Le mage rouge. Le roman de l'Apô-ny, tome 1 (histoire terminée)

43. Je prends des bonnes résolutions

Toutes les bonnes choses ont une fin. Toutes les mauvaises aussi.

Au mois d'août, la neige avait enfin fondu en l'Apô-ny.

Finies les batailles de boules de neiges et les courses de traîneaux. Mais aussi finies les chaussettes mouillées, les plaques de verglas et les rhumes à répétition. Vous ai-je déjà dit que j'ai toujours détesté la neige ? Ah ? J'avais affirmé l'inverse. Hm... possible...

Découvrir la Forteresse Rouge entourée de verdure fut la surprise qui nous attendait au retour des vacances. En effet, nous n'eûmes aucun cours au mois de juillet, et j'en profitai pour visiter Wanojii, le royaume natal de mon camarade Adao.

Yalforev était constitué de sept royaumes, chacun dirigé par l'un des sept Grands Mages : en plus de celui de l'Apô-ny et de Wanojii, il y avait par exemple le royaume de la Plaine, où vivaient les Nomades comme Kamel. Le royaume de Daïde était le plus riche grâce au commerce, et c'était aussi, comme par hasard, celui d'où venait Prolff. D'autres royaumes étaient bien plus isolés, comme l'île des Mercenaires (peuplée de grosse brutes qui ne reconnaissent même pas l'autorité de l'Empire),  patrie d'Ektor, ou encore le Royaume de Beauréal situé dans les hautes montagnes.

Pendant les vacances, mes camarades étaient presque tous rentrés chez eux. Seuls Kamel, Garlick et moi avions accompagné Adao à Wanojii.

Comment dire... je ne m'attendais pas à ça.

Wanojii était situé dans une jungle humide et presque impraticable, où la chaleur était étouffante. Ses habitants utilisaient très peu la magie. Ils avaient tous une peau sombre magnifique et des yeux dorés, et vivaient dans des grands bâtiments de métal, où la technologie était omniprésente. La végétation occupait également une grande place dans les villes, mais pouvait se révéler dangereuse, de même que les insectes en tout genre qui peuplaient la jungle. Je me fis attaquer par un frelon aussi gros qu'une orange, et je faillis me faire manger par une plante carnivore déguisée en innocente plante verte. À ces détails près, mes vacances furent vraiment géniales ! À l'exception de la culpabilité qui me rongeait à l'idée de ne pas pouvoir donner de nouvelles à Jade. Partir un mois sans prévenir était plutôt... délicat vu notre dernière rencontre, et je priais très fort pour qu'elle ne m'en veuille pas à mon retour, début août.

La fonte de la neige entraîna cependant une conséquence autant inattendue que déplaisante. Je ne pouvais plus utiliser le traîneau (après tout, Carotte aussi avait le droit à des vacances) : rejoindre le château de glace à pied me prendrait au moins une journée ! Je ne pouvais pas m'absenter aussi longtemps !

La mort dans l'âme, je décidai donc de rester à la forteresse, pour me consacrer aux examens qui approchaient. Tous nos professeurs (à l'exception de monsieur Héma qui ne paraissait pas au courant) nous parlaient en effet de nos examens de fin d'année, qui auraient lieu en décembre. Une note en dessous de la moyenne, quelle que soit la matière, nous ferait renvoyer, ôtant toute chance de devenir un jour le grand mage de l'Apô-ny.

— Il ne faut pas oublier, répétait le lutin-en-chef avec satisfaction, que seul l'un d'entre vous deviendra grand mage. Si vous n'êtes même pas capable de réussir ces petits examens, alors ce ne sera pas vous...

Je déteste qu'on me mette la pression. Et surtout, je refusais d'être renvoyé !

Je sais que je ne suis pas fait pour le protocole ou pour les relations diplomatiques, mais j'ai réalisé que je voulais vraiment être grand mage. Pourquoi ? Eh bien, parce que le Mage Rouge a la classe, vous ne trouvez pas ?

Le lutin-en-chef trouverait cette raison futile et indigne d'un futur souverain. Moi je la trouve suffisante pour réviser les examens.

Oui, vous m'avez bien entendu. Moi, Alphonse Dupin, je vais réviser pour des examens.