Lorsque le Mage fut assis, toute la salle en fit de même. Sans que je sache pourquoi, j’étais légèrement mal-à-l’aise. De cet homme à l’apparence pourtant ordinaire se dégageait une impression de force. De puissance. Tout son physique, de ses yeux bleus à ses courts cheveux poivre et sel, m’intimidait. C’était le genre de personne qu’il ne valait mieux pas embêter.
Le Mage frappa dans ses mains, et une foule de serviteurs vêtus de tuniques rouges apporta de larges miches de pain, ainsi que des fruits. Ne me demandez pas d’où viennent les fruits dans ce pays glacé, je ne saurais pas vous répondre !
Je coupai avec satisfaction trois larges tranches de pain, que je recouvrai d’une épaisse couche d’une sorte de pâté. Je n’avais pas l’habitude de manger salé au petit-déjeuner, mais là j’avais suffisamment faim pour manger un renne entier ! Un vrai renne, hein, pas un garou…
Et puis je n'avais vu nulle part mes céréales habituelles.
Mon voisin (pas Garlick, l’autre !) se tourna vers moi.
— Tu es Alphonse, c’est ça ?
Eh oui, à peine arrivé, je suis déjà célèbre !
— Mes amis m’appellent Al. Mais toi, tu peux m’appeler Alphonse.
Son air interloqué me fit immédiatement comprendre qu’il ne devait jamais avoir vu Aladin. Et que j'allais devoir revoir mes référence.
— Je m’appelle Kamel, continua le garçon à la peau bronzée et aux cheveux plus noirs que le charbon. Je suis un Nomade.
Il attrapa trois pommes et se mit à jongler avec à l’aide d’une seule main.
— Les Nomades vivent dans la Grande Plaine, me souffla Garlick (je commençai à bien l’aimer, celui-là...). Ils sont sans cesse en mouvement car ils vivent dans des caravanes, et ils sont particulièrement habiles et doués en magie. C’est le peuple de la liberté...
— Je viens de la Terre, expliquai-je à Kamel, alors je ne connais pas grand-chose de votre monde. Heureusement que Garlick est là pour me donner un coup de sabot de temps en temps...
— Un quoi ?
Je ne pus masquer mon sourire.
— Coup de main, coup de sabot... Un renne, ça a des sabots, pas de mains... Alors il ne peut pas donner de coup de main...
Garlick leva les yeux au ciel et Kamel fronça les sourcils.
Bon, j’étais désormais sûr d’une chose. Soit les habitants de Yalforev n’utilisaient pas les mêmes expressions que le Terriens, soit ils manquaient cruellement d’humour. Je votai pour la première hypothèse, parce que des jeux de mots, j’en avais encore plein mon sac...
Une fois le petit-déjeuner achevé, la salle se vida peu à peu, et le Grand Mage disparut dans les premiers. Un homme trapu aux cheveux noirs coupés en brosse et à la mâchoire carrée se dirigea vers nous.
— Bonjour les jeunes ! nous lança-t-il d’une voix de stentor, ce qui fit tant sursauter Eleana qu’elle renversa sa chaise. Je suis Patrick Parick, votre professeur de sport.
— Bonjour M’sieur..., marmonnèrent quelques élèves avec peu d’enthousiasme.
M. Parick ne parut pas se formaliser. Il afficha un large sourire et s’exclama : « Le dernier arrivé a perdu ! », avant de se diriger au pas de course vers la porte.
J’échangeai un regard avec Garlick avant de me précipiter à mon tour, entraînant derrière moi l’ensemble de mes camarades. Après de nombreuses glissades sur le sol gelé, nous étions sortis de la forteresse et nous nous trouvions dans une petite clairière au milieu de la forêt, trempés et grelottants. Tout compte fait, la neige c’est bien, mais à petite dose...
VOUS LISEZ
Le mage rouge. Le roman de l'Apô-ny, tome 1 (histoire terminée)
FantasyAlphonse (Al), un jeune terrien, reçoit la visite d'un étrange personnage lui proposant d'intégrer une prestigieuse école dans un pays lointain. Transporté dans un monde parallèle, il se découvre capable de manier la magie et devient l'apprenti du M...