Chapitre 19

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Le lendemain matin, le réveil me tire de mon sommeil, je mets toujours un réveil sinon je peux dormir longtemps, et je ne voudrais pas me lever tard. Je n'aime pas me lever tard.

Ce matin, c'est différent. Car ce matin, je me réveille aux côtés de mon époux, Imad. Je me réveille en tant que femme mariée, et ça me fait tout drôle.

Je tourne ma tête vers lui, il dort encore. Je souris, me rappelle la veille, et réalise que je suis mariée, je me sens enfin adulte. J'avais toujours ce sentiment de ne pas l'être tant que je n'étais pas mariée, c'est sans doute ce que l'on m'a fait croire.

Je quitte le lit, en silence, puis la chambre. J'entre dans la salle de bains et fais ma toilette. Il est dix heures, je suis en congé, Selen a proposé de gérer la boutique, je lui avais dit qu'on pouvait fermer une semaine et s'accorder un repos, mais elle a insisté, me disant que ce serait des jours de perdus et qu'elle était capable de gérer, alors j'ai accepté.

Je vais à la cuisine me préparer un petit déjeuner. Café au lait, croissants, je m'installe au salon et allume la télévision. Je choisis une chaîne au hasard, le temps de manger.

Après avoir mangé, je profite qu'Imad dorme encore pour aller prendre ma douche. Une fois propre, je m'habille d'une abaya noire simple, large au niveau des aisselles, je mets un peu de pommade sur mon visage.

Ce mois de mars est assez frais, je mets un legging sous ma robe, en sentant le froid, ainsi que des chaussettes. Je laisse mes cheveux sécher à l'air libre, et retourne dans le salon.

- Salam aleykoum.

Je me tourne et vois Imad dans la cuisine. Je lui réponds en souriant, il est en train de se servir un café, je m'installe sur le canapé et lui dis :

- Il reste des croissants sur la table.

Il me rejoint et s'assied à côté de moi. Je ne sais pas comment me comporter, si je dois faire le premier pas, le premier rapprochement. Je n'ai pas l'habitude, dans ma famille on n'est pas très démonstratif. Il boit son café puis me regarde en souriant. Je souris un peu, gênée, me demandant pourquoi il me regarde de cette façon.

- On peut s'embrasser maintenant, dit-il.

Mes joues s'enflamment d'un coup, mais je ris car il rit, malgré la gêne que l'on ressent. Je ne sais même pas quoi répondre à cela. Il approche son visage de moi et me dépose un simple baiser sur la joue. Pour un début. Je n'ai vraiment pas l'habitude, c'est horrible, je n'arrive pas encore à me lâcher, et je me demande si je suis normale.

On reste un peu devant la télévision, puis je débarrasse rapidement pendant qu'il se douche. Je fais un peu de rangement, je prends des nouvelles de Selen et de la boutique. Elle a déjà géré seule une fois, ce n'est que la deuxième fois qu'elle gère le magasin seul, du coup ça me stresse un peu mais je lui fais confiance.

Je reçois un autre message et lorsque je vois de qui il provient, je suis si surprise que ça me paralyse. Je ne comprends pas pourquoi il m'a écrit, il sait pourtant que je me suis mariée et que nous ne devons plus être en contact. Dans la panique, j'efface son message, espérant qu'il ne me contactera plus.

Lorsque Tarik est reparti après les fiançailles de Selen et Ozan, nous n'avons pas trop discuté, seulement une fois par semaine, pour prendre de nos nouvelles, ou se raconter des anecdotes. Pendant un mois, nous nous sommes parlé quatre fois tout au plus, jusqu'au mariage de Selen et Ozan, où il est revenu, où on s'est revus, et où il a su.

Deux mois plus tôt - fin janvier 2019

Tarik est en costard cravate, si je ne le connaissais pas, j'aurais pensé qu'il est élégant, et il l'est. Nous ne nous sommes parlé que très peu ces dernières semaines. Je n'ai pas tellement fait le premier pas non plus, car avec Imad ça devient sérieux, il a l'air prêt. Il rencontre mes parents dans la semaine. Alors même si je suis contente de voir Tarik ce soir, je suis aussi triste de lui annoncer que c'est la dernière fois que nous nous voyons.

Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant