Chapitre 6

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Deux semaines après le buzz, ce drame comme je l'appelle, j'étais rassurée que la vidéo qui circulait ne fasse plus autant de bruit. Heureusement, personne n'a su que j'étais cette fille, avec les lunettes grises, tout le monde a deviné que c'était une fille, je suis soulagée que personne ne sait que c'est moi. Selen m'a un jour supplié pour qu'elle annonce que c'était moi, elle se sentait fière mais j'ai vite calmé sa joie, il était hors de question que ça se sache !

- Tu es prête ?

Je lève les yeux vers Selen.

- Oui, on peut y aller.

Nous partons pour Paris ce week-end, nous allons rencontrer de nouveaux grossistes, je préfère voir les vêtements sur place, puis ce court séjour nous permettra de découvrir la ville, nous n'y étions encore jamais allées. Je n'ai pris qu'une valise, Selen également, nous restons que deux jours, ça devrait suffire. C'est elle qui conduira, il devrait y avoir assez de place dans le coffre si on baisse les sièges de la banquette pour transporter ce qu'on décide d'acheter. Au moins les prochaines fois, j'ai juste à passer commande, inutile de m'inquiéter pour la qualité, le transport, la confiance, et le prix. J'espère sincèrement que notre commerce va attirer plus de clientèle.

- Mets du coran s'il-te-plaît, je dis en attachant ma ceinture.

- Tu as peur que je fasse un accident ?

Selen me sourit d'un air moqueur, je ris puis lui réponds :

- Non, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver, et je ne veux pas que la dernière chose que j'aie écouté soit de la musique, mais du coran.

- D'accord, ma Rita, tu as raison.

Elle démarre, quelques secondes après la voix de Mishary Rashid Al-Afasy résonne dans la voiture. Quel apaisement, mon Dieu. Je fais des invocations dans ma tête, Selen est concentrée sur la route. Dans cinq heures, si tout va bien, nous serons arrivées.

Après trois heures, nous faisons une pause pour manger. Il est treize heures, nous nous arrêtons pour acheter des tacos, nous mangeons dans la voiture. Il fait assez frais, je suis ravie car je n'aime pas le soleil. En plus, c'est plus dangereux pour conduire, alors qu'un temps nuageux est plus sécurisant.

Nous reprenons la route rapidement, nous avons rendez-vous à seize heures, nous pouvons arriver à temps, pour le moment ça roule bien, nous sommes vendredi mais il n'y a pas encore de bouchons.

Deux heures et demie plus tard, nous sommes dans la chambre d'hôtel. Merci à nos parents qui nous ont donné de l'argent pour nous aider, ils savent que nous débutons et ils n'ont pas hésité à nous en donner.

- C'est beau ! dit Selen en admirant la chambre.

Il y a une simple fenêtre, deux lits simples, le blanc domine la pièce, c'est assez sympa. Heureusement qu'on a réservé la semaine dernière, en général les hôtels sont pleins le week-end, surtout s'ils sont bien implantés.

- Bon, on se prépare, on a rendez-vous dans une demi-heure, je dis en regardant l'heure sur mon portable.

Nous prenons nos sacs à main, je prends quelques documents, puis nous partons en voiture pour rencontrer les fournisseurs. J'espère ne pas être venue pour rien, je serai déçue d'avoir fait tout ce chemin pour ne rien emporter.

Une heure et demie plus tard, le coffre de la voiture est rempli de 4 cartons pleins d'abayas, kimonos et voiles. Je suis satisfaite, il y a de très beaux vêtements, je prie pour que les clientes visitent ma boutique, je suis certaine qu'elles ne seront pas déçues.

- Ils déchirent, dit Selen en souriant et hochant la tête.

Je hoche la tête et souris. Elle démarre, je remercie Allah dans ma tête, sur le chemin le coran continue de se propager dans la Peugeot grise. Lorsque nous retournons à l'hôtel, nous décidons de manger au restaurant de l'hôtel.

