Les voyages interminables à l'hôpital, Samantha « Sam » Collins connaît ça sur le bout des doigts. À la suite d'une greffe, elle voit sa vie bouleversée. Entre convalescence, traitements et rééducations, elle se retrouve à suivre les recommandations...
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Assise en tailleur, mon plateau de sushis sur les jambes, je tente de ne pas rire en voyant la tête que fait Allen à chaque bouchée que je mange. Après avoir fait une halte au restaurant japonais le plus proche, il s'est garé sur un parking pour que je puisse manger tranquillement et depuis, il me regarde comme si je mangeais quelque chose d'avarié.
Depuis que nous avons quitté la fête, nous n'avons pas eu de réelles discussions. Je me sens un peu mal à l'aise. Comme si un poids pesait sur mes épaules. Une sensation étrange que je ne peux expliquer et qui n'a pas lieu d'être. Encore une fois, Allen brise le silence :
— Je ne comprends pas comment on peut aimer manger du poisson cru.
— Tu as déjà goûté avant de juger?
Je suis prête à mettre ma main à couper qu'il n'a jamais goûté.
— Non.
J'avais raison. Il juge sans connaître.
— Tu veux goûter?
Je lève un california roll vers lui après l'avoir coincé entre mes deux baguettes. Ses deux yeux bleus se posent sur lui.
— Qu'as-tu à perdre?
Il inspecte le california roll du regard avant de hausser les épaules. Il enroule ses doigts autour de mon poignet, le dirige vers sa bouche et mange ce qui se trouve au bout de mes baguettes. Il mâche longuement en fronçant les sourcils avant d'ajouter :
— Bon. C'est pas si mauvais que ça.
Le voir revenir sur ses positions me fait sourire. Comment ne pas aimer les sushis de toute façon?
— Tu vois.
— T'emballe pas, je n'ai jamais dit que c'était bon non plus.
Je souris à sa remarque avant que le silence retombe dans la voiture pendant que je finis mon plateau. Allen gigote sur son siège en soufflant. Je vois bien que ce silence lui pèse mais qu'il ne sait pas comment le briser. D'un côté, je suis heureuse qu'il essaye sans cesse de lancer la conversation. Je n'ai pas à le faire au moins. Je n'ai jamais été très doué pour parler avec les gens que je ne connais pas vraiment. Il m'arrive de le faire par dépit mais rien de bien glorieux.
Au lycée, j'étais vraiment entouré. Malgré ma passion pour la lecture et la danse, j'avais réussi à m'intégrer parmi les cheerleadeuses et les footballeurs. Je pensais qu'ils étaient mes amis. Au fond de moi, je le pensais vraiment. Mais non. J'ai passé un an à l'hôpital et je n'ai eu aucune visite. Pas même une seule. Je pensais avoir des amis. Mais en fait, j'étais seule. C'est fou comme j'étais naïve.
Maintenant, je suis dans une nouvelle sorte de convalescence. Je dois combattre la petite voix à l'intérieur de moi qui me dit de me méfier de tout le monde.
— Parle-moi de toi.
Encore une fois, la voix d'Allen me sort de mes pensées. Je dois faire un effort pour ne pas passer pour une insociable de service.