HIDDEN [RÉÉCRITURE EN COURS]

Chapitre 31

— Est-ce que quelqu'un pourrait se bouger le cul et me ramener la mise en page de l'article sur les employés de la cafétéria ?, s'écrie Jules, déjà rouge de colère.

Un brouhaha assourdissant s'élève autour de moi quand les journalistes entendent résonner la voix du rédacteur en chef du Yale Daily News avant que des dizaines de têtes se tournent dans ma direction. L'air semble se raréfier à la seconde où je comprends que c'est de mon article dont il s'agit. Du coin de l'oeil, j'aperçois Jules qui semble fulminer et perdre patience.

Je me redresse avant de passer maladroitement entre mes collègues pour rejoindre le bureau de notre directeur de rédaction. Quelques chuchotements retentirent dans la pièce tandis que le regard de Jules parcourt mon article à la recherche de la moindre faille. L'angoisse est telle que je peux entendre les battements de mon coeur résonner dans mes tympans.

Tout le monde est à l'affût, dans l'attente de sa réaction. Jules est connu pour être quelqu'un d'impitoyable. Son perfectionniste lui a permis d'être le plus jeune rédacteur en chef qu'ait connu le Yale Daily News depuis sa création. Alors, peu importe si cela ne fait que deux jours que je suis ici. Toutes les personnes présentent dans cette pièce savent qu'il ne me fera pas de cadeau.

Le jeune rédacteur en chef relève les yeux vers moi avant de m'offrir un sourire crispé en me tendant mon article.

— Recadre-moi la photo. Je veux que le personnel soit vraiment au centre de la photo. Et profite-s'en pour mettre la photo en tête de l'article et non sur la droite.

Un « s'il te plait » lui aurait écorché la gorge.

Je ne relève pas son manque de politesse.

Au lieu de cela, j'acquiesce et tourne les talons pour retourner à mon bureau en essayant de ne pas prêter attention aux quelques regards curieux toujours dirigés à mon égard.

Comme toujours, les journalistes s'activent pour répondre aux directives du rédacteur en chef avant l'envoi définitif du journal à l'imprimeur. Cette effervescence m'excite plus qu'elle ne m'effraie. Toute cette agitation réussie à booster mon adrénaline, ce qui me permet de finir toutes les modifications de mon article en une dizaine de minutes.

Lorsque je suis pleinement satisfaire de mon travail, je pars déposer mon article finalisé sur le bureau de Jules. Son regard glissa d'abord sur mon visage avant de remonter sur la feuille face à lui. Néanmoins, l'air contrarié qui déforme peu à peu son visage calme tout de suite mon subit élan de confiance. Un silence pesant s'installe entre nous avant qu'il ne finisse par retrouver son air impassible.

— C'est bien. Tu peux envoyer ton article à Veronica pour qu'elle l'ajoute à la maquette et qu'elle puisse l'envoyer à l'imprimeur, m'annonce-t-il sans grande conviction.

Ni plus. Ni moins. 

Mais je me contenterais ça. C'est un bon début.     

Alors que je me rends de nouveau à mon bureau, Nathan me coupe dans mon élan et m'attrape par les épaules, m'obligeant à lui faire face.