Troubles

Chapitre 4

La rêverie est la vapeur de la pensée
- Victor Hugo

- Allô, Wes ? C'est Liz. Ça va ? Euh, je.... je t'appelles pour te dire que tu avais oublié de récupérer ta veste ce matin.

Décidément, j'étais aussi maladroite au téléphone que dans la vrai vie.

- Oh Liz, salut.C'est pas grave pour ma veste ça m'a fait plaisir de t'ai-
Attends une minute comment tu as eu mon numéro ?

- On me l'a donné pour que je puisse te contacter pour ta veste. J'espère que ça te dérange pas. Lui dis-je sûre de moi.

- Non, non c'est pas grave mais qui est ce «on» dont tu parles ?

J'hésitais un petit moment avant de répondre à la question de Wes et me demandais si cela n'aurait pas de conséquences sur Caroline.
Après tout, c'est elle qui m'avait donné son numéro.

- C'est Caroline. Lui dis-je avec un ton hésitant .

- Caroline McCalister ? La Caroline de notre classe ? Répliqua-il avec un ton quelque peu inquiet.

- Oui.

Je sentais comme une sorte de tension malsaine s'installer tandis que le silence se fit ressentir de plus en plus pesant à l'autre bout du fil. Quelques secondes plus tard, Wes reprit la conversation avec une voix sérieuse:

- D'accord. Tu peux garder la veste si tu veux ça me dérange pas Liz.

- Mais c'est la tienne, je voulais te la rendre !
Ce n'est pas grand chose comparé à l'aide que tu m'as apporté aujourd'hui. Répliquai-je déconcertée.

- Écoute Liz je dois te laisser.
Merci quand même d'avoir appelé, bye.

Avant même que je n'eut le temps de répondre, quelqu'un toqua à ma porte.
Je mis directement fin à l'appel téléphonique avant d'ouvrir la porte.

Ma mère entra en silence et s'installa sur mon lit parfaitement rangé.
Pendant un court instant je voulu lui dire de ne pas défaire mes draps mais je me ravisai aussitôt. Ce n'était pas le moment de parler de ménage et je sentais que ma mère avait à me parler.

- Liz ? Ton professeur de biologie m'a appelé ce matin pour me dire que tu as quitté son cours précipitamment. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Ma mère semblait réellement inquiète.
J'étais sur le point de la rassurer sur mon état mais la colère et la honte que j'ai ressentie toute la journée refirent surface.

- J'ai eu mes règles aujourd'hui Maman, j'étais terrifiée et je ne savais pas quoi faire alors j'ai quitté le cours de M.Rogers.
Mais surtout je ne comprenais pas ! Pourquoi tu ne m'en a jamais parlé ? J'ai l'impression d'avoir été une sorte de spécimen qui ne savait rien à rien ! Comment devrai-je me sentir alors qu'un garçon était plus compréhensif que ma propre mère ?

- Quel garçon ? Dit-elle comme si elle n'avait entendu que ça.

- Maman !

Elle s'apprêtait à répliquer mais se ravisa à temps.

- Je suis désolée ma chérie.
Je sais que j'aurais dû t'en parler mais tu semblais toujours être ma petite fille ! Je ne pensais pas que ça arriverait comme ça...

De toute évidence, je savais que ma mère mentait. Je suis peut-être ignorante mais je sais reconnaître des mensonges quand j'en entends. Comme quoi grandir dans une famille pareille m'apporte une sorte de super pouvoir.

- Un jour tu comprendras pourquoi je fais tout ça. Ne te méprends pas, c'est pour ton bien si tu savais.

Elle avait arboré un visage plutôt abattu et livide. Elle se leva et sortit de la chambre.

- Encore désolé. Murmura-elle en quittant la pièce.