a des nouvelles de Robin.

Je levai la tête. Isaac. Comme la première fois que je l'avais vu dans ce monde.

- Est-ce que c'est important ?

- Hmm, oui, plutôt. Tu devrais jeter un œil à la lettre.

- Donne-la moi. Je regarderai ça plus tard.

- J'ai besoin de la réponse aujourd'hui.

Je soufflai d'agacement.

- Viens chez moi alors, on verra ça là-bas.

Je n'avais pas envie qu'il vienne. Rien n'était rangé, tout était sale. Et je voulais être seule. Mais je voulais aussi rentrer dans mon cocon au plus vite.

Il rentra avec moi dans le bus et nous nous rendîmes à mon domicile.

Pas de commentaire sur la propreté s'il te plaît.

Il ne répondit pas. Nous rentrâmes et je fus accueillie par cette odeur de renfermé et mon lapin au milieu des vêtements qui traînaient au sol. Le mage s'accroupit pour saluer Pan Pan, ce dernier sûrement ravi de finalement voir une personne un tant soit peu positive.

Poussière de féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant