Alice.
Le silence a coulé sur les dunes asséchées sans jamais les mouiller.
Il a emporté les mois grain par grain, laissant ma langue de verre collée à mon palais et ma gorge râpeuse.
Nous ne disions jamais les mots, nous les vivions. Tu étais femme à agir sans penser aux retombées de tes actions. Au contraire de toi, je réfléchissais trop, tout le temps, jusqu'au malaise, jusqu'au dégoût, jusqu'à la bile.
Je pensais jusqu'à la fêlure, jusqu'à la faille, jusqu'à la rupture.
J'ai muselé mon cerveau, enchaîné mon cœur et j'ai érigé nos silences avec la minutie d'une tisserande.
De silence en silence, la bobine s'est dévidée entre les mains des Parques qui entremêlèrent mon silence à celui d'un autre.
De fil en aiguille, Lony était devenu mon Valentin.
Par esprit de contradiction ou par simple jeu de coïncidences, mon ange ne ressemblait en rien au tien.
Lony paraissait un déchu, et si tout en lui appelait au vice, il restait néanmoins un parangon d'une douce candeur.
Qu'avais-je vu en lui qui ressemblait à Alice ? Je ne le sais et ne le saurai probablement jamais.
Ses longs cheveux de jais semblaient l'étoffe de la nuit et ruisselaient sur ses frêles épaules.
Il les ramenait en une natte serrée qui se balançait nonchalamment à chacun de ses mouvements.
Tous se gaussaient de son allure féminine quand je lui prêtais une élégance et une distinction sans pareilles.
Il arborait inconsciemment une couronne d'aubépine lorsqu'il prêtait crédit aux accusations dirigées contre lui.
Lony avait toutes les allures de Judas quand il était le plus fidèle des amis.
Lony était mon maître à tisser la soie, habile à tirer de ses doigts ce silence véreux.
C'est dans cette chrysalide brune que je me glissai, aux reflets d'un déni délicieusement satiné.
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A Comme Alice
Non-FictionAlice. J'ai toujours aimé ton nom. A comme un commencement. Le début d'un prénom, d'une histoire. La nôtre. NDA : Cette histoire est véridique, à quelques détails près. Les prénoms n'ont pas été modifiés.
