NOX - Mers Sombres [T1] [Terminé]

Chapitre 37

Deux semaines passèrent. Deux semaines qui me semblèrent interminables. Je me remettais peu à peu de cette séparation si soudaine avec Lilia et Zaxary. Au début, je pleurais chaque soir, consolée par les bras de mon pirate préféré, ensuite, les larmes s'étaient peu à peu taries, mais la tristesse avait toujours été là. 

Ce petit vide qui rongeait votre coeur lorsque vous perdiez un proche. C'était exactement ça. Ce poids que je traînais tous les jours. Je pensais qu'il serait impossible de m'en débarrasser ou même de l'alléger un tant soit peu, mais c'était sans compter l'aide précieuse et bienvenue de Killian. Oui, sur ce coup là, le prince des mers avait été un vrai ange. Il avait commencé par me fournir de l'énergie au travers de notre lien si précieux, puis, lorsqu'il avait décidé que c'en était assez au bout de deux misérables jours, il m'avait tirée hors du lit et il avait repris mes entraînements. Petit à petit, mon esprit avait fait le vide, et rapidement, je m'étais sentie capable de revoir mes amis sans ressembler à nouveau à un zombie.

Pendant quelques jours, je n'avais presque rien mangé et la fatigue avait légèrement creusée mes joues, et lorsque j'étais retournée à la civilisation, Killian ne m'avait pas lâché d'une semelle pendant un seul instant, prêt à me protéger d'un quelconque idiot qui m'embêterais ou qui me ferait la cour. Ce petit mélange d'inquiétude et de jalousie m'avait fait bien rire et le fait d'avoir retrouvé le pirate pour de bon cette fois-ci était une des raisons de mon rétablissement. Le prince des mers m'avait fait découvrir les bonheurs du monde terrestre de Nébularia.

J'avais ainsi découvert la fraîcheur des fruits locaux, l'odeur envoûtante des parfums de ceux des terres neutres et la joie de vivre des habitants du village de la forteresse. La nuit, nous nous échappions des murs de pierres du château pour nous réfugier près des villageois qui ne connaissaient pas tous notre visage. Les fous rires s'enchaînaient, alors que je défiais secrètement l'ordre de Thalion qui nous avait demandé de ne pas sortir la nuit.

Je ne doutais pas un seul instant que ses espions l'avaient déjà prévenu, mais il devait sûrement comprendre que c'était notre moyen d'évacuer la tension qui s'accumulait au fil des jours. 

On ne voyait toujours pas le ventre de Maya, mais celle-ci se remettait lentement de la mort de son incaritate. Quand je m'étais moi-même remise de la séparation avec mes amis, j'avais pris en main la situation de notre guérisseuse et je l'avais forcée à manger et à sortir un peu de son travail. Nous avions longuement parlé et cette soirée là, il y avait eu beaucoup de larmes, de sanglots et d'embrassades, mais elle semblait avoir fait son deuil, même si je me doutais que le voile sombre qui couvrait à présent son regard ne partirait jamais réellement, un peu comme le vide dans mon coeur que j'ignorais si bien que mal. 

J'avais finalement pleinement compris de quoi se traitait réellement le lien que Zaxary et moi partagions, et si je n'avais pas senti cette douleur plus tôt, lorsqu'il n'appartenait pas encore à l'équipage du fantôme des mers, c'est parce qu'au fond, je savais que je le reverrais, mais avec ce qu'on m'avait compté sur les terres exilées, mon espoir était minuscule. Je ne reverrais plus mon meilleur ami.

J'avais ainsi entamé une longue recherche du bijou qu'il m'avait initialement offert pour que nous communiquions, mais lorsque j'avais tenté de l'activer, il était devenu évident que les terres exilées étaient un endroit coupé du monde.

Tous les jours, je voyais Sabrina et nous passions presque deux heures ensemble, avant que sa surveillante ne vienne à la charge. Ma cousine semblait détester les robes. Elle les haïssait tellement qu'on m'avait rapporté que la fillette en avait brûlée une "malencontrueusement". J'avais bien ricané. J'avais peut-être eut ma part à jouer dans ce malheureux feu et c'était un secret que nous gardions entre nous. Par contre, je ne m'étais pas empêchée d'aller voir la superviseuse des enfants et de lui faire gentiment comprendre que si on forçait encore Sabrina à mettre des robes, certaines choses finiraient en cendres.