Chapitre 13

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Il est 14 heures, et je ne suis toujours pas arrivée au rendez-vous. Je suis angoissée à l'idée de le revoir, de lui parler, de l'avoir en face de moi pendant quelques temps, quelques heures peut-être si on arrive à discuter calmement, sinon quelques minutes, si j'ai trop mal et si je réalise que je ne veux pas d'avenir avec lui.

Cinq minutes plus tard, je pousse la porte du café. Je le cherche du regard, il est à gauche, dans un coin discret, il fixe son portable, puis son regard se lève vers moi. J'avance doucement vers lui, mon cœur bat plus fort soudainement, j'essaye de contrôler ma respiration.

Je prends place face à lui, il n'interrompt pas notre échange de regard.

- Salam aleykoum, me salue-t-il.

- Aleykoum salam.

J'ai une petite voix, il doit remarquer que je ne suis pas très à l'aise. Une serveuse prend notre commande, 2 cafés, je n'ai pas faim, et lui non plus. Je ne sais pas du tout quoi dire, c'est lui qui doit me parler, mais ce silence me gêne.

- Je t'écoute, dis-je, en évitant de trop le regarder dans les yeux.

Je vois ses lèvres s'étirer, il sourit, doucement, je sens qu'il est aussi stressé que moi, il croise ses mains devant lui et me regarde.

- Je t'ai laissé pour notre bien, commence-t-il.

Je souffle discrètement. Je le savais déjà, il doit s'expliquer mieux, argumenter, je ne veux pas réécouter sa cassette, mais entendre la suivante. Mes mains sont sur mes cuisses, je me tords les doigts dans tous les sens, il ne peut pas le voir heureusement, je peux stresser en cachette.

- Je m'en veux de t'avoir fait du mal. Tu sais que j'ai eu des problèmes, et je ne voulais pas que tu en sois mêlée, je ne voulais pas t'infliger ça.

Ça aussi je le sais déjà. Je serre les dents, la serveuse nous apporte les cafés, ce court temps de pause me permet de souffler un peu, lui aussi je pense. Elle repart et nous nous retrouvons à nouveau seuls. Je mets le sucre dans le café, lui n'en met pas. Je jette quelques coups d'œil timides vers lui, il reprend la parole, décidé à me reconquérir.

- Ecoute, Rita, dit-il en me fixant. Je suis jeune, et je fais des erreurs. Je sais que tu es en colère, et que tu m'en veux encore beaucoup pour avoir ignoré tes messages.

Je baisse la tête et serre les poings en me rappelant de ses silences, des messages sans réponses. Il m'a laissé m'inquiéter, il m'a fait croire qu'il irait en prison.

- Tu n'étais pas en prison, dis-je.

C'est la seule chose que je réussis à dire. Le fait qu'il m'ait peut-être menti me ronge, s'il m'a menti, c'est fini pour de bon.

- Non, j'ai eu de la chance, je n'y suis pas allé. Mais je n'étais pas stable financièrement, tu le sais, je t'ai dit que je voulais d'abord avoir une bonne situation, je ne voulais pas t'emmener dans ma merde.

Je lui en veux encore, il a raison. Il va me falloir un petit peu de temps pour digérer, j'espère seulement qu'il est sincère.

- J'ai l'impression que tu m'as menti. Tu ne peux pas laisser quelqu'un juste parce que tu n'étais pas stable, l'argent vient, le travail aussi, et c'est pas pour ça que tu devais me laisser.

Je commence à bouillir de l'intérieur, je sens que je vais lui en mettre plein la figure. Il pince ses lèvres, j'essaye de garder mon calme, je bois un peu de mon café, et j'évite de croiser son regard.

- Je suis désolé Rita, je te jure que je voulais pas te faire de mal, je le regrette tous les jours, et je t'ai pas oubliée. Le choix que j'ai fait était dur, mais tu mérites quelqu'un de bien, quelqu'un qui peut t'apporter ce que tu veux, et j'avais rien à t'offrir à part mon temps.

Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant