Les semaines passèrent, nous sommes mi-mai, l'été arrive doucement, les soldes aussi, et les sourires sont plus présents, mais pas pour moi.
Depuis quelques temps, je remarque qu'Imad se comporte bizarrement, et je sais que ça ne présage rien de bon. Chaque jour, j'ai peur de m'être trompée. Chaque jour me rappelle le passé. Chaque jour, les paroles de ma mère passent en boucle dans ma tête, et ça me rend folle.
Je veux tellement qu'Imad me montre que j'ai eu raison de lui avoir dit oui. Mais il n'est pas très expressif. Je ne vivais pas avec lui alors il y a des choses que je ne pouvais pas anticiper, je suis anxieuse depuis quelques semaines et je déteste ça.
- Ça va toi ? me demande Selen.
- Oui, juste un peu préoccupée en ce moment.
- Tu veux en parler ?
Je secoue la tête, je ne veux rien dire une fois, j'attends que ça change, que ça s'améliore, j'essaye d'être optimiste.
- Non, t'inquiète pas, c'est rien, ça passera. C'est sûrement à cause des soldes.
Une excuse bidon, mais ça peut passer. Je suis allée chez la gynéco la semaine dernière, elle m'a prescrit la pilule, j'étais rassurée.
La journée se termine, et je retrouve mon chez-moi avec mon mari qui rentre de plus en plus tard. Mais surtout, il est de plus en plus nerveux.- Ça été ta journée ? lui demandais-je.
- Oui, je vais me reposer un peu.
Il part directement dans la chambre et ne manque pas de fermer la porte derrière lui. Je m'installe donc devant la télévision, et j'échange quelques messages avec ma mère. Je cuisine quelque chose de rapide, et lui laisse sa part dans le four. Je vais prier puis mets un film sur Netflix.
J'espère qu'il va me tenir compagnie ce soir. Il est arrivé qu'il rentre du travail, qu'il mange un petit quelque chose et qu'il parte directement se coucher pour se réveiller très tôt le matin. Du coup, parfois, on ne se voyait pas beaucoup. Et je me suis toujours dit que je ne veux pas d'un mari qui travaille trop. Si je me marie c'est pour passer du temps avec mon mari, pour discuter, rire, et je ne retrouve pas ça à l'heure actuelle.Je décide de faire une machine, heureusement qu'Imad n'est pas bordélique, il met toujours son linge dans le panier, et cette fois son jean traîne sur le sol. Je ne râle pas, en le ramassant quelque chose tombe de la poche arrière. Je mets le jean dans la machine et récupère ce qui est tombé, mais en voyant ce que c'est, je fronce les sourcils, et une boule se forme dans ma gorge.
J'espère que ce n'est pas ce que je pense. Je ne sais pas si je dois me mettre en colère ou essayer de comprendre. Sauf qu'il n'y a rien à comprendre, tout semble clair, mais je suis totalement désemparée.
J'attends qu'Imad se réveille, je ne me sens pas capable d'attendre demain pour lui en parler, alors je prie pour qu'il se réveille vite. Je pose le petit sachet sur la table du salon, et j'attends. Le film défile sous mes yeux, mais je n'y comprends rien. Les seules voix que j'entends sont celles dans ma tête. L'une me calme, l'autre me pousse à engueuler Imad.
Je décide d'attendre, je fixe ce petit sachet qui vient de détruire tous mes espoirs. Donc, il a recommencé, et j'ai fait le mauvais choix. Je pense à ma famille, à la honte que j'aurai si je divorce. Des larmes perlent soudain sur mes joues, la tristesse et la déception que je ressens sont si fortes que je ne peux que pleurer.
J'entends du bruit, je me tourne en espérant qu'Imad s'est réveillé. Je le vois qui sort de la chambre, et je ne peux même pas m'énerver, je suis simplement déçue, et c'est pire que la colère. Je serre les dents et n'ose même pas le regarder de peur de lui hurler dessus. J'entends ses pas se rapprocher de moi, et je me prépare mentalement à l'affronter. Il s'assied à côté de moi, et je serre les poings. Il se penche pour m'embrasser, mais je fais un mouvement de recul et je fixe le sachet de drogue sur la table.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-il.
