Il devait être pas loin de 18h00 et le manoir des Devis était plongé dans l'obscurité. Zed avait rejoint sa chambre dans les combles peu après le déjeuner, Madeleine et Hadriès n'avaient pas tardé à le suivre, retrouvant chacun leur lit, non sans leurs chamailleries habituelles. Pour l'heure, il ne restait que moi, et cet instant de calme était une bénédiction. Les rideaux épais recouvrant les fenêtres avaient été tirés, les flammes de la cheminée crépitaient dans l'âtre, les chandeliers apportaient une faible lumière au salon, éclairant les murs de briques, leur donnant l'aspect de lave en fusion. Tout était réunis pour qu'une sage comme moi puisse enquêter sous les meilleures hospices. J'aimais ces instants solennel ou mon esprit fusait et démêlait l'indémêlable. Nous, les sages, avions une capacité de mémoire cent fois supérieure à celle de n'importe quel autre mage. Nous retenions tout. Le moindre mot, la moindre image, un son, une odeur. Notre esprit emmagasinait tout et le stockait dans un coin bien gardé de notre cervelle. J'avais des souvenirs de tout. De ma propre naissance, de mes premiers pas, du premier sourire de mon père au dernier de ma mère. Même les instants les plus futiles restaient gravés. Et nous n'en n'avions jamais assez d'apprendre.
Assise sur un coussin de velours émeraude à même le parquet, J'analysai une nouvelle fois le registre des catalyseurs. Y était inscrit chaque être ayant un jour fait parti de cette caste, chacun ayant servit l'Ordre jusqu'à sa mort. Ils étaient si peu nombreux que seules une dizaine de pages avaient été noircies. Je les connaissais par cœur. Chaque nom. Dans l'ordre. Je n'avais qu'à fermer les yeux pour revoir chaque page, visualiser chaque signature, chaque calligraphie, chaque date. Mais rien n'était plus réjouissant que de sentir le papier se froisser sous mes doigts. Alors je le feuilletai, encore et encore. Je savais que je n'en apprendrai pas plus, mais cette manie me permettait de faire le vide, et de trouver ce qui m'aurait peut-être échappé.
La caste des catalyseurs avaient été décimée. J'en était persuadée. Quand la plupart des mages voyaient là une simple extinction naturelle, moi je reconnaissais là l'œuvre de l'ombre. Les périodes concordaient beaucoup trop pour n'être qu'une simple coïncidence. Le maléfice qui pesait sur les chuchoteurs avait lentement agis, s'étendant au fur et à mesure des années, comme un parasite invisible et prudent. La malédiction avait vu le jour il y avait environ vingt ans, là où la plupart pensait qu'elle ne datait que de dix ans. Et cela ne pouvait être un simple hasard, que l'extinction des catalyseurs remontent à la même période. Cela ne pouvait dire qu'une seule et unique chose :Les catalyseurs étaient une menace pour l'Ombre. Restait à savoir pourquoi ?
Une brise glaciale se mit à caresser ma nuque et j'eus un frisson douloureux. Les fenêtres et portes étaient toutes closes, à moins qu'Hadriès, Madeleine ou Zed ne se soient éveillés ? Le parquet se mit à craquer quelques mètres derrières moi et je sus alors avec certitude que je n'étais plus seule. Je retins mon sursaut et vérifiais que la fiole paralysante était toujours en ma possession. Si la bête de Zed avait bien une particularité, c'était qu'elle savait se montrer fourbe et discrète. Le bois craqua une seconde fois, signe que mon assaillant approchait. Je pris appuie sur mes mains, prête à me relever pour contrer l'attaque et jetai un œil sur le poignard empoisonné que Madeleine avait alors concocté en dernier recours. Je ne souhaitai pas l'utiliser, oh non. Mais j'avisai tout de même sa position, au dessus de la cheminée, à ma droite.
Un troisième craquement, et je su que le moment était venu pour moi d'agir. Inspirant à plein poumon, je me relevai brusquement, sorti la petite fiole de ma poche, me retournai, et la projetai contre mon assaillant.
Oh !Non !
Lauren !
-Sophie ! Ce n'est que moi !
La petite fiole traversa le corps de mon élève comme de la fumée. Elle vint s'écraser contre le mur de brique en un bruit assourdissant avant d'éparpiller tout son contenu sur le parquet.
-Lauren, mais qu'est-ce que tu fais là ? Et qu'est-ce qu'une songeuse comme toi fait avec un projiectre ?
Lauren n'était pas là en chair et en os. Ce qui expliquait que la fiole l'ait traversée et non pas paralysée comme elle aurait du. Et, il n'y avait qu'un projiectre pour lui permettre un tel voyage jusqu'à chez moi.
-Il fallait que je vous vois Sophie.
Cette fille, bien que songeuse, me faisait beaucoup penser à moi quelques années auparavant. Elle était l'une de mes meilleures élèves, surpassant parfois même les éléments de ma propre caste. Jamais je ne l'aurai dit à haute voix. Nous les sages, étions fiers, et nous considérions notre caste comme la plus évoluée. Mais Lauren avait quelque chose que j'admirai beaucoup. Du haut de ses seize ans, elle était débrouillarde, passionnée et toujours perspicace. Elle n'avait peut-être pas une mémoire comme la notre qui lui permettait de tout retenir, mais elle savait faire le trie et ne conserver que le plus pertinent. Ce qui finalement était peut-être plus louable.
-Ne pouvais-tu pas attendre le prochain cour ? Et que fais-tu donc avec un projiectre ?
La silhouette brumeuse de Lauren s'approcha un peu plus, faisant de nouveau craquer le parquet. Cela me paraissait toujours étrange qu'une projection ait suffisamment de poids pour faire trembler le sol, mais pas assez de consistance pour s'emparer d'objets. Ses longs cheveux noirs tressés se fondaient parfaitement dans la fumée, et ses yeux d'onyx semblaient des plus inquiets.
-Le projiectre appartient à ma famille depuis des décennies. Un chuchoteur l'avait fabriqué pour nous. Sophie, je ne pouvais pas attendre, j'ai eu une vision, la nuit dernière, dans mes rêves.
Pas étonnant pour une songeuse. Mais en quoi cela me concernait ?
-Vous en faisiez parti. Précisa-t-elle, comme si elle lisait dans mon esprit. Vous, trois autres mages et... Heu. Une humaine. Vous étiez sur le point de mourir. Tous.
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La suite... Tout de suite :)
(Je fais des chapitres courts, car comme vous le savez, je dois toujours décoller les mots, parce que je ne sais ps pourquoi j'ai toujours ce bug Wattpad.. Et il m'arrive très souvent de perdre ma correction avant la fin et de devoir tout recommencer... Grr alors je reste prudente..)
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Le Cercle de Moonstone
Siêu nhiênLe monde des mages est sur le point de disparaître... Les massacres se succèdent, la malédiction se répand, les membres de l'Ordre demeurent silencieux... Mais dans la petite ville de Moonstone, Hadriès, Madeleine, Zed et Sophie, anciennement étudia...