ÉPILOGUE

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Quatre mois plus tard...
Boston, Massachusetts, USA.

  Je regarde le couché de soleil sur l'océan, laissant les derniers rayons du soleil réchauffer ma peau.
Je m'assois sur le sable chaud et sort un papier froissé, abîmé, jauni de ma poche.
La lettre d'Eden.
Je me suis chargée de rassembler ses affaires, quelques semaines après son décès. Quand j'ai retiré le violon de son étui pour l'épousseter, j'ai trouvé cette lettre en dessous. Mon nom était écrit dessus au stylo doré, de la magnifique écriture de ma sœur.
Je ne peux m'empêcher de la relire encore et encore depuis que je l'ai trouvé.
Toutes les fois où je sors cette lettre, les souvenirs de la nuit de sa mort me reviennent. Je me remémore son sourire serein, son visage apaisé. Elle est partie la conscience tranquille, comme elle le voulait.
Ce soir là, maman et moi avons dormies à l'hôtel. Nous nous sentions incapables de retourner dans notre maison, chargée de souvenirs. Toute la nuit j'étais restée éveillée.
J'avais compris qu'une page de ma vie se tournait, qu'il fallait tout recommencer.
Et c'est ce que nous avons fait.
Maman et moi avons chercher une nouvelle maison, dans le Massachusetts, proche d'Harvard où j'étudie.
Ma mère travaille dans un hôpital de Boston, où, en plus de son travail d'infirmière, elle tient un groupe de parole pour les parents ayant perdus un enfant.
Après la rentrée, j'ai rapidement perdu contact avec Tessa, partie en France pour ses études. Jordan a suivit Lydie en Arizona. J'ai souvent des nouvelles d'eux, et leurs anecdotes me font toujours beaucoup rire.
Je n'ai pas reparlé à Gaby depuis la soirée du lycée, à l'infirmerie. Je ne voulais pas. Il m'a trop déçue.
Evidemment je suis toujours en contact avec Emily, qui demeure ma meilleure amie, et qui a était d'un immense soutient après le décès d'Eden.
Et puis il y a Michael. Michael qu'une part de moi, le Cœur, aimait toujours. Mais après cette fameuse nuit, je ne pouvais m'empêcher de l'associé à l'Avant. Avant la mort d'Eden.
Il fallait que j'avance.

  Je soupire et déplie la lettre. Doucement, avec une précaution infinie. Je n'ai même pas encore posée les yeux sur les premières lignes écrites de l'écriture soignée de ma jumelle, que déjà les mots me viennent. Tout en fixant le soleil couchant, je me la récite la missive dans ma tête.

« À ma très chère sœur jumelle, mon aînée de une minute et trois secondes : Aza Catherine ROBERTS.
Je n'ai que dix sept ans, et pourtant je suis là, assise sur une vieille balançoire grinçante à écrire mon testament. Les balançoires sont pour les enfants, les testaments pour les adultes. Je suis entre deux âges et j'y resterai probablement toujours.
J'aurai pu écrire cette lettre dans les règles de l'art ( Peut on considérer le testament comme un art ? ), mais je n'ai jamais aimé être dans les normes.
J'ai choisi cette endroit pour écrire pour deux raisons: la première étant que on y est au calme. La deuxième étant que ce lieu est chargé de souvenirs pour nous: maman et papa nous emmenait constamment dans ce square. Tu te souviens ? Il y a dix ans, tu te balançais sur la balançoire à ma gauche. Tu détestais aller trop haut, alors que je faisais tout pour toucher les branches du chêne avec les pieds.
On aurait peut être pu y aller encore quelques années, si je n'étais pas partie. Mais bon. La vie est ce qu'elle est.
La vie est ce qu'elle est et c'est pour ça qu'aujourd'hui tu lis cette lettre.
Je savais que ce qui est arrivé allait arriver. J'aurais pu vous éviter un choc. J'en suis consciente, mais je ne l'ai pas fait parce que je voulais que vous soyez honnêtes avec moi. Et vous l'avez été. Maman m'a accueilli à bras ouverts, montrant sa bonté, sa gentillesse, et son incroyable capacité à pardonner. Quant à toi, et je ne peux t'en blâmer, tu t'es montrer hostile envers moi. Puis nous sommes devenues plus complices. J'aurais aimé avoir le temps de retisser un vrai lien de jumelle à jumelle avec toi. C'était une des choses que je voulais faire avant de mourir. Même si ce n'était pas le lien que nous entretenions à l'époque, je te serai à jamais reconnaissante de m'avoir fait entrer dans ta vie malgré la colère que tu avais envers moi.
Une autre chose que je veux faire avant de mourir, c'est vous raconter l'histoire de A à Z. J'espère que j'en aurais l'occasion.
Ce que je ne veux pas, par contre, c'est vous faire part de mon testament en face à face.
Cela m'amène à l'énoncé de mes dernières volontés : 
  — Mes biens matériels iront tous à ma sœur, Aza Catherine Roberts.
  — Mes économies iront à ma sœur et ma mère.
  — Mon violon, lui, sera enterré avec moi à Minneapolis, où j'ai passé les plus beaux moments de ma vie.
(Comme tu le vois, la liste n'est pas très exhaustive.)

Ce qui va suivre, Aza, ce n'est une volonté, mais une faveur que je te demande...

Vis ta vie. Parce que le temps passe trop vite pour qu'on s'autorise à attendre que les choses se passent.
Vis chaque jour comme si c'était le dernier, parce que ta vie peut s'effondrer en un clin d'œil.
Vis tout événement comme un cadeau que la vie te fait, parce qu'une vie monotone, ce c'est pas une vie.

Merci pour tout.
Je t'aime.

Eden Mary ROBERTS  »

THESE ARE THE DAYS OF OUR LIVES Où les histoires vivent. Découvrez maintenant