Dernier soir en Italie

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   Roland et Vivien s'étaient assurés que les deux professeures s'étaient endormies et que rien ne pourrait les interrompre durant leur sortie en cachette. Les deux amoureux étaient main dans la main, à marcher dans les rues sombres de Vérone, les bras sentant encore la chaleur de l'Italie. Ils avaient tous deux une chemise à manches courtes, celle de Roland était bleu marine et celle de Vivien rouge bordeaux. Ce dernier n'arrêtait pas de susurrer dans le cou du professeur d'italien pour le faire rire et voir ses fossettes aux creux de ses joues. Tout allait bien pour une fois, et aucun Lucas et sa bande ne pourraient la gâcher, car cette nuit n'appartenait qu'à eux.

Ils s'arrêtèrent à un bar où une foule de personnes dansaient à l'intérieur, même avec la musique forte, l'endroit semblait chaleureux. Ils s'assirent à une table à l'extérieur, un peu éloignée des autres et se commandèrent des cocktails aux noms exotiques. Vivien jouait avec les doigts de Roland et les embrassait délicatement tandis que ce dernier lui racontait ce qu'une élève lui avait raconté dans la journée. Vivien écoutait d'une oreille et leurs boissons arrivèrent en même temps.

« Et si on allait danser ? demanda Vivien tout à coup enthousiasmé. Je suis sûr que la prochaine chanson, c'est la bonne.

- C'est-à-dire, la bonne ? Ils ne passent que de la pop d'aujourd'hui. Je ne dis pas que c'est nul, mais ce n'est pas mon genre.

- Je le sais bien, mais fais-moi confiance. Sinon, tu ressembles à un gay des années 80 avec tes Converse blanches. J'aime. »

Roland leva les yeux au ciel et termina son verre, l'alcool montant dans sa tête subitement, rendant ses joues un peu rouges.

Ce fut à cet instant que la chanson Lady, Lady, Lady résonna dans le bar, suivit de quelques exclamations. Vivien se leva précipitamment, ils devaient aller danser, c'était obligé. Et il semblait la connaître par cœur, en emmenant Roland sur la piste de danse, il tenait fermement sa main, chantant à tue tête avec quelques personnes présentes et qui la connaissaient aussi. Vivien passa ses bras autour du cou de Roland et chanta avec lui, leurs corps collés, les lèvres à quelques centimètres. La salle était bondée, les lumières tournaient, dans des couleurs bleues et rouges, le bar sentait la transpiration et le sirop de grenadine.

Lady, lady, lady, lady
I know it's in your heart to stay
Lady, lady, lady, lady
When will I ever hear you say...

Vivien se pencha pour déposer ses lèvres sur celles de Roland, se rapprochant plus de lui et murmura en même temps que le chanteur : « I love you ». Roland avait envie de pleurer, tout semblait irréel, il était en Italie, à danser sur une chanson d'amour des années 80, avec Vivien qui venait tout juste de l'embrasser, si on lui avait dit cela après ce qu'il s'était passé à la soirée de Lucas, il aurait ri et serait parti en lançant des insultes. Mais là, ce n'était plus le passé, tout était derrière, il n'y avait plus que Vivien maintenant et il savait qu'il pouvait enfin compter sur lui, qu'il ne le laisserait pas tomber, plus jamais.

***

« Comment ça, c'est fermé ? s'écria Roland.

- Tais-toi, répondit Vivien, ils ne doivent pas nous entendre.

- Tu crois qu'on perdrait notre travail ?! »

Vivien ne prit même pas la peine de répondre et l'entraîna de l'autre côté de l'hôtel, là où ils pourraient trouver un endroit où se faufiler et espérer pouvoir dormir au chaud. En faisant le tour des jardins autour du bâtiment, ils découvrirent qu'un de leurs élèves s'y promenait, il ne semblait pas les avoir vus, trop occupé à faire quelque-chose que les professeurs ne voyaient pas.

Verlaine cherche RimbaudOù les histoires vivent. Découvrez maintenant