Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)

Chapitre 7

Ma respiration s'est coupée, j'ai failli pousser un cri de frayeur, tout ce que je vois c'est une voiture me passer sous le nez. Et je viens de l'éviter. Mes yeux grands ouverts, le cœur battant vite, je me tourne vers celui qui vient de me sauver la vie, littéralement. Il relâche mon bras, il retire ses lunettes et les tient dans sa main. Son regard ténébreux me transperce.

- Ça va aller ? Ou je dois t'aider à traverser ?

Je vois qu'il se fout de moi, enfin je crois, car il ne sourit pas. J'aimerais lui répondre mais je n'y arrive pas, il vient de dévoiler son visage barbu, et maintenant j'en suis sûre, je l'ai déjà vu. J'attends qu'il sourit, mais il semble réellement préoccupé par mon cas. Je fais tellement de la peine ? J'efface alors mon sourire et lui réponds :

- Ça ira, merci. Au revoir.

Que puis-je dire de plus ? Je me sens assez idiote comme ça et je ne me vois pas lui demander s'il se souvient de moi. Je ne fais pas la conversation aux hommes normalement, pas depuis que je suis dans la religion en tout cas. Selen doit se demander ce que je fais, si seulement elle savait... Cette fois je traverse, prudemment, avec les yeux bien ouverts. Je ne voulais pas que ça arrive trois fois. Cela fait trois fois que je le vois, des coïncidences trop étranges et suspectes. Je ne voulais pas de ça, mais apparemment Dieu si.

Lorsque j'approche du restaurant, j'ose me retourner, il est encore de l'autre côté de la rue, peut-être qu'il attend que je disparaisse de sa vue. J'ignore combien de secondes se sont écoulées, mais je parviens à reprendre mes esprits assez vite. La main sur la poignée de la porte, je veux entrer, mais mon corps est immobile, comme s'il n'arrivait pas à bouger, comme si l'on me retenait. La sensation que je ressens est étrange, inexplicable, je fronce les sourcils me demandant pourquoi je n'arrive pas à entrer dans le restaurant.

Je me retourne encore une fois, pour voir si l'homme est parti, quand je vois qu'il est sur le passage piéton mon cœur faire un bond dans ma poitrine. Je lâche la poignée de la porte, recule, attendant qu'il vienne vers moi, mon regard est fixé sur lui, je me sens comme emportée, et confuse aussi. Il s'approche de moi, nous sommes maintenant à un mètre l'un de l'autre et je ne comprends absolument pas ce qui se passe.

Il me fixe, ses yeux bruns détaillent mon visage, et je sais à cet instant, qu'il m'a aussi reconnue.

- On s'est déjà vus, c'est ça ? il dit.

J'essaye de retenir ma respiration et je ne comprends pas mon comportement, je suis trop timide à mon goût, il va falloir me reprendre ! Je ne réponds pas, sa question sonnait comme une réponse, il a la confirmation qu'effectivement on s'est vus à Strasbourg.
Je jette un œil vers le restaurant, Selen va sortir si je n'entre pas tout de suite.

- Tu vis ici ? demande-t-il.

- Non, je repars demain.

Je n'arrive pas à lui parler, je suis étonnée qu'il m'adresse la parole à vrai dire, et qu'il me pose des questions comme si on avait déjà fait connaissance auparavant, alors que nous ne sommes pas proches du tout.
Il hoche la tête puis dit :

- Il y a moyen de garder contact ? On se croise souvent en peu de temps, j'ai envie de dire que c'est le hasard, mais je n'y crois pas.

Il pense donc à la même chose que moi, je suis surprise, intimidée, j'essaye de respirer normalement. Et puis je me pose des questions, pourquoi il voudrait garder contact avec moi ? C'est un rappeur connu, il pourrait s'intéresser à d'autres femmes, je suis embêtée, mais je me dis qu'il ne pense peut-être pas à mal, peut-être qu'il veut juste qu'on fasse connaissance, en tant qu'ami. Enfin, je l'espère, car je ne veux pas qu'il pense que mon cœur est à prendre.