Je le fusille du regard et ne peux m'empêcher de laisser parler ma colère.
- Qu'est-ce qu'il y a ? répétais-je. Tu comptais me mentir encore longtemps ?
- De quoi tu parles ?
Je tourne les yeux vers le sachet contenant la poudre blanche, afin qu'il suive mon regard. Ma mâchoire est si contractée que j'en ai mal aux dents. Un silence s'installe et je comprends qu'il a vu. Il ne bouge pas, et je reste muette.
- T'as rien à dire ? demandais-je durement.
Il se lève, il veut fuir et je suis hors de moi.
- Je te préviens, Imad ! Si tu fuis, c'est terminé !
Je n'ai jamais autant crié contre quelqu'un. J'en ai mal à la gorge. La boule que j'avais me triture à présent le ventre, je retiens mes larmes de couler. Imad est debout, immobile, et il ne me regarde pas. Je pensais ce que j'ai dit, et j'avais peur de sa réponse. S'il part, alors il accepte que ce soit fini, et je m'en voudrais de l'avoir choisi, d'avoir tenté ma chance avec lui, et surtout, je m'en voudrais de ne pas avoir écouté ma mère. Elle a toujours eu raison, et je n'ai jamais su faire les bons choix, par rapport aux hommes.
- Je suis désolé, dit-il.
Je le regarde, j'attends qu'il parte ou qu'il s'explique. S'il reste, je ne sais pas si je pourrais lui pardonner. Il se fait du mal à lui-même, mais je ne veux pas d'un drogué, et il le sait. Des mauvais souvenirs repassent dans ma tête, je me rappelle nos débuts de relation, et pourquoi ça s'est terminé à l'époque. J'ai l'impression que rien n'a changé.
Imad passe ses mains sur son visage et il revient s'asseoir à côté de moi. Je reste distante et attends ses explications.- Le travail me fatigue, j'ai besoin de me remotiver, d'être en forme.
- Et tu crois que c'est la solution ? dis-je, énervée.
- Oui, c'est ma solution ! J'en pouvais plus, comprend-moi.
- Non ! Non, Imad, je ne comprends pas, je peux pas comprendre ce choix. Tu sais que c'est interdit, et pas que par la loi.
Il baisse la tête et tape du pied, l'air nerveux. Je suis si déçue de lui, qu'il soit retombé dans ce piège. Je me demande si c'est une épreuve dans laquelle je dois l'aider ou si c'est un signe pour le quitter.
- Je vais arrêter, dit-il.
- Tu mens.
Il me regarde, et il comprend que je ne le crois plus. Je ne peux plus lui faire confiance après ça. C'était l'une des raisons pour lesquelles on s'est quittés, c'est même lui qui avait décidé de me laisser pour, soi-disant, mon bien. Et il se permet de recommencer ses conneries et me le refaire subir.
- Rita, je vais arrêter, c'est bon.
- Tu vas recommencer, Imad ! Tu ne peux pas arrêter ça, et tu le sais.
- Je t'ai dit que je vais arrêter !
Il me fixe, il a l'air sûr de lui, mais je n'arrive pas à le croire. Je ne cesse de me rappeler le passé, ce qu'il faisait, ce qu'il risquait. Je sens mes jambes trembler, je n'arrive plus à retenir mes larmes, je baisse la tête.
- Ça recommence, dis-je en reniflant. Tu n'as pas changé.
- Non, Rita, je te jure, je vais arrêter d'en prendre, c'était juste pour m'aider à tenir.
- Alors change de boulot si ça te fatigue tant ! Trouve une autre solution ! Et crains Allah !
Je me lève, prête à aller me coucher, quand il m'attrape doucement le bras.
- Rita, dit-il en se mettant face à moi, ne me laisse pas, s'il-te-plaît, laisse-moi une autre chance.
Je lève mes yeux vers lui, épuisée mentalement, et je lui réponds aussi naturellement que possible :
- Je te l'ai laissée en me mariant avec toi.
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Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)
FanfictionJ'ai décidé d'écrire une histoire inspirée de mon expérience, J'utilise Ademo de PNL comme personnage, et des actrices indiennes. Je n'aime pas le rap de base, et j'ai commencé à écouter leurs sons depuis leur musique "à l'ammoniaque". Donc, je ne c...