Troubles

Chapitre 19

Ce que la mémoire de ton cœur retient,
ton cerveau ne peut pas l'effacer.
- John Joos

Alors que Wes était entrain de nous préparer des chocolats chauds, je réfléchissais à ce qui m'avais poussé à rester devant chez lui, m'obligeant maintenant à inventer mille et une excuses pour justifier ma présence ici, à cette heure si tardive. Mais je pourrais également lui dire la vérité, sur ce que j'ai découvert ces derniers jours, le fait que je sois complètement perdue, ne sachant que faire des sentiments que j'éprouve vis à vis de cette situation, vis à vis de lui...
Mais je n'avais pas envie de l'accabler avec mes problèmes, il n'a rien à voir avec tout ça.

- Tes parents ne sont pas chez toi ? Lui demandai-je pour couper court à mes pensées.

- Ma mère est partie en croisière aux Caraïbes et mon père habite New York.

- Ah, divorcés ?

- Ouais.

- Tu le vis comment ?

Il se retourna et me fixa avec curiosité.

- Désolé si je te met mal à l'aise avec ces questions, c'est pas mon intention.

- Oh non, t'inquiètes pas c'est rien.
Je pense juste que ce n'est pas de mes parents dont il faudrait parler, Liz.

Il posa les tasses sur sa table à manger et me fit signe de m'installait. La boisson dégageait une chaleur réconfortante entre mes paumes.

Un silence s'installa et nous attendions chacun que l'autre débute la conversation.

- Hmm, je suis vraiment désolée de te déranger comme ça à cette heure ci. Je sais que ça paraît bizarre que je sois ici mais je-

- Liz, il est plus de 3h du mat, tu es trempée et on est tout les deux fatigués. Faut que t'arrêtes de t'excuser comme ça, dis-moi ce qu'il t'arrive.
Parce que c'est pas normal que tu sois dans cet état.

Il avait parlé en toute honnêteté et ça se voyait qu'il voulait réellement savoir ce qu'il se passait. Tant pis pour le baratin, j'étais trop épuisée mentalement et physiquement pour mentir. Je soufflai sur mon chocolat chaud, pris une gorgée avant de raconter mon histoire dans les moindres détails.
Durant tout le récit, il ne toucha pas à sa boisson et m'écoutait avec attention, sourcils froncés.

- Alors c'est comme ça que tu t'es blessée à la joue ?

- Oui, on s'est disputé avant mon départ. Je me sens un peu coupable de laisser mon frère et ma mère avec lui.

- Je sais vraiment pas quoi dire...

Il serra ma main tout en me regardant avec un air désolé.

- Moi non plus, c'est complètement fou.
Mais si il y'a bien une chose dont je suis certaine,c'est qu'il faut que je le rencontre, Richard.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, en tout cas pas maintenant. C'est pas du tout le bon moment pour faire une enquête sur ton père, et même si c'est difficile, il faut que tu aies un comportement responsable.
Décroche ton diplôme, vis ta vie d'adolescente.
Tu auras tout le temps de t'occuper de problèmes d'adultes.

Je soupirai et lui sourit tristement.

- J'ai l'impression d'entendre un psychologue.

- Je sais, je sais...
En tout cas il y'a une chambre d'ami, tu peux rester jusqu'à ce que la situation se calme, ma mère sera d'accord j'en suis sûr.

- Je ne vais pas abuser de votre hospitalité, ce sont mes ennuis et c'est pas à vous de gérer ça.

- Certes, mais on peut t'aider à le faire.
Tu commences à saigner de la joue.

Je plaçai mon doigt sur mon éraflure et constatai qu'elle avait recommencé à saigner.

- Viens, y'a une trousse de secours dans la salle de bain.

Je finissais de désinfecter la plaie quand Wes rentra dans la salle de bain avec des vêtements à la main.

- C'est juste pour la nuit. Bon, c'est un peu grand parce qu'on fait pas la même taille mais tu devras faire avec, et puis c'est pas comme si t'étais pas déjà habituée à porter des vêtements à moi...

Il me sourit et regarda la veste que je portais, sa veste.

- Bon je suppose que tu dois me laisser me changer, à part si tu veux rester. Lui dis-je avec ironie.

- Euh...oui, je pars désolé.

Il ferma la porte derrière lui et je ne pus m'empêcher de rigoler.

Une fois habillée, je me rendis dans la chambre d'ami et m'assis sur le lit.
Wes toqua à la porte et vint de placer debout  en face de moi.

- Merci pour ce que tu fais pour moi.

- Si tu veux vraiment me remercier, reposes-toi et évites de chercher à savoir qui est ton père s'il te plaît.

- Tu sais très bien que je ne pourrais pas.

- Alors dans ce cas je viendrais avec toi.

- T'es pas sérieux ?

Il s'agenouilla devant moi et déposa un baiser sur mon front.

- On ne peut plus sérieux, bonne nuit Liz.

Il s'en alla et ferma la porte derrière moi.
Qu'est-ce que j'allais faire maintenant ?