Chapitre 22

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Ce lundi matin, je me suis levée tôt, bien que je ne travaille pas. Selen fait l'ouverture, et je serai de l'après-midi, on s'est accordé plus de pause, et je lui laisse plus de responsabilités, c'est un bon équilibre pour le moment, car nous n'avons pas de jour de repos la semaine, alors on s'accorde des matinées, et des après-midis, sauf le mercredi, vendredi et samedi qui sont les jours de rush. Le reste de la semaine, il y a moins de monde, donc on peut gérer seule.

J'avais jeté un œil aux caméras, et je n'ai rien vu de suspect, je dois encore dire à Selen que je les ai installées, j'ai oublié.

- Bien dormi ?

Imad vient de se réveiller, il est sept heures vingt, je suis éveillée depuis quatre heures, j'ai prié, pris mon petit déj, dans le calme, j'ai réfléchi à ma vie, à la boutique, à des projets. J'ai juste hâte de voir ma gynéco afin d'avoir des réponses.

- Ouais, et toi ?

Il se redresse, s'étire, puis se lève. Je reste au lit, le regarde s'habiller et lui réponds.

- Bof, je suis réveillée depuis fajr.

Fajr est la prière du matin, certains l'appellent sobh, mais c'est pareil.

- Tu veux te rendormir ?

- Non, je me lève après.

Il sort ensuite de la chambre et va prendre son petit-déj. D'habitude il me salue avec tendresse, mais là, il est distant, et ça ne me plait pas. Je ne me suis pas mariée pour qu'on soit distant, mais pour qu'on soit proches. On a assez été éloignés, on dirait que ça ne lui a pas suffi, le manque de communication est quelque chose que je déteste. Ça brise des couples inutilement, c'est sûrement parce qu'ils n'étaient pas faits pour être ensemble. Et j'espère sincèrement avoir fait le bon choix en me mariant avec lui.

Il y a encore les paroles de ma mère qui repassent dans ma tête, « je ne le sens pas, tu mérites mieux » c'est facile de dire sans argumenter. Maintenant c'est trop tard, on est marié. Si je dois faire le premier pas pour arranger les choses, alors j'y vais, au moins avant qu'il parte, sinon on ne se verra pas avant ce soir, et je vais y penser toute la journée, je ne serai pas concentrée.

Je le rejoins dans la cuisine, il débarrasse, et va se brosser les dents, j'attends qu'il termine, en attendant j'allume la télé et prépare netflix.

- Attends, dis-je en le voyant mettre sa veste.

Il se tourne vers moi, enfile ses chaussures et me regarde.

- Quoi ?

Je m'approche de lui, et je n'aime pas ce regard froid qu'il me lance. Je pensais qu'il préférait communiquer, arranger les choses.

- Je veux pas qu'on se dispute, dis-je, pourquoi tu es distant ?

- Personne a dit qu'on devait se disputer.

- Réponds.

Il évite le sujet, et ça m'énerve. Je reste néanmoins calme, et attends qu'il me donne des explications.

- C'est pas le moment, je dois partir au travail, dit-il.

- Dis-moi juste ce qui va pas et on en parle ce soir. Tu ne peux pas me dire ça alors que je ne sais pas pourquoi tu m'évites.

- Ecoute, je préfère pas en parler maintenant sinon ça va partir loin, et j'ai pas envie de commencer ma matinée en m'engueulant avec toi.

Je n'insiste pas, il est décidé à se taire et me faire attendre jusqu'à ce soir. Ça me rappelle de mauvais souvenirs, les fois où il me laissait sans réponses, parfois durant quatre jours sans me dire ce qui n'allait pas. Et je détestais son silence, j'en faisais des cauchemars, je pense toujours au pire, je m'inquiète trop quand j'aime, et je ne veux pas revivre ça.

Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant