La cour de récré était déserte, laissant à Roland et Vivien un moment de calme et de sérénité. Ils ne marchaient pas trop près, au cas où on pourrait les voir depuis les salles de classes qui les entouraient. Ils se dirigeaient vers la sortie, un peu pressés pour se retrouver au petit parc abandonné qui était sans arrêt l'endroit de leurs rendez-vous. Une fois passé l'immense portail en fer blanc, ils se mirent à courir à grandes enjambées, le sourire aux lèvres et riant à pleins poumons. Ils passèrent la petite forêt, Roland imitait un de ses collègues de classe qui ne cessait de l'énerver et de se croire supérieur, il parlait si fort tellement il était enthousiaste de passer un moment avec Vivien, qu'un vieil homme qui se promenait leur demanda de se taire.
Les doigts enlacés, ils arrivèrent finalement au parc, la respiration haletante. Tout était resté comme ils l'avaient laissé le jour précédent. Ils venaient souvent se rendre visite là, loin des regards curieux et des formes d'autorités. Vivien s'assit sur le bas du toboggan, jetant au passage son sac à dos devenu trop lourd sur le sol poussiéreux. Roland jouait au foot avec un caillou et cria « BUT ! » quand il l'envoya entre les deux balançoires. Il s'approcha de son petit ami et déposa un baiser sur son front délicatement, puis observa ses joues qui prirent une teinte rosée. Il trouvait ça mignon. Mais il remarquait que Vivien malgré ses sourires paraissait loin dans son esprit. Il s'accroupit en face de lui et posa son menton sur ses genoux.« À quoi tu penses ? lui demanda le blondinet. »
Vivien tourna la tête pour ne pas lui faire face et souffla.
« Et si c'était trop ? demanda le bouclé sans répondre à son interlocuteur.
- Ne me dis pas que tu es en train de me plaquer... ! s'exclama Roland en se reculant.
- Non, mais je suis perdu, tu comprends. Tu es le premier garçon pour qui j'éprouve des sentiments et ça me fait peur. J'ai peur de pas être à la hauteur ou de faire une bêtise, mais je veux rester avec toi.
- Je comprends. Mais tout avait l'air de bien aller, il s'est passé quelque chose ?! »Vivien passa une main dans ses cheveux auburn et se releva pour atteindre les balançoires et caresser les chaînes qui les soutenaient.
« Mes parents ont dit qu'ils ne supporteraient pas d'avoir un enfant comme moi... une pédale. Ils savent pas que j'aime les hommes bien sûr, mais je ne veux pas qu'ils le découvrent. Je veux attendre d'avoir un appart et les moyens de vivre seul.
- Rien ne t'oblige à leur dire, tu sais. On reste que tous les deux, rien que nous deux.
- Mais aussi, j'ai peur de tout ça, je ne sais pas vraiment qui je suis. Gay, bisexuel et si j'étais hétéro ?! »Roland lui sourit de manière rassurante et vint à lui. Il prit ses mains et planta ses pupilles dans les siennes. Puis, il murmura avec assurance et bienveillance :
« Je comprends que tu aies peur, mais laisse-moi te dire une chose. Je ne suis pas gay, ni hétéro, ni bisexuel. Je suis Roland Henryk et je suis amoureux de Vivien Luís. Et toi... sais-tu qui tu es maintenant ?
- Je suis Vivien Luís et je suis amoureux de Roland Henryk. »Voici mon poster de Arthur Rimbaud qui date vraiment des années 50, je l'ai enfin accroché dans ma chambre ! J'en suis tellement fière !
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Verlaine cherche Rimbaud
RomanceUn siècle après la mort de Verlaine, ce dernier se réincarne en un professeur d'histoire au lycée. Il cherche désespérément l'amour de son ancienne vie qui s'est aussi réincarné dans le corps d'un autre professeur du même établissement. Verlaine che...