23 - Impero

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Avant même que les élèves et les adultes n'aient pu se relever, Lucius brandit sa baguette vers moi. Bien entendu, je levai la mienne en signe de protection, mais aucun sort ne me parvint, juste un sentiment d'allégresse. Toujours à genoux sur le sol, je ne pus m'empêcher de lâcher ma baguette, complètement perdue dans mes pensées.

«- Que, murmurai-je...»

J'avais l'impression de rester dans cet état durant des heures, alors qu'il ne s'était probablement passé qu'un milliardième de seconde. Je fixai d'un regard dénué de toute expression Lucius, tandis qu'il tournait les talons rapidement pour s'enfuir de la Grande Salle. Les professeurs se remirent vite de leur... absence, et se relevèrent afin de poursuivre le mage noir.

C'est alors qu'une force plus puissante que ma propre volonté me poussa à intervenir : je me levai et accourus vers les adultes qui se précipitaient dehors en jetant des sortilèges de protection autour de la pièce.

«- ATTENDEZ, hurlai-je sans le vouloir.
- Granger ?! Qu'est-ce qu'il vous prend ? Restez ici, s'exclama Flitwick !
- Je... NON ! Je ne... Suis pas... Je veux vous accompagner !!!
- Mais c'est trop dangereux !
- Je... S'IL-VOUS-PLAÎT !
- Laissez, Filius, intervint Brugmensia. Je pense qu'elle est assez puissante pour nous aider.
- Je... Très bien, capitula-t-il. »

Mme McGonagall me fixait avec des yeux septiques. Je priais pour qu'elle se rende compte que je n'étais pas maître de moi-même, et pourtant je n'arrivais pas même à hausser les sourcils de mon propre chef !

Une force inconnue me poussait à marcher, ou plutôt courir, vers les portes massives. Résister me coûtait beaucoup d'énergie, et je sursautai violemment lorsqu'une main s'abattit sur mon épaule. Je me retournai vivement, trop pour être typiquement moi, et découvris Drago, me regardant avec angoisse.

«- Tu es sûre, me demanda-t-il tandis que les professeurs s'étaient éclipsés ?
- N... J'en suis certaine.
- Alors je t'accompagne.
- SURTOUT P...! Oui, très bien, répondis-je contre ma volonté. »

"Par pitié, Drago, remarque que ça ne va pas !"

Il ne parut pas déceler mon appel à l'aide et me prit amoureusement la main. La petite voix terrifiante en moi me demanda de le lâcher, mais cette fois, je parvins à lui résister, même si je dus forcer éperdument sur la main de mon petit-ami. Nous sortîmes donc, à la recherche de Lucius Malefoy, alors que mon corps ne m'obeissait plus. J'étais indéniablement sous l'influence d'impero... C'en était terrifiant, je mourrais d'angoisse intérieurement, et pourtant, aucune émotion sur mon visage ne pourrait me trahir ! Je me sentais... Stupide. Inutile. J'aurais dû me protéger !

Mon corps marchait sans moi, comme si une autre personne était là, m'ayant repoussée dans les méandres de mon esprit !

«- Hé, ça va, me demanda Drago ?
- B... Bien, répondis-je maladroitement.
- Je n'en suis pas si sûr. Tu as l'air... Différente. S'il y avait quelque chose, tu me le dirais, n'est-ce pas ?
- Oui, bien sûr, mentis-je bien contre moi. »

La... présence avait beaucoup plus de facilité à manier mes gestes, cela me pétrifiait. Je me souvenais de ma quatrième année avec le faux Foloeil, celui qui nous avait à tous lancé le sortilège Impero. Harry avait réussi à résister, même quelques secondes, alors que moi je n'avais rien pu faire ! Plusieurs années plus tard, je n'y arrivais toujours pas, et pourtant, ce n'était pas faute d'essayer ! De toute mes forces, de tout mon être, je résistais. Mais la voix sifflante de Lucius dans mon esprit était trop puissante, trop... tentante. Son timbre était à la fois terrifiant, douloureux, mais aussi charmante et presque tendre, je dirais. C'est sûrement ce côté là qui me poussait à agir contre moi même. Il savait parfaitement comment me contrôler, à croire qu'il me connaissait parfaitement. C'en était déroutant. Il utilisait toutes les tournures de phrases qui me faisaient flancher, tous les moyens étaient bons. Et cela marchait. J'étais un stupide pantin à sa merci, livrée à lui, menant probablement ma propre personne à sa perte. Et j'étais... J'étais... Raah! Je ne pouvais rien faire !

Lorsque la lumière perce les ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant