Chapitre 20

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Deux semaines plus tard

J'ai repris le travail la semaine dernière, je retrouve petit à petit mon train de vie, sauf que cette fois j'ai un mari en plus. Je ne suis pas du genre à être au service de mon mari, je ne sais pas faire ça, du coup je fais quelques efforts parfois, pour lui faire plaisir, et parce qu'en tant qu'épouse je dois faire en sorte de le satisfaire, et bien sûr, lui aussi, et pour le moment je crois qu'il n'est pas satisfait, et moi non plus.

Le problème est que je n'ai pas réussi à faire de rapprochement vers lui. Nous n'avons pas encore fait notre première fois et c'est bizarre, nous sommes doux l'un envers l'autre, nous sommes tendres, mais nous n'avons pas encore passé le cap. J'ai un blocage et je n'ai aucune idée de la raison. Il a essayé de savoir pourquoi, nous en avons discuté, et je suis moi-même étonnée car j'attendais ce moment avec impatience, et pourtant je n'y arrive pas.

- Mais comment ça se fait ? demande Selen.

- Je ne sais pas, ça m'énerve ! Je peux enfin faire l'amour et je n'y arrive pas !

Nous parlons en attendant de nouvelles clientes. Selen rit un peu, mon franc parlé la fait rire, mais je suis plus frustrée qu'autre chose. Je ne peux pas profiter de mon mariage et de mon mari comme je veux, c'est très contraignant, et j'imagine que pour lui aussi, même s'il ne me le dit pas directement, je vois parfois ses soupirs, et sa déception.

- Mais vous avez essayé au moins ? demande-t-elle.

- Evidemment ! Mais au moment de... tu vois... bah ça bloque, je lui dis d'arrêter parce que j'ai trop peur, enfin je ne sais pas si c'est de la peur, c'est bizarre.

- En effet, c'est bizarre. Tu es allée voir une gynéco ?

- Non... je dois prendre rendez-vous. Mais tu veux que je lui dise ça comment ?

- Dit-lui simplement, elle pourra t'aider, peut-être qu'elle t'expliquera pourquoi ça ne marche pas.

- J'espère !

Elle rit, puis une cliente entre et nous nous concentrons sur le travail.
En fin de journée, Selen est partie plus tôt, le lundi il y a peu de monde alors je l'ai laissée partir avant la fermeture. Ne plus vivre avec elle a été un grand changement, une nouvelle habitude à prendre. Nous étions fourrées ensemble, et maintenant nous vivons avec nos maris respectifs. Heureusement que la boutique nous permet de rester proches, sinon on se serait sûrement moins vues.

Quand je fais les comptes, je remarque qu'il manque de l'argent. Je recompte, et il manque la même somme. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi les calculs sont mauvais. Je recompte une troisième fois et commence à m'impatienter. Est-ce que j'ai donné un billet en trop à une cliente sans le faire exprès ? Ça peut arriver, ou alors deux billets se sont collés et je les ai rendus à la cliente, mais ça m'étonnerait, je fais attention au rendu monnaie généralement. C'est 20 euros € de moins quand même. J'évite de m'emporter, je ferme la caisse, j'en parlerai à Selen demain. En attendant, je mets cette histoire de côté, je ferme la boutique et monte à l'appartement.

Je retrouve Imad qui vient aussi de rentrer, nous nous saluons d'un baiser sur les lèvres. Le changement s'est fait doucement mais sûrement.

- On mange quoi ? demande-t-il.

- J'ai pas trop faim.

- Bizarre, pourquoi ?

Il sourit, je lui parle alors de cet écart de caisse, il essaye de me rassurer et me dit que ce n'est pas grave, que si ça m'embête il me donnerait vingt euros pour que je les mette à la caisse, évidemment, j'ai refusé. Je ferais plus attention la prochaine fois, j'étais peut-être trop préoccupée aujourd'hui.

Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant