Alice.
Nous arrivâmes devant ton portail.
Il recelait de mystère et haranguait mon imagination déjà frétillante.À quoi pouvait bien ressembler la tanière d'Alice ?
Le portail -qui ébouillantait mes pensées à tel point qu'elles débordaient de ma tête, répandant des jets brûlants le long de mon corps frissonnant, pour ensuite se couler dans le caniveau- finit par s'ouvrir sous les doigts hésitants d'Alice.
Il donnait sur un jardinet minuscule, envahi par un laurier énorme dont les racines paraissaient avoir été jetées un peu au hasard, en travers des pieds des visiteurs.
Deux pas suffisaient pour accéder à la porte de ta maison.
Tu me racontais beaucoup d'histoires sur celle-ci, et sur le bar-café d'en face.
Mon histoire favorite était celle des clochards qui s'étaient introduits chez toi et avaient dormi pendant deux jours dans ton salon.
Oui, je crois bien que je la préférais à toutes les autres.
Je la trouvais hautement rocambolesque.
Et puis, c'était celle où tu parlais le plus.Et celle où tu avais presque peur.
Presque.Mais de nous deux, j'avais les meilleures histoires.
Les plus drôles, les plus improbables.
Les plus intimes aussi.Tu devais toujours t'y prendre à deux fois pour ouvrir ta porte, dominée par le besoin pressant d'aller aux toilettes.
Je riais aux éclats derrière toi, béate devant tes grognements tantôt bestiaux, tantôt adorables.Une fois la porte ouverte, c'était la ruée.
Ma fleur légère et délicate devenait un animal en furie.
Tu réduisait en charpie tout ce qui se trouvait sur ton passage, expulsant çà et là cartons, peluches et cocottes-minutes.Je me hissai à ta suite, toujours intimidée de pénétrer dans ton antre.
Un escalier en bois très sombre s'élançait devant moi et je m'y jetai sans plus réfléchir, piaffant d'impatience à l'idée de découvrir une autre facette de toi.
Arrivée en haut, je dévorai du regard le plafond orné d'araignées, celles aux pattes longues et fines.
Je les savais inoffensives, puisque je permettais à certaines d'occuper les coins de ma chambre, avec la seule condition de manger les moustiques et autres nuisibles.Sur ma droite se trouvait la chambre de ta mère, ensevelie sous les cartons et la poussière.
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A Comme Alice
No FicciónAlice. J'ai toujours aimé ton nom. A comme un commencement. Le début d'un prénom, d'une histoire. La nôtre. NDA : Cette histoire est véridique, à quelques détails près. Les prénoms n'ont pas été modifiés.