Verlaine cherche Rimbaud

Le fameux soir, dix ans auparavant

  TW : homophobie, violence, langage très dur

La soirée battait son plein. La chanson Mr.Brightside résonnait à fond dans la grande maison, faisant bouger les murs autour des jeunes adolescents qui venaient d'avoir leur bac et criaient tellement que le toit semblait qu'il allait s'effondrer à tout moment. L'alcool coulait à flots, la moitié des invités étaient saouls, à s'époumoner, à s'embrasser, à vomir dans le jardin. Tout le monde s'amusait, même Gaëtan qui n'avait pas eu son bac, dansait avec ses amis comme si de rien n'était. Vivien et Roland criaient les paroles de la chanson, les yeux rouges par l'herbe qu'ils avaient fumé quelques minutes auparavant. Ils se prenaient par les épaules, c'était le minimum dont ils pouvaient se toucher au milieu de tous ces gens et sautaient à en avoir mal aux pieds.

It started out with a kiss, how did it end up like this ?
IT WAS ONLY A KISS !!!

La playlist enchaîna sur une chanson qu'ils ne connaissaient pas, alors dans un mouvement de tête, Vivien fit signe à son petit ami de le suivre au dehors, leur boisson en main.
Il faisait assez froid, il était minuit passé mais la soirée venait à peine de commencer. Roland fut parcouru d'un frisson dans le dos et se frotta les cuisses tout en suivant Vivien devant lui. Ce dernier dégaina un paquet de cigarettes de sa poche arrière, complètement écrasé, mais les bâtons de cancer étaient intacts. Il en passa un au futur professeur d'italien et lui alluma. La lune était haute, éclairant leurs visages. Roland indiqua du menton un buisson assez grand où ils pouvaient s'y cacher. Ils jetèrent un dernier regard pour s'assurer que personne ne les observait et se faufilèrent derrière la plante. Ils se glissèrent dans les bras de l'autre, souriants grandement.
Vivien déposa ses lèvres sur celles de Roland, elles avaient un goût de nicotine et quand il passa sa langue pour aller rencontrer la sienne, il testa l'arôme de sa boisson alcoolisée qui était encore dans sa bouche. Ils s'embrassèrent un instant, avant de s'écarter un peu et de se fixer.

« Tu pars donc à Bordeaux ?! Tu me laisses dans ce trou paumé ? demanda ironiquement Roland en mettant ses mains dans les poches du jean de futur professeur d'histoire.

- Tu sais bien que je t'hébergerai les week-ends. Fais pas la tête.

- Mais je comprends pas pourquoi tu dois aller si loin ! Je vais bien en prépa à Toulouse... viens avec moi.

- Roland... tu le sais, je me vois pas aller en prépa et... c'est mon père qui veut que je me casse de la maison. T'sais qu'il m'aime pas trop.

- Je m'en fous, reste avec moi !

- On a encore tout l'été, susurra Vivien. Je ne te laisse pas tomber. On se reverra souvent.

- Tu va rencontrer un bourgeois Bordelais, t'auras même plus besoin de travailler.

- Qu'est-ce que tu racontes ?! Et toi tu vas rencontrer un petit coincé en prépa que tu vas appeler Apollinaire ! 

- Arrête, tu me prends pas au sérieux.

- Mais c'est toi, Roland, tu dis que de la merde ! Pourquoi je te remplacerai avec un bordelais ?! Je suis même pas à Bordeaux encore !

- Tu fais chier, rechigna Roland en se retournant et croisant les bras. »

Vivien leva les yeux au ciel et passa ses bras autour du corps de Roland, posant son menton sur son épaule. Il sentait la fumée, la sueur et son eau de Cologne préférée. Il déposa une lignée de baisers dans son cou, le faisant renverser la tête en arrière et coupant un peu sa respiration. La main droite de Vivien se glissa sous son tee-shirt, sa peau était chaude, douce. Ils s'embrassaient tandis que le brun commençait à défaire la braguette du blond qui avait passé ses bras dans sa nuque, haletant.