Une fois le ventre plein, nous remontons dans la chambre d'hôtel, nous nous allongeons directement sur nos lits, fatiguées de cette journée.

- On fait quoi demain ? demande Selen, les yeux fixés au plafond.

Je tourne ma tête vers elle, ses yeux croisent les miens, je lui réponds en souriant :

- J'aimerais voir la Tour Eiffel de près.

Elle se redresse en souriant de toutes ses dents.

- Oh oui ! Moi aussi ! C'est cher tu crois ?

- Je regarde !

J'ouvre internet sur mon téléphone et regarde les tarifs.

- Jusqu'à 24 ans c'est 12,70 €, je dis en lisant sur l'écran, et c'est pour aller tout en haut !

- Cool, on réserve les billets !

Nous payons nos billets en ligne, puis finissons par dormir vers vingt-et-une heure trente, épuisées par la route.

Le lendemain matin, nous prenons le petit-déjeuner au restaurant de l'hôtel Ibis. Vers dix heures, nous quittons l'hôtel et partons à l'aventure. Rendez-vous à la Tour Eiffel, nous avons hâte ! Nous aurions aimé faire les magasins, acheter d'autres choses, mais nous devons économiser, avec tout ce qu'on a dépensé pour les vêtements et l'essence, mieux vaut s'abstenir.

- C'est trop beau, dit Selen.

Du haut de la Tour Eiffel, je filme pour montrer à ma famille, j'approuve ce qu'elle dit. Si je regarde en bas j'aurai le vertige. La visite dure deux heures environ comme nous sommes allées au sommet.

Après la visite, nous décidons d'aller manger dans un restaurant chinois, il est plus d'une heure et nous avons faim ! Lorsque nous entrons, je m'attache les cheveux en une queue de cheval haute histoire de ne pas laisser tomber de cheveux dans ma nourriture. Nous prenons place à une table près des fenêtres, c'est buffet à volonté, je vais bien en profiter. Selen va se servir au buffet, quand je me rends compte que j'ai oublié mon sac à main dans la voiture. Donc mon portable aussi. Quelle tête en l'air. Je rejoins Selen au buffet et lui dis :

- Je reviens, j'ai oublié mon sac dans la voiture comme une débile.

Elle rit et me passe les clés. Je me dirige vers la sortie et marche quelques mètres jusqu'au passage piéton, la voiture est garée au parking plus loin. Je suis soudain éblouie par la lumière du jour, le soleil vient d'apparaître d'un coup, et je me dis heureusement que j'ai pris mes lunettes de soleil.

Je récupère mon sac à main noir et l'accroche à mon épaule, je mets mes lunettes de soleil grises, et verrouille la voiture. Je regarde mon téléphone en marchant vers le passage piéton pour traverser, mais avant de pouvoir aller de l'autre côté, je sens un lourd poids contre mon corps, si bien que mon portable a failli me glisser des mains. J'ai sursauté, revenant vite à la réalité, ça m'apprendra à regarder mon portable.

- Je suis désolée, je n'ai pas vu où j'allais, je dis, l'air navré et timide.

Lorsque je lève les yeux vers l'individu, je croise des lunettes noires, des cheveux foncés, un homme de grande taille, je remarque qu'il porte un léger pull blanc mais je ne le détaille pas, je suis d'autant plus gênée que ce soit un homme. J'aurais dû demander à Selen d'y aller à ma place, au moins elle, elle regarde devant elle quand elle marche.

- Je ne regardais pas non plus, désolé.

Je m'apprête à traverser, encore gênée de cette collision, je suis encore troublée, mais pas qu'à cause de la bousculade, je crois reconnaître cet homme, mais je n'en suis pas sûre alors je ne dis rien. Je pose le pied sur la bande blanche quand soudain on me presse le bras, je me sens tirer en arrière, oh mon Dieu, que se passe-t-il ? Que m'arrive-t-il ?

Pauvre dans le halal (Inspiré de faits réels)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant