Chapitre 18: Alexie : Partie 2

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Arrivée à la dernière marche, je le vis. Zed. Acculé contre le mur du fond, les poignets entravés au dessus de sa tête. Ce mage dont ont m'avait déjà tant parlé en à peine 48h00. Cette bête autrefois garçon, que je redoutais hideuse et repoussante mais qui n'était pourtant qu'un homme. Un jeune homme de quelques années mon aîné. Un garçon au regard de mort, aux traits épuisés et à l'aura aussi tendre qu'impitoyable. Un homme dont je ne pouvais ignorer l'incroyable beauté. Repérant ma présence, il leva les yeux vers moi, rivant son regard curieux au mien. Et je voyais tout. Tout de lui. Les moindres recoins. Le moindre mystère. La moindre envie. Le plus petit désir. Il n'avait aucun secret pour moi. Pas un seul. La mort l'enveloppait d'un voile épais et lourd. Elle s'insinuait en lui comme une obsession, obscurcissant jusqu'à sa dernière part d'humanité. Elle était ce qui faisait de cet homme une bête imprévisible et dangereuse. A l'image d'une drogue, elle le privait de toute lucidité. Je ne voyais rien de son passé, ni de son présent. J'avais rapidement compris que mon don n'était que sensations. Je ne pouvais le voir enfant, ni même accéder à ses souvenirs. Je savais seulement qu'il fut un temps ou cet homme était heureux, aimé et chéri. Je ressentais le chagrin de son adolescence, comme s'il m'appartenait. Je percevais le parfum du deuil, du manque et de la solitude. Puis celui de la colère, tenace et dévastateur. Tout ça, dans une chronologie parfaite et sensée. La séparation de son être fut le plus douloureux, comme si une lame émoussée tentait par tout les moyens de découper son corps. C'était lent et insidieux. Pervers et odieux. Je supportais sa lutte. Une lutte acharnée mais pourtant vaine. La souffrance était intolérable, elle me poussa presque à crier. Mais cette souffrance n'était pas mienne. Je la ressentais sans pour autant la subir.

Avec précaution, je m'approchais de Zed, jusqu'à atteindre son espace. Je le savais faible, incapable de m'attaquer. Aussi, je m'avançai encore, déposant le verre d'eau à ses lèvres sèches, qu'il vida presque désespérément. Des dernières goûtes, j'humectais son visage et y passait une main douce et délicate, réveillant sa surprise.

Récupérant le verre, je reculais de quelques pas, et m'installais en tailleur à même le sol froid et humide.

-Tu es courageux, murmurai-je, sans quitter son regard d'un noir d'obsidienne.

Il était profond et parlant. Bien loin de l'impassibilité mal maîtrisée de ses traits.

-Zed n'est pas là, sourit-il, fier.

-Je te parle à toi. Et, au dernière nouvelle tu t'appelles Zed toi aussi. Je me trompe ?

L'homme s'adossa aussitôt contre le mur, redressant son buste. Les yeux plissés, il m'observa plus attentivement cette fois, m'étudiant sous tout les angles, comme pour m'intimider.

-Aux dernière nouvelles, on m'appelait surtout « la bête » ou, « démon », mais... Oui, je me nomme Zed.

-Je le sais... Et je le répète, tu es courageux, Zed.

Un large sourire dévoila de magnifiques dents blanches, aussi claires que l'éclat de la lune.

-Te tuer serait un jeu d'enfant... Chuchota-t-il alors qu'il inspirait mon parfum de ses narines frémissantes.

-Dans mon monde, les enfants enchaînés dans une cave peuvent difficilement jouer et encore moins tuer. Dis-moi, Zed, comment t'y prendrais-tu ?

Un éclat démoniaque s'alluma dans ses yeux sombres.

-Je pourrai te manger... Suggéra-t-il.

-J'ai très mauvais goût.

-Vestimentairement parlant, c'est pas faux.

Le Cercle de MoonstoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant