52. On débat à mon sujet

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Dans les films, je suis toujours déçu par les « happy end ». Je trouve ça niais et prévisible.

Mais croyez-moi, quand ça vous arrive pour de vrai, c'est nettement plus sympathique !

Le lendemain de mon épreuve finale, la nature de mon « cadeau » s'était répandue comme une traînée de poudre dans la forteresse. Et avait été plutôt mal reçue.

Je croyais ma dernière heure arrivée : les professeurs murmuraient à mon passage, mes camarades me jetaient des regards à la fois inquiets et exaspérés, et le lutin-en-chef écumait de rage. Pourtant, j'avais cru bien faire !

Seul Prolff avait l'air plutôt content.

— Il va se faire renvoyer ! Il va se faire renvoyer ! chantonnait-il sans cesse avec un grand sourire.

Inutile de préciser que je ne profitai pas beaucoup de ma dernière journée à la Forteresse.

Les professeurs firent des allées et venus dans notre tente pour nous ensevelir tous sous des montagnes de recommandations d'études pour les grandes vacances. Seul monsieur Héma nous conseilla de partir loin, et de référence dans un endroit où il faisait chaud, pour nous changer les idées et oublier le climat glacial de l'Apô-ny. Manque de chance pour moi, les mois de décembre et de janvier sont rarement les plus ensoleillés à Paris...

Je dus aussi faire ma valise, opération que j'avais gardée pour le dernier moment et qui me prit... un certain temps. Nous avions reçu l'autorisation de nous rendre pour cela dans nos anciens dortoirs dont les travaux de rénovation étaient presque terminés. C'était incroyable de constater à quel point mes affaires avaient pu s'étaler !

Je retrouvai ma peluche Yoda, de vieux paquets de bonbons terriens sous mon lit, une paire de chaussettes sous le canapé du salon commun, mon diabolo dans la chambre de Kamel (je le soupçonne d'ailleurs d'avoir tenté de le voler), et même une page du règlement intérieur au fond de l'armoire. Cette relique qui avait été miraculeusement épargnée me rappela avec émotion mon arrivée à la Forteresse. Cette époque me paraissait déjà si lointaine ! Dire qu'il y a moins d'un an, j'ignorais encore l'existence de la magie ! Je ne connaissais même pas Garlick, Kamel, Adao, et tous les autres (même si dans le cas de Prolff, c'était déjà moins grave...) !

Après quatre longues heures de rangement, ponctuées de recherches d'objets en tous genres dans la Forteresse, ma petite chambre me parut bien vide. Je l'embrassai du regard avant de la quitter, même si ce n'était qu'un au revoir.

Car j'étais bien déterminé à me battre pour revenir l'année prochaine.

Avoir offert à une petite fille le plus cadeau de sa vie ne m'empêcherait pas de devenir Mage Rouge! Maintenant que j'avais un objectif, je n'allais pas l'abandonner si facilement !

Je retrouvai mes camarades dans la salle d'honneur. En effet, le Mage Rouge y organisait une sorte de réunion, sans doute pour nous donner lui aussi quelques consignes avant nos vacances.

Officiellement, c'était une cérémonie publique pour clôturer l'année. Personnellement, j'envisageais plutôt cela comme une annonce publique de mon renvoi.

La salle était comme à son habitude remplie de courtisans, assis pour les plus chanceux d'entre eux sur des banquettes rouges et moelleuses, debouts pour les autres. Les conversations allaient bon train et les cuisiniers allaient et venaient les bras chargés de plateaux de nourriture, le tout sous le regard de glace du Mage Rouge qui trônait sur son siège en bois sculpté. Je me frayai un passage jusqu'à mes camarades de classe, assis au premier rang. Je remarquai que nos professeurs étaient également présents, assis juste derrière nous.

Le mage rouge. Le roman de l'Apô-ny, tome 1 (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant