Troubles

Chapitre 17

C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué
- Antoine de Saint-Exupéry

Mes parents étaient désormais perplexes.

- De quoi veux-tu parler, ma chérie ? Me dit ma mère.

- Assieds-toi s'il te plaît.

Elle s'exécuta tout en ayant un regard interrogateur.

- Bon, tu veux bien nous dire ce qu'il y'a ?
Dit mon père en perdant patience.

Je respirai un grand coup et balançai le dossier sur la table, le laissant à la vue de mes parents.
Ma mère devint blanche et mon père poussa un long soupir.

- J'ai juste une question, pourquoi ?

Ma gorge se noua en attendant leur réponse.
J'étais profondément blessée.

- Comment tu as eu ça ? Demanda mon père.

- Là n'est pas la question.

- Liz, ma cherie je peux tout t'expliquer...

- Oh vraiment, maman ? Très bien, explique-moi pourquoi ce dossier affirme que ton mari n'est pas mon père biologique !

- Change de ton tout de suite ! Cria mon père.

- Ferme-la Marcus ! Laisse-moi lui expliquer !

Mon père se figea et regarda ma mère complètement ahuri.
Il ouvrit sa bouche mais se ravisa au dernier moment, laissant apparaître une grimace de frustration. C'est la première fois que mon père  ou plutôt que l'homme qui se faisait passer pour mon père se taisait et ravala sa fierté.

Mais cela m'importait peu, j'avais besoin de réponses.

- Il y'a 16 ans, j'ai eu une histoire avec un homme qui se prénommait Richard Scofield, ton père biologique.

- Dis plutôt que tu te l'ai tapé alors qu'on était fiancés !

Ma mère jeta un regard noir à son mari et continua:

- Richard était une connaissance de Marcus à cette époque, nous nous sommes vraiment appréciés à un moment et, ça s'est fait voilà tout. Il n'était pas au courant de ma grossesse jusqu'à ce qu'il air vu une photo de toi, tu lui ressembles beaucoup. Il a eu des soupçons sur toi et a demandé un test de paternité, au début je n'étais pas d'accord mais je ne pouvais pas le laisser dans le déni. Et pour être honnête j'en avais aussi besoin car je ne savais pas si tu étais réellement sa fille. Je suis désolée de t'avoir menti ma chérie mais...

- Mais pourquoi ? Tu laissais Papa...Marcus me traiter comme une moins que rien mais tu laissais faire ! Et ça depuis des années! D'ailleurs, pourquoi tu as changé subitement de comportement avec moi Marcus ?

- Tu n'as pas à le savoir ! On m'a laissé croire que tu était ma fille pendant tout ce temps alors que mon enfant s'avérait être le bâtard de Richard !

Il devint rouge, signe qui montrait qu'il allait peter un câble. Mais j'étais aussi révoltée que lui.

- Tu te fous de moi ? C'est à moi qu'on a menti, toute ma vie ! Depuis mes 11 ans, j'avais besoin d'un père et tu t'es comporté comme un véritable connard ! Alors quoi tu as forcé la main de Maman pour qu'elle ne dise rien ? Tu voulais autant gâcher sa vie que la mienne ?

Je venais de crier mon ressenti à cet homme qui m'a fait du mal durant toutes ces années.
Il se leva et se saisit de son verre avant de le jeter vers moi. Tout se passa extrêmement vite. J'eu le temps de me baisser et un bout de verre se loges dans ma joue. J'essayais de me relever mais il renversa la table avec furie. Jamais je n'avais vu une telle violence. Ma mère s'était dirigée dans la cuisine et criai d'arrêter en le menaçant d'appeler les secours.

Je n'eus même pas le temps de réfléchir que je pris le dossier tombé au sol et me dirigeai dans ma chambre que je verrouillais.
La tension semblait s'être calmée en bas puisque je n'entendis plus de bruit.
Mais je n'arrivais plus à réfléchir, j'avais une boule au ventre et éclata en sanglot.
À ce moment là, je voulais disparaître, m'effacer pour toujours.

Je retirai le morceau qui s'était logé dans ma peau et désinfectai la plaie. Elle n'était pas aussi profonde que je ne le pensais.
Plus tard dans la soirée, quelqu'un toqua à ma porte.

- Liz, ma cherie ouvre moi s'il te plaît, il est parti. Je veux finir de t'expliquer.

Ma mère avait la voix cassée mais je n'osais plus bouger de mon lit.

- Laisse-moi tranquille, je suis fatiguée.

- Très bien, je t'ai fait ton plat préféré, si tu as faim tu le trouveras sur la table. Tu n'auras qu'à le réchauffer. Bonne nuit.

Je sentis ses pas s'éloigner de la porte.
Je m'endormis et quand je me réveillai, je vis que mon horloge affichait 2:00 du matin.
J'avais besoin de partir, je ne voulais plus voir mon père. Ma mère non plus pour le moment.
J'étais vide de l'intérieur. Toute ma vie était basée sur des mensonges. Sans même réfléchir, je pris un sac à dos et mis tout ce qui me semblait utile à l'intérieur : des vêtements, mes économies et surtout le dossier.

Je rangeai ma chambre et pris une photo de ma mère et moi à la plage, quand j'étais petite.
Avant de partir de ma chambre, je vis la veste de Wes, toujours à sa place. Je la sentis et vit qu'elle avait toujours cette même odeur, si réconfortante...
Je l'enfilai et m'avançai tout doucement dans la cuisine.

- Liz ?

Hugo avait un verre de lait à la main et me regarda avec surprise.

- Hey, tu dors pas ?

- Non, j'avais soif. Pourquoi tu as un sac ? Tu te prépares déjà pour le camping ?!

Du haut de ses 8 ans, Hugo était l'innocence incarnée. J'eus un léger pincement au cœur en me rendant compte que j'allais le laisser.

- Non, je vais en vacances quelques temps, d'accord ? Je veux que tu sois sage et que tu me promettes d'aider maman d'accord ?

- D'accord. Je t'aime Liz. Tu m'enverras une carte postale !

- J'essaierai d'y penser, promis. Lui dis-je en souriant tristement.

Je lui déposai un baiser sur le front avant de lui demander de repartir se coucher.

Une fois seule, je constatai l'ampleur des dégâts du à mon père tout à l'heure.
Je décalais une chaise tombée à terre et ouvris la porte. Il pleuvait intensément mais ça m'était égal.

Puis je m'engouffrai dans la rue.