Je passai la nuit enfermée dans ma chambre, comme toutes les autres nuits, à l'exception que je savais que je n'allais plus dormir ici à présent. Alors que je ne souhaitais que rentrer chez moi, faire les études que je souhaitais et être enfin loin de la présence toxique de ma mère, me voilà partie à la recherche d'une épée magique dans des contrées mystérieuses, avec des personnes inconnues et une sorcière maléfique probablement à nos trousses.
Je ne pouvais être l'élue. Quand nous serions devant l'épée, Alice la sortirait sans problème de sa prison de pierre et on me renverrait chez moi, probablement après un sortilège d'oubli. Mais peu m'importait. Je n'avais aucun souvenir précieux dans ce monde. Je n'avais fait que m'y ennuyer.
Je ne dormis que très peu. Je pensais trop. À ce qui allait se passer, à cette histoire d'épée,de sorcière, d'élu, de la manière dont j'allais peut-être mourir. Deux combattants et deux magiciens, était-ce suffisant pour nous défendre ? Est-ce que mes parents me cherchaient ?Comment allais-je faire pour reprendre des études après une disparition étrange de plusieurs mois ? Comment expliquer cela ?
Le lendemain, j'avais l'impression qu'on avait oublié ma présence. On ne vint pas me réveiller ni me nourrir, ou m'accorder la faveur de me dégourdir les jambes dans le château et ses jardins. Je m'habillai cependant des vêtements de voyage, plus pratiques que mes robes habituelles, laissés sur un fauteuil, la veille.
Il s'agissait d'une chemise blanche, un pantalon de cuir et des bottes du même matériau. J'avais également à disposition une cape chaude, qui ne me servirait pas pour le moment mais qui s'avérerait utile la nuit... ou l'hiver, si le voyage durait longtemps.
Je dus attendre le coucher de soleil que Tristan ne vienne me chercher.
Je sortis et le chevalier m'escorta jusqu'aux écuries où nous montâmes sur un même cheval. Nous arrivâmes enfin dans la forêt. La forêt de nuit semblait étrange. Il y avait quelques lueurs qui passaient dans les arbres de temps en temps. Je me demandais ce que c'était. J'entendais également des murmures, comme si le vent parlait.
Nous arrivâmes dans un petit hameau perdu. Il était entouré d'un petit ruisseau, et le seul moyen d'accès était un pont où des détails floraux étaient sculptés dans le bois. L'eau ne semblait pas bien profonde. Nous descendîmes et Tristan m'indiqua d'entrer dans la maisonnette pendant qu'il attachait son cheval.
Je préférais cependant toquer et ce fut Anna qui m'ouvrit. Elle n'avait pas changé depuis notre rencontre. Elle me sourit d'un air bienveillant et me mena à l'intérieur où je découvris ce qui allait représenter notre petit groupe d'aventuriers. La garde forestière me les présenta. Il y avait Alice, Merlin et Isaac, comme je m'y attendais, ainsi qu'une femme aux formes généreuses, aux cheveux noir corbeau et vêtue d'une robe bleue. Elle était la seule, avec Merlin, à porter des vêtements peu pratiques pour un voyage. Elle s'appelait Mélodie et était apparemment receleuse en chef de la guilde des voleurs de Basmur. Son rôle était d'expertiser l'épée lors de notre quête. Il y avait également un autre membre de la garde. Une montagne de muscles de deux mètres de hauteur, portant dans le dos une épée à deux mains et à sa ceinture une masse à piques. Et Robin, un elfe roux aux yeux verts perçants, bouffon du roi mais surtout, scribe et bibliothécaire du château. J'étais étonnée que quelqu'un puisse occuper deux postes aussi éloignés en même temps.
Anna s'occupa de nos chevaux et des sacs à remplir pendant que Merlin nous expliqua le chemin que nous prendrions. Pour être honnête, n'étant pas une experte de la géographie de ce monde étranger, je n'écoutai pas. Je regardai plutôt la décoration de la chaumière d'Anna.
Nous étions actuellement dans un salon confortable dont le sol était recouverts de différents tapis, tous dans des motifs colorés. Les murs étaient remplis de peintures de paysages et d'étagères pleines de livres à propos de la faune, de la flore et de la chasse. Sur la cheminée trônaient un fusil rudimentaire et plusieurs dagues de dépeçage.
Il y avait un petit sofa de deux places et deux fauteuils, occupés par Merlin, Mélodie, Alice et Robin. Isaac était en retrait par rapport au groupe, dans des vêtements simples et les cheveux attachés, en train de lire un livre. Ivor restait planté à côté du fauteuil de Merlin, surveillant les alentours, comme si une meute de loups pouvait surgir de la cheminée. En repensant aux loups de mon rêve, je frémis.
Par la fenêtre aux mignons rideaux brodés de fleurs, je vis Anna et Tristan discuter et rire tout en chargeant les chevaux de vivres divers et variés.
Je ne me sentais pas à ma place. Tout le monde parlait et comprenait ce qu'il se passait. Mais pas moi. Je ne connaissais pas cette ville « Lananda » où nous étions censés nous rendre. La seule chose que je savais à propos de cet endroit c'est que c'était le seul endroit important qui n'avait pas été attaqué, que la reine était folle mais qu'ils avaient un accord politique avec le royaume d'Almoth, celui où nous étions actuellement.
Bientôt, nous étions partis. J'étais toujours sur le même cheval, devant Tristan qui tenait les rennes.
Il faisait nuit noire et la forêt paraissait toujours aussi effrayante. Les autres n'avaient pas l'air rassuré non plus. Il y avait toujours ces murmures inquiétants qui venaient d'ici et partout à la fois. Je regardai autour de moi pour localiser ces voix, qui me sommaient de m'approcher, me promettaient monts et richesses, prétendaient qu'elles étaient capables de me ramener dans mon monde... cela me faisait froid dans le dos. Tristan me chuchota :
- N'écoute pas ces voix. Il arrive que la nuit, les créatures d'Avalon viennent dans notre monde pour nous détourner du droit chemin. Mais ce sont des créatures maléfiques, incapables de dire la vérité. Nous les appelons des kobolds.
Je cherchais des yeux ces kobolds, afin de voir à quoi ils ressemblaient, puis je finis par avoir envie de m'endormir, bercée par le son régulier des sabots sur le sol.
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Poussière de fées
FantasyHeini est la descendante du célèbre Hans Christian Andersen. Cependant sa vie ordinaire de lycéenne n'a rien d'un conte de fées. Jusqu'en ce 21 juin, où elle se retrouve propulsée dans un monde parallèle où les histoires deviennent réalité. Elle se...