Chapitre 26

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Mon téléphone sonne et interrompt notre dispute. Je regarde sur l'écran pour voir qui m'appelle à cette heure, il est plus de dix heures. Je garde mon regard fixé sur l'écran un instant, je suis surprise de lire le nom de Tarik. Je ne sais pas pourquoi j'ai gardé son numéro, mais ce que je sais, c'est qu'il tombe mal.

- C'est qui ?

- Personne !

Je m'apprête à ranger mon portable dans ma poche mais Imad s'avance vers moi pour me le prendre, ce geste me surprend, ce n'est pas dans ses habitudes d'agir ainsi.

- Qu'est-ce que tu me caches ?! crie-t-il.

- Ah donc c'est moi qui te cache des choses maintenant ?

- Dis-moi qui c'est ! insiste-t-il en essayant toujours de me prendre le téléphone.

- Mais arrête !

Il réussit à m'arracher le portable des mains, et j'ai peur de voir sa réaction quand il verra que Tarik m'a appelée. Je mets ma main devant ma bouche à cause de l'angoisse que je ressens. Il s'était déjà fait des idées, et il va encore penser que je lui mens. Il ne saura pas de quel Tarik il s'agit, heureusement.

- Je sais pas pourquoi il m'a appelée, dis-je aussitôt.

Imad me lance un regard noir, si noir que j'ai l'impression qu'il me poignarde de haine. Il se sent trahi alors que je n'ai rien fait, concrètement. Et je sens que la situation se retourne contre moi alors que la dispute est partie à cause de lui. Mon portable va bientôt se briser dans ses mains tellement qu'il le serre.

- Tu t'es vraiment foutu de moi ! braille-t-il.

- Mais non ! Je te dis que je sais pas pourquoi il m'a appelée, je lui ai dit qu'on devait arrêter de se parler, c'était juste un ami, expliquais-je.

- Un ami ? Tu m'as jamais parlé de lui, pourquoi tu m'as caché ça ?!

- Et toi ! Pourquoi tu m'as caché que tu reprends de la drogue ?!

Je vois son visage se décomposer, de peine, de colère, je ne sais pas s'il se sent plus coupable que « trahi », je sens qu'il est en train de péter un câble et ça me fait penser à la fois où il m'a secoué, c'était encore à cause de Tarik, quand je l'avais vu au parc, je n'étais pas encore mariée.

Imad me fixe méchamment, comme s'il était blessé dans son ego, et il me hurle dessus :

- Moi au moins je t'ai pas trompé !

Il explose mon téléphone au sol et me pousse fort. Je tombe, et manque de me faire très mal au crâne. Je suis choquée par ce geste brutal. J'ai envie de me relever et de lui rendre sa violence, mais je déteste ça, la violence. Il me laisse par terre et quitte l'appartement. Je me retrouve seule, avec mes pleurs. Je ramasse mon portable, il n'est pas cassé, fort heureusement, et je me demande ce que je vais faire. Je devrais appeler mes parents, ou Selen, mais je n'y arrive pas.

Qu'est-ce que je dois faire ? J'ai l'impression de vivre la vie de quelqu'un d'autre, je ne veux pas être la femme d'un homme violent, je ne veux pas être une victime. Je sais au fond de moi que je dois partir, et demander le divorce avant que la situation empire. Je suis perdue, j'ai besoin de reprendre mes esprits, de souffler, de bien réfléchir avant de faire quoi que ce soit.

*

Imad est sorti, il a rejoint ses mauvaises fréquentations pour se droguer et se changer les idées. Il s'est fait monter la tête, ses « amis » lui racontent que chez eux, si une femme trompe, c'est une femme à battre, à répudier, ils lui disent qu'à sa place ils n'auraient pas laissé passer ça.

Une heure plus tard, il décide de rentrer, il est toujours remonté, mais il essaye de ne pas laisser les autres l'influencer. Il se souvient que Rita a toujours été douce avec lui, et lui aussi, mais il a changé, et il le sait. Il se demande alors s'il doit faire en sorte d'arranger les choses. Il sait qu'elle rêve d'aller à Dubaï, pour le moment il ne peut pas lui offrir ce voyage, alors il a une idée. Il sait aussi qu'elle a toujours voulu à Disneyland, il va l'y emmener, il doit la reconquérir, il ne peut pas supporter une autre séparation.

*

Il est minuit quand j'entends du bruit à l'entrée. Ça doit être Imad qui est rentré, et je ne veux pas le voir, ni l'affronter. Je suis épuisée, alors je ferme les yeux et j'essaye de dormir. S'il me rejoint dans le lit, c'est qu'il a du culot, j'espère qu'il dormira sur le canapé. J'entends la porte de la chambre s'ouvrir, je garde les yeux fermés, je respire doucement, comme si j'étais endormie. Je n'entends soudain plus de bruit, il doit être parti, tant mieux.

Